Justice

Procès assassinat Thomas Sankara : « Hyacinthe Kafando était méchant », dixit l’accusé Idrissa Sawadogo

Après qu’il ait rendu un témoignage complètement différent de celui de Yamba Elysée Ilboudo qui l’accuse d’avoir participé au commando qui a assassiné le président Thomas Sankara, Idrissa Sawadogo autrefois membre de la sécurité rapproché de Blaise Compaoré a été interrogé par le président de la chambre de première instance du tribunal militaire de Ouagagougou, Urbain Méda.

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« Vous dites que vers 18h30 vous êtes reparti au Conseil. Vous n’avez pas cherché à savoir à quoi était dû les tirs ? »

« Non j’ai pris mon poste », a répondu l’accusé qui dit avoir rencontré son collègue Tondé Tanegma, aujourd’hui décédé. « Avez-vous vu Hyacinthe Kafando au domicile de Blaise Compaoré ? » A cette question, il répondra : « Non, car je l’ai laissé au Conseil en partant. De plus, je ne suis pas rentré, je suis resté au niveau du poste. Je n’ai vu personne venir chez le patron sauf si les gens sont passés par l’autre poste qui s’appelait delta sud ».

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Lorsque le parquet militaire a pris la parole, bombardant l’accusé de questions, celui-ci a eu du mal à garder son calme. Il dira plus tard que c’est en fait sa façon d’être et qu’il n’est pas sur les nerfs. Le moins que l’on puisse dire, c’est que celui qui ne sait ni lire ni écrire avait du mal à comprendre le langage du ministère public si bien que le président du tribunal a dû, à plusieurs reprises, éclaircir certaines phrases pour ce dernier qui a déclaré avoir su par la télévision, alors qu’il était à son poste, qu’il y a eu un coup d’Etat dans le pays. En dehors de cela, il a insisté sur le fait que tout était normal lorsqu’il est reparti au Conseil ce jour-là. Face à son entêtement à vouloir nier la « vérité », le parquet lui a rappelé que des témoins, et même l’accusé Yamba Elysée Ilboudo, l’ont vu dans le commando qui a assassiné le leader de la révolution burkinabè et que par la suite, il a été aperçu en train d’accompagner le lieutenant Traoré Omar pour la lecture de la déclaration du Front populaire. « Elysée est malade, il n’est pas normal », a-t-il répondu.

Après une suspension de dix minutes, la parole a été donnée aux avocats de la partie civile dont Me Prosper Farama qui a pris du temps pour vérifier certains aspects du témoignage de l’accusé. En effet, à celui-ci il avait été demandé s’il a cherché à comprendre pourquoi Hyacinthe l’a envoyé renforcer la garde du capitaine Blaise Compaoré. Et plusieurs fois, il a eu à demander à ceux qui lui posaient la question : « Vous connaissez Hyacinthe Kafando ? On ne discute pas les ordres ». Pour lui, ç’aurait été mettre sa vie en danger car « l’homme était méchant ».

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Après cet aveu, Me Farama a voulu comprendre pourquoi, connaissant la nature de son supérieur hiérarchique, Idrissa Sawadogo a pris le risque de déserter son poste pour aller voir sa maman, pourquoi il ne s’est pas présenté au chef de poste lorsqu’il a pris la garde chez Blaise Compaoré et pourquoi il est retourné au Conseil sans que son chef ne lui en ait donné l’ordre. A toutes ces questions, celui qui a pris sa retraite en 2009 a simplement dit que c’était des erreurs de sa part. Pareil lorsqu’il a fait savoir qu’il est retourné au Conseil sans prendre de disposition particulière alors qu’il y avait eu des coups de feu. Pour Me Farama, c’est plutôt difficile à accepter de la part d’un commando, qui, de surcroit, a reçu une formation spéciale à Cuba.

Zalissa Soré

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