Santé

Patient diabétique : A 62 ans, Bernard pourtant pète la forme

Il est vrai qu’on ne guérit pas du diabète mais en suivant correctement le traitement et le régime recommandés par les spécialistes, il est possible de vivre longtemps sans complications. Le bon état de forme de certains patients en est une preuve… vivante.

Autrefois qualifié de maladie de riche, le diabète semble avoir réussi à déjouer tous les pronostics. En effet, de nos jours, les spécialistes s’accordent pour dire que cette pathologie, caractérisée par une hyperglycémie chronique, n’épargne plus aucune couche sociale.

Les acteurs de la lutte contre le diabète veulent mettre l’accent sur la prévention

« Maladie de riche ? Ça c’était avant. De nos jours, les produits de mauvaise qualité sont devenus moins cher si bien qu’il est plus coûteux d’avoir une alimentation équilibrée. Ce sont donc les plus défavorisés qui sont désormais les plus touchés », s’est indignée Dr Marie Emmanuelle Zouré, directrice de la prévention et du contrôle des maladies non transmissibles.Et compte tenu des graves complications (cécité, insuffisance rénale, maladies cardio-vasculaires et amputation) dont la prise en charge n’est pas toujours à portée de main (en termes de coût), la nécessité d’adopter une bonne hygiène de vie n’est plus à démontrer, selon le chef de projet prévention Santé diabète, Inoussa Sawadogo, qui a fait de ce combat son cheval de bataille. Il conseille également de faire annuellement le test de la glycémie qui permet de détecter rapidement la maladie.

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Le traitement se fait à vie et il s’agit, selon le type de diabète, d’antidiabétiques oraux et d’injection d’insuline. « On n’en guérit pas mais avec un suivi régulier, on peut équilibrer la glycémie », a souligné Dr Marie Madeleine Rouamba, médecin interniste au CHU de Bogodogo.

Bernard Ouédraogo parle de son régime alimentaire

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Mais qui mieux que Bernard Ouédraogo pour confirmer ces propos. Agé de 62 ans, il pète encore la forme malgré la maladie. Dépisté il y a de cela 7 ans, il suit, selon lui, son traitement et son régime à la lettre. « Ma chance c’est que je connaissais déjà très bien la maladie car j’ai travaillé pendant près de 20 ans avec les acteurs de lutte contre le diabète. J’ai même participé à une formation en 95 en Europe. Dès que j’ai senti les dysfonctionnements, j’ai fait le test », a expliqué le sexagénaire avec un visage lumineux.

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Tout de suite, il a revu son alimentation surtout qu’il avait arrêté la pratique du sport. « J’ai donc repris l’activité physique et j’ai un appareil pour le contrôle », a-t-il soutenu. Aujourd’hui, notre interlocuteur dit avoir une vie normale.

C’était aussi le cas pour Hamidou Sawadogo. Nous l’avons rencontré au quartier Tanghin de Ouagadougou où il réside. A 80 ans et plus, celui-ci a fini par se laisser aller car, après 30 ans de cohabitation avec le diabète, il commence à développer, au niveau des pieds une baisse de sensibilité et il ne perçoit plus les blessures et autres anomalies.

Si le diabète n’est pas dépisté ou mal contrôlé, le malade court le risque d’être amputé, entre autres

« Il ne suit plus correctement son régime et il refuse d’aller voir un médecin. Il s’est mis à consommer les sucreries », nous a lancé son épouse, Mariam Sawadogo, l’air agacé. Mais en écoutant son époux, elle a fini par s’adoucir. « 30 ans, ce n’est pas 30 jours. En plus je souffrais déjà d’hypertension avant d’être dépisté diabétique. Je dois faire des piqûres d’insuline deux fois par jour et je prends des comprimés pour les deux pathologies. Par mois, je dépense près de 30 000 f cfa pour les produits », a-t-il déclaré avant que sa femme n’ajoute : « Je me rappelle qu’à l’époque, il est tombé très malade. Il buvait beaucoup et allait fréquemment aux toilettes. Comme j’écoutais beaucoup les émissions sur le diabète à la radio, je lui ai conseillé d’aller voir un spécialiste et c’est comme ça qu’on a découvert le mal ». Elle dit avoir tout essayé pour lui faire entendre raison mais le vieillard pourtant très fortuné n’accepte qu’une seule injection sur les deux prescrites. Son épouse rappelle qu’il a eu ce même comportement en 2002, ce qui lui a valu plusieurs jours d’hospitalisation.

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Voilà autant de raisons qui poussent les médecins à attirer l’attention de la population sur le prévention et sur la nécessité de voir un agent de santé dès que vous ressentez une envie fréquente de boire, d’uriner, de manger à tout bout de champ et si vous constatez un amaigrissement avec une baisse de l’acuité visuelle, une fatigue inexpliquée et des plaies qui tardent à guérir.

Lobs numérique · Du traitement du diabète

Et les acteurs de la lutte profitent de la Journée mondiale du diabète (JMD) célébrée le 14 novembre depuis 2006 pour mener la sensibilisation à travers plusieurs activités. Cette année, la commémoration aura lieu courant décembre à Banfora sous le thème « le personnel infirmier et le diabète » car cette catégorie d’agents de santé «  jouent un rôle crucial dans le soutien des patients ».

Tout savoir sur le diabète
Le Dr Marie Emmanuelle Zouré, directrice de la prévention et du contrôle des maladies non transmissibles, le Dr Marie Madeleine Rouamba, médecin interniste au CHU de Bogodogo, et le chef de projet prévention Santé diabète, Inoussa Sawadogo, ont apporté des réponses précises aux questions en lien avec le diabète. Voici un bref résumé des échanges.
Qu’est-ce que le diabète ?
C’est une maladie non transmissible caractérisée par une hyperglycémie chronique en lien avec une production insuffisante d’insuline par le pancréas et/ou une utilisation incorrecte par l’organisme de l’insuline produit. Autrement dit, quand on a le diabète, l’organisme n’arrive plus à utiliser correctement le sucre comme source d’énergie. Ce sucre s’accumule dans le sang et cela peut entraîner de graves complications principalement au niveau du cœur, des reins, des yeux et des vaisseaux.
Quels sont les types de diabète qui existent ?
Le type 1 est découvert en général chez les enfants ou le sujet jeune. Il est soigné par des injections quotidiennes d’insuline. 10% des diabétiques sont concernés par ce type. Plus répandu (80% des diabétiques), le type 2 touche généralement les sujets de 40 ans. Il est évitable à 60%. Il y a aussi le diabète gestationnel qui existe chez la femme enceinte qui n’était pas connue diabétique ainsi que d’autres types de diabète non classés.
Quelle est la situation de la maladie au Burkina et dans le monde ?
Le nombre de diabétiques dans le monde est passé de 285 millions en 2010 à 463 millions en 2019. Ce chiffre risque de passer à 625 en 2045 si rien n’est fait. Au Burkina Faso, une enquête menée en 2013 a révélé que 5,9% de la population est atteinte (soit un million). Le nombre de personnes suivies dans les centres de santé est passé de 3849 en 2013 à 13 780 en 2018.
Quelles sont les causes ?
On parle plutôt de facteurs favorisants. On distingue les facteurs non modifiables (hérédité, âge et sexe) et les facteurs modifiables (alimentation, surpoids, obésité, hypertension artérielle, manque d’activité physique et sédentarité).
Quelles sont les complications qui peuvent survenir si le mal n’est pas dépisté ou mal contrôlé ?
Il y aura une détérioration du fonctionnement des organes vitaux, ce qui peut entraîner de graves problèmes de santé comme la cécité, l’insuffisance rénale, les maladies cardio-vasculaires et l’amputation. Le diabète a causé 4,2 millions de décès en 2019. Trois quart des patients sont en âge de travailler et 3 sur 4 vivent dans les pays pauvres.
Comment prévenir le diabète ?
Il faut agir sur les facteurs modifiables, c’est-à-dire adopter une alimentation saine et équilibrée (manger moins gras, moins sucré, moins salé et éviter de grignoter entre les repas), consommer des fruits et légumes, pratiquer une activité physique adaptée et régulière (45 minutes de sport 3 à 4 fois par semaine réduit de 40% le risque de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires), maintenir un poids santé, réduire la consommation d’alcool et arrêter la cigarette.

Zalissa Soré

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