Justice

15 octobre 1987 : un chef d’opérations nommé Hyacinthe Kafando

Le procès de l’assassinat de Thomas Sankara a repris ce lundi 25 octobre 2021. Après la validation de la liste de la centaine de témoins et l’accord pour l’audition par visioconférence de ceux vivant à l’étranger, l’audience est allée de l’avant avec la lecture de l’arrêt de renvoi de la chambre de contrôle de l’instruction du tribunal militaire de Ouagadougou. Ce document présente Hyacinthe Kafando, l’ex-chef de la sécurité rapprochée de Blaise Compaoré comme le patron des opérations du 15 octobre 1987.

Hyacinthe Kafando aurait dirigé les opérations du coup d’Etat du 15 octobre 19987

La lecture de l’arrêt de renvoi a tenu en haleine le public durant un peu plus de trois heures. Nourri par les travaux du juge d’instruction, ce document présente l’identité des inculpés, leurs situations matrimoniale et professionnelle au moment des faits, les actes répréhensibles que les uns et les autres ont pu poser et les qualifications juridiques des infractions qui en découlent. Dans ce sens, il est important que toutes les parties suivent avec la plus grande attention la lecture de l’arrêt de renvoi faite par le greffier en chef.

Au cours de cette lecture, les accusés mais aussi ceux qui ont connu cette période ont pu se remémorer les évènements fatidiques du 15 octobre 1987. A la lumière de cette lecture, pour ceux qui n’étaient pas au parfum des choses, le déroulé des évènements se dévoile. Ainsi il apparait que c’est du domicile de Blaise Compaoré que le commando, constitué de sa garde rapprochée, serait parti pour perpétrer le coup. Et Hyacinthe Kafando, l’ex-chef de la sécurité rapprochée de Blaise Compaoré apparait comme le chef des opérations en cet après-midi du 15 octobre. Une responsabilité corroborée par divers témoignages recueillis par le magistrat instructeur. L’ancien conducteur de Blaise Compaoré, au moment des faits, et même après, Amidou Maïga, était au volant de la voiture personnelle de son patron avec Hyacinthe Kafando comme chef de bord. Le commando aurait utilisé les fusils AK-47, des G3, des pistolets semi-automatiques et des pistolets mitrailleurs. Ces éléments ont été confirmés par les expertises balistiques menées sur les restes des 13 victimes exhumées à la nécropole de Dag-noën.

L’audience reprendra ce mardi 26 octobre avec l’audition de l’ex-soldat de rang, Yamba Elysée Ilboudo

C’est dans un silence de cathédrale, marqué par des hochements de tête de certains et de murmures de stupéfaction chez d’autres que cette longue lecture d l’arrêt de renvoi a eu lieu. Après quoi, les avocats de la défense ont présenté des requêtes pour la mise en liberté provisoire de leurs clients. Ils ont motivé ces requêtes en invoquant l’argument de l’âge avancé pour certains  accusés, de la santé pour d’autres, la nécessité pour d’autres encore de mener de petits boulots pour joindre les deux bouts mais surtout la garantie de la représentation.

Si le ces arguments ont fait mouche auprès du parquet militaire, ils ont été comme de l’eau sur la plume d’un canard pour les avocats de la de la partie civile. En effet, Me Prosper Farama et ses confrères les ont balayés du revers de la main. « On nous dit que les accusés veulent s’occuper de leurs familles. Mais on aurait voulu que nos parents soient là à s’occuper aussi de leurs familles. On nous parle d’âge avancé. Certaines victimes auraient voulu avoir au moins 50 ans de vie », a argué Me Farama pour prendre le contrepied de ses contradicteurs. L’avocat de la partie civile a par ailleurs souligné un risque de subordination de témoins si toutefois le tribunal venait à accéder à la requête de la défense. Mais celle-ci est revenue à la charge. Me Ollo Larousse a fait savoir que tous les accusés qui demandent aujourd’hui la liberté provisoire en ont déjà bénéficié de par le passé mais n’ont pas fui ».

A noter que l’audience reprend dans la matinée du mardi 26 octobre à partir de 9 heures à la Salle des banquets de Ouaga 2000 avec la diffusion de pièces sonores. Passée cette étape interviendra le début de l’audition des accusés avec Yamba Elysée Ilboudo, ex-soldat de rang qui servait au Centre national d’entraînement commando (CNEC) de Pô au moment des faits et qui est inculpé d’attentat à la sûreté de l’Etat, d’assassinat et de recel de cadavres. Cette première journée d’audition se terminera avec la décision du tribunal sur les requêtes de liberté provisoires formulées par les avocats de la défense.

Bernard Kaboré

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