Tribune

´Ambassadeur Luc Hallade : « Les réseaux sociaux, ces idiots utiles, nous accusent d’armer les terroristes »

A l’occasion de la fête d’indépendance de la France célébrée le 14 juillet, son ambassadeur au Burkina, Luc Hallade, a tenu ce discours. Devant un parterre d’invités, le diplomate a livré un message d’espoir, de respect, de tolérance, et de préservation de l’avenir. Parlant de la lutte contre le terrorisme, il a réaffirmé le soutien de son pays au Burkina et aux pays du Sahel, contrairement à ce qui se raconte sur la toile. Lisez plutôt :

nous vous à titre documentaires.

MM. Les présidents d’institutions,

MM. Les ministres d’Etat,

Mmes et MM. les ministres,

M. le CEMGA,

MM les directeurs généraux, officiers généraux, supérieurs et hauts magistrats

Mmes et MM. les ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques, chers collègues,

MM. les chefs coutumiers et religieux,

Mme la conseillère des Français de l’Etranger,

Chers compatriotes,

Chers invités,

Après deux années de pandémie de Covid, nous avons enfin, de nouveau, la joie de vous accueillir en grand nombre à l’occasion de notre fête nationale.

Mon épouse et moi-même vous remercions de nous faire l’honneur et l’amitié de votre présence ce soir.

L’ambassadeur Luc Hallade pendant son discours du 14 juillet à Ouaga.

Ces derniers mois ont été marqués par de nombreux bouleversements tant sur le plan national, qu’international. Des changements majeurs qui m’incitent à partager avec vous trois messages.

  1. Le premier de ces messages, est celui de l’espoir. Il est difficile de garder l’espoir lorsque les événements semblent au quotidien vouloir l’annihiler. Paul Valéry a dit avec une grande justesse : «L’espoir voit un défaut dans la cuirasse des choses. »

Lorsque nous regardons le présent en face, nous ne pouvons nous empêcher de reconnaître qu’il est préoccupant. Crise sécuritaire, crise humanitaire, crise alimentaire ; le Burkina Faso traverse une période sombre de son histoire, comme cela arrive dans l’histoire de toutes les nations. Pourtant notre espoir commun, Burkinabè et étrangers vivant dans ce pays, c’est que ce grand peuple, cette grande nation surmontent les difficultés du moment. Personnellement, je n’ai pas de doute. Ce pays qui a affronté avec succès bien des défis, sera cette fois-ci encore à même, j’en suis persuadé, de résister aux forces obscures qui luttent, parfois dans l’ombre, parfois à visage découvert, pour le faire sombrer. Gardons une confiance ferme dans la résilience de la nation et du peuple burkinabè et dans sa capacité à redéfinir, à éclairer son avenir en dépit de l’adversité. C’est là que se situe l’espoir dans la cuirasse des choses dont parle Paul Valéry.   

La guerre qui a été déclarée aux fils et filles de ce pays est, comme la plupart des guerres, une guerre injuste. Ceux qui prétendent se battre au nom d’une idéologie religieuse en massacrant leurs frères, leurs sœurs, leurs parents, soit ont été conditionnés par d’habiles manipulateurs, soit ont choisi de prendre les armes pour résoudre des conflits ou exercer des vengeances qui, quels que soient leur origine, ne justifient pas qu’on tue pour cela.

Cette guerre injuste, ce combat asymétrique et obscurantiste, il faut qu’ils le sachent : ils les perdront.

La France, comme d’autres partenaires, se tient aux côtés des autorités et des FDS burkinabè dans cette lutte contre le terrorisme, car nous sommes attachés à la souveraineté et à la stabilité du Burkina Faso.

Je regrette que les réseaux sociaux soient devenus à bien des égards les « idiots utiles », la caisse de résonnance de ceux et celles qui, aveuglés par une haine absurde, nous accusent, sans preuve aucune, de jouer un double jeu, de vouloir exploiter les richesses du Burkina Faso, ou pire encore d’armer les terroristes. Je veux le dire clairement ce soir : ce sont ces personnes abritées derrière un écran d’ordinateur qui contribuent par leurs outrances, leur virulence, leurs vitupérations, à la déstabilisation de ce pays. Je sais que le peuple burkinabè et sa jeunesse ne sont plus dupes de ce qui est désormais convenu d’appeler le prurit numérique. Un prurit financé par quelques officines ayant grand intérêt à voir la région du Sahel demeurer dans l’instabilité. 

La France est ainsi résolument engagée aux côtés des autorités, des FDS et des FSI burkinabè pour leur apporter toute l’assistance requise, en toute transparence et dans le respect de la souveraineté du Faso.

La France est également résolument engagée aux côtés du peuple burkinabè pour soutenir l’aide humanitaire aux populations, le développement des villes et des campagnes.

2. Le deuxième message, c’est celui du respect et de la tolérance. Ce sont des vertus qui font partie du patrimoine culturel de la nation burkinabè et qu’il convient de préserver voire de restaurer.

Je salue à cet égard les efforts menés par le gouvernement de Transition pour la cohésion sociale et la réconciliation nationale, à la base comme au sommet. Ces efforts sont encourageants et nous sommes prêts, sans interférer dans les décisions et orientations prises, à les accompagner dans la mesure de nos moyens et en répondant aux demandes que pourraient formuler en ce sens les autorités nationales.

Il faut, et nous pouvons y aider et nous le faisons déjà à travers différents projets, améliorer l’insertion des jeunes sur le marché du travail, favoriser l’autonomisation des femmes et renforcer la qualité des services rendus à la population, notamment dans le secteur social : santé et éducation, filets sociaux, activités génératrices de revenus, entre autres.

Nous n’avons, ni la vocation, ni la capacité à retisser les fils de la cohésion sociale, mais nous pouvons, avec et aux côtés d’autres partenaires, accompagner les efforts menés en ce sens.

Nous avons une forte communauté française, pour une bonne part d’ailleurs franco-burkinabè, installée au Burkina Faso, qui y vit, qui y travaille et qui est attachée à cette terre, sur laquelle beaucoup ont décidé de vivre depuis et pour longtemps. Je voudrais la saluer ce soir et lui adresser un message d’espoir voire de réconfort. Les temps sont difficiles pour tous. Burkinabè ou étrangers accueillis sur le sol burkinabè.

Nous tenons à cette richesse humaine que vous représentez, à ces liens qui vous et nous unissent au peuple burkinabè et qui constituent un élément fondamental de la relation particulière qui unit nos deux peuples.

Au côté des autorités burkinabè, que je remercie des efforts qu’elles mènent en ce sens, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour préserver ces liens, assurer votre sécurité et vous permettre de vivre en paix dans un pays à la stabilité retrouvée.

Cultivez cette relation avec nos frères et sœurs burkinabè. C’est le meilleur terreau pour une compréhension et une acceptation mutuelles et pour lutter contre la désinformation et les manipulations qui polluent les réseaux sociaux. C’est sur vous, autant voire plus que sur l’ambassade et ses personnels, que repose l’avenir de nos relations bilatérales. Sentez-vous investis d’une mission : celle de représenter dignement la France et de donner d’elle une image positive et de générosité, quelles que soient vos activités, vos opinions politiques, vos orientations religieuses ou autres.

3. Le troisième message que je souhaite partager avec vous ce soir, c’est celui de préserver l’avenir.

Au-delà du Burkina Faso, au-delà du Sahel, en proie à de graves crises existentielles, c’est notre planète qui est en danger.

Danger lié aux guerres, et je pense bien sûr à celle qui ravage l’Ukraine actuellement, encore une guerre injuste et destructrice, mais aussi à celles menées au Sahel ou ailleurs en Afrique, qui pénalisent son développement. Je pense aussi au changement climatique, à la raréfaction des ressources, à l’appauvrissement des sols, au manque d’eau, etc.

Nous devons, quelles que soient les circonstances du moment, penser à préparer l’avenir. Préparer l’avenir, c’est assurer la préservation des ressources en eau, c’est lutter contre la déforestation et la dégradation des sols, c’est développer l’agro-écologie, c’est assurer un développement urbain maîtrisé et le maintien des équilibres ville-campagne.

C’est un combat de long terme, mais qui doit commencer dès aujourd’hui. C’est pourquoi la coopération française, à travers son opérateur-pivot l’AFD, a décidé de faire sienne  les priorités fixées par le gouvernement, notamment :

  • Assurer une meilleure gestion de l’eau et de l’assainissement (réf. à Bobo)
  • Développer les énergies renouvelables (centrales solaires, Zagtouli, Yeleen)
  • Renforcer la capacité des villes, principales mais aussi secondaires, à délivrer des services aux populations, à gérer leur développement (trames urbaines, aménagement des voiries et de marchés, gares routières…)
  • Lutter contre la désertification : grande muraille verte, mais aussi agro-écologie, sujets sur lesquels travaillent nos instituts de recherche présents de longue date au Burkina Faso : IRD et CIRAD
  • Appuyer les organisations paysannes et le développement de filières intégrées, notamment autour du coton.

Vaste chantier me direz-vous, mais heureusement nous ne sommes pas seuls et de nombreux bailleurs partagent les mêmes priorités et coordonnent leurs actions, particulièrement dans le cadre de l’Alliance Sahel.

Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement, vous l’aurez compris et vous le savez d’ailleurs déjà : nous sommes à vos côtés pour répondre aux défis du moment, mais aussi à ceux de l’avenir, car nous sommes convaincus que le Burkina Faso, demain comme aujourd’hui, restera debout et sera un partenaire essentiel pour la France en Afrique de l’Ouest.

Nous croyons en l’avenir de votre nation.

A vous de fixer les priorités. Nous adapterons nos outils et nos interventions en conséquence.

Pour terminer, je souhaite tous vous remercier de nouveau d’avoir accepté notre invitation à venir célébrer notre fête nationale dans cette belle résidence de France.

Mes remerciements vont également à Mme Chloé Meistermann, l’intendante et à toute l’équipe de la résidence pour avoir préparé avec ardeur et professionnalisme ce 14 juillet.

Remerciements particuliers aussi au personnel de l’ambassade, toutes catégories confondues, qui s’est mobilisé pour aider à la préparation et au bon déroulement de cette réception, avec une mention particulière pour nos deux secrétaires à la Chancellerie diplomatique, Martine Aricci et Delcy Soares, ainsi qu’à Xavier Corgnet notre intendant technique.

Merci à tous les prestataires et fournisseurs grâce auxquels vous aurez un buffet de grande qualité, agrémenté de boissons pas toutes hygiéniques.

Merci enfin à tous les sponsors, et ils sont nombreux, qui ont accepté de soutenir financièrement ou matériellement ce 14 juillet. Nous ne les avions pas sollicités ces deux dernières années pour cause de Covid ayant restreint le volume d’invités. Ils ont répondu présents cette année et je les en remercie très sincèrement ; car sans eux, il n’y aurait tout simplement pas de réception aujourd’hui. Je voudrais les citer devant vous. Pour certains leur présence se manifeste dans les jardins de la résidence. N’hésitez pas à visiter leurs stands et expositions.

Une mention spéciale à tous les artistes, femmes et hommes de culture ou sportifs présents ce soir (mention de la pétanque et du rugby).

Je vous remercie de votre attention.

Vive le Burkina Faso, vive la France et vive l’amitié et la coopération entre la France et le Burkina Faso.

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