ActualitésJustice

Procès Thomas Sankara : quand la suspension de la Constitution fait interrompre l’audience

Les parties civiles n’ont pas plaidé ce 31 janvier 2022 comme prévu.  La raison, elles ont obtenu du tribunal une suspension de l’audience pour « une bonne administration de la justice ». Les travaux reprendront à la salle des Banquets une fois que la Constitution burkinabè sera rétablie, a indiqué le président de la chambre de première instance du tribunal militaire, le juge Urbain Méda.

Pour les parties civiles, il n’est pas question de rendre une décision expéditive dans le procès Sankara(en image)

Après trois semaines de suspension, l’audience relative au procès Sankara a repris son cours  au matin du 31 janvier 2022 à la Salle des Banquets de Ouaga 2000.  Conformément au programme établit, les avocats des parties civiles avaient la parole pour plaider. Et Me Prosper Farama  fut le premier à se jeter à l’eau. Mais à la surprise générale, l’avocat  entend plutôt soumettre au tribunal des inquiétudes. Bien que la reprise du procès Sankara et autres soit un soulagement pour lui et ses confrères de la partie civile,  Me Farama dit craindre pour la suite de cette affaire. Cela, vue la suspension de la Constitution, proclamée par le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) », dira Me Farama. D’où sa requête sur la base de l’article 121 du Code de Justice militaire, à la chambre de première instance du tribunal militaire, de suspendre l’audience en attendant que la loi fondamentale soit rétablie. Pour Me Prosper Farama, la requête des parties civiles répond au principe de précaution mais aussi permettrait de garantir la crédibilité de la décision de la chambre à la fin du procès.

 C’est le même son de cloche qui sera entendu chez  sa collègue Anta Guissé. Pour elle, personne ne sortira grandit  si la requête relative à la suspension de l’audience n’est pas acceptée. Mais c’est aussi prendre selon elle, le risque  qu’une procédure qui a été menée dans les règles de l’art soit entachée d’irrégularités quand on sait que l’affaire tire à sa fin.  De ce fait, il faut à ses yeux éviter que le verdict du tribunal soit vu avec un œil de suspicion.

Me Ferdinand Nzépa, également de la partie civile, la suspension de l’audience  en attendant que la situation se clarifie, est la plus sage des choses à faire.  Et à son collègue, Me  Séraphin Somé de conclure que le plus important au finish c’est d’avoir au terme du procès Sankara, une décision de justice  efficace et non expéditive.

Egalement partie prenante dans cette affaire, l’agent judiciaire de l’Etat partage les mêmes inquiétudes que les avocats de la partie civile  tandis que le parquet pense qu’il n’y a pas lieu de suspendre et accuser du retard pour rien. Pour la procureure militaire, si d’aventure une des parties venait à ne pas être d’accord avec le verdict, les voies de recours lui sont ouvertes selon elle.

Les débats ont été clos par la décision de la chambre laquelle était d’ailleurs en faveur des parties civiles. En Clair, la chambre a suspendu l’audience  pour une bonne administration de la justice.  

Quand aux avocats de la défense, les avis sont partagés entre les différents conseils.  Au nom de la première tendance qui se veut, d’après Me Mamadou Sombié, la partie majoritaire, il appartient au tribunal de statuer sur ce que de droit.  En tant que tête de proue de la seconde tendance au sein de la défense, Me Ollo  L. Hien  pense qu’il ne sied pas de suspendre l’audience car  c’est l’impartialité de la chambre qui est mise en cause  et de plus, une Constitution suspendue ne rend pas caduc les lois de la république sans compter que la justice est selon lui,  rendue  au nom du peuple et non pas au nom de la Constitution.  

Roukiétou Soma

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page