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Assassinat Thomas Sankara « Dans une lettre, Blaise a dit que c’est ce qui arrive à ceux qui s’en prennent aux vieillards », (Salif Diallo)

Après une suspension de quelques jours, le procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et douze de ses compagnons a repris ce 10 janvier avec l’audition par vision conférence des témoins hors du Burkina. Suite à la déposition d’un des témoins, Aziz Fall, les procès-verbaux d’audition de feu Salifo Diallo ont été lus par le greffier à la demande d’un avocat  de la partie civile. Dans ces PV, le défunt chef de cabinet de Blaise Compaoré dit avoir acheminé de la part de ce dernier une lettre confidentielle dans laquelle il est mentionné à propos du coup d’Etat ‘’C’est ce qui arrive à ceux qui s’en prennent au vieillard ».

Blaise Compaoré

Ce fut d’abord une recommandation expresse du témoin, Aziz Fall, étonné que les PV d’audition de feu Salifo Diallo n’aient pas été lus au cours de ce procès, chose qui aurait permis de mieux appréhender, lui,  son témoignage. Puis, Me Prosper Farama a formulé une requête à l’endroit du président de la Chambre, Urbain Méda, qui n’y a pas trouvé d’objection.

Devant le juge d’instruction, Salif Diallo s’est présenté comme étant le chef de cabinet de Blaise Compaoré en octobre  1987, ce dernier étant alors ministre de la Justice de Thomas Sankara.  Interrogé sur ce qu’il sait des évènements du 15 octobre 87 qui ont coûté la vie au patron du CNR et à douze de ses compagnons, Salif Diallo a entamé sa déposition par une mission effectuée avec le chef de l’Etat à Addis Abeba quelques jours avant les faits, précisément du 23 au 26 septembre 1987. Lors de cette mission, Thomas Sankara aurait demandé à Salif Diallo de rédiger un document en trois points dont une réorganisation de la structure du Conseil national de la Révolution.

De retour au pays, Salif Diallo dit avoir rédigé en 7 pages le document à lui demandé et l’avoir soumis au chef de l’Etat le 4 octobre qui l’a amendé. Puis une copie remise à Blaise Compaoré pour amendement, le document devait faire l’objet de discussion le 15 octobre 1987 à la réunion de 16 heures. Il s’est alors rendu au domicile de Blaise Compaoré peu avant 16 heures, le 15 octobre 1987, pour l’amendement de ce document par ce dernier qui était souffrant et avait signalé son absence à la réunion. Ainsi, les coups de feux au Conseil auraient débuté pendant que Blaise Compaoré et son directeur de cabinet procédaient à l’amendement du document, à la page 3, selon les précisions de Salif Diallo.

Au juge d’instruction, feu Salif Diallo a déclaré avoir été envoyé par son patron administratif au domicile de Grabriel Tamini avec qui il s’est rendu à la radio nationale où a été lu le communiqué sur le coup d’Etat. Alors que des témoignages font état de ce que le chef de cabinet du ministre de la Justice d’alors serait apparu à la radio avec une arme à feu, Salif Diallo aurait réfuté cela pendant l’instruction.

Sur interpellation-réponse, Salif Diallo aurait déclaré n’avoir pas imaginé ce qui arrivait au Conseil de l’entente, malgré les rumeurs de dissensions qui couraient depuis quelques jours avant cette date.

Quid des éléments déclencheurs du coup d’Etat d’octobre 87 ? Selon les PV lus par le greffier, feu Salif Diallo a cru, jusqu’en 1988, à la version servie par Blaise Compaoré et selon laquelle l’assaut a été perpétré par des éléments incontrôlés. « Un jour, Blaise Compaoré m’a remis une lettre que je devais transmettre à un chef d’Etat. Avant de me remettre cette lettre, il l’a ouvert et l’a lu en disant : « c’est ce qui arrive à ceux qui s’en prennent aux vieillards, il reste le bâtard d’Accra », aurait déclaré Salif Diallo, citant Blaise Compaoré. Me Prosper Farama de la partie civile déduit que par ‘’vieillards’’ ici, l’allusion est faite au président ivoirien d’alors, Houphouët Boigny qui n’était pas en odeur de sainteté avec le leader de la Révolution burkinabè. Par ailleurs, le « bâtard d’Accra » ferait référence au président ghanéen, John Rawlings.

Bernard Kaboré

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