Santé

Moins de cas de covid19 en Afrique : L’âge, le mode de vie et les gènes sont des raisons avancées

S’il y a un continent qui est sur toutes les lèvres depuis le début de la pandémie de covid19, c’est bien l’Afrique où plusieurs spécialistes y compris de l’OMS, prévoyaient une explosion de la maladie avec beaucoup de pertes en vie humaine. Mais près d’un an après le début de l’épidémie, c’est le continent qui a le moins de personnes contaminées et/ou décédées. Pourquoi?

Aux premiers moments de la covid19, entre ceux qui donnaient l’air de se faire plus de mouron pour leurs amis africains qu’ils ne s’inquiétaient pour leurs propres populations et les prédictions apocalyptiques de certains experts à la petite semaine, il y avait de quoi s’inquiéter sur l’évolution de la pandémie sur le continent. Pourquoi tant d’acharnement sur l’Afrique qui pourtant résiste bien à la pandémie et reste à ce jour le moins touché par la maladie avec 39 593 morts contre 1 106 519 décès dans le monde à la date du dimanche 18 octobre 2020 ?

Dans une interview accordée à TV5 en avril dernier, l’économiste et écrivain Felwine Sarr, disait en effet : « Les représentations négatives sur l’Afrique sont si ancrées qu’on ne prend même plus la peine de regarder la réalité. Et quand la réalité présente va à l’encontre des représentations, on les déplace alors dans le temps futur. Même si le continent s’en sort plutôt bien, il faut donc prédire une catastrophe… Actuellement, le nouveau narratif est d’affirmer qu’il n’y aura peut-être pas de catastrophe mais que nous allons mourir de faim à cause de la crise économique. Toujours la même image misérabiliste ».

photo d’illustration

Le temps passe mais les mêmes qui envisageaient des millions de morts en Afrique tentent maintenant, après avoir vu que leurs prédictions ne se sont pas réalisées, d’expliquer pourquoi le virus est environ 20 fois moins mortel sur le continent qu’en Europe. Dans une émission en date du 6 octobre 2020, sur la chaîne RMC, le journaliste français, Nicolas Poincaré, présentait les explications avancées par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) à ce sujet.

La première raison concerne l’âge : la moitié des Africains ont moins de vingt ans alors que dans le monde l’âge médian est de 30 ans (42 ans en Europe). En plus de cela, 3% de la population africaine a plus de 65 ans contre 20% en France. En Afrique, 91% des malades de covid19 ont moins de 65 ans et 80% sont asymptomatiques.

Le mode de vie : le fait que les Africains voyagent moins explique qu’il y ait moins de contaminations. Ils vivent beaucoup plus à l’extérieur alors que c’est dans les lieux clos que la contamination se fait le plus. De plus, en Afrique, les vieux restent dans leur famille alors que les maisons de retraite en Europe sont de grands lieux de contamination et de morbidité à la covid 19.

La moitié des Africains ont moins de vingt ans

Les raisons génétiques : selon une étude réalisée par des chercheurs allemands et dont les résultats ont été publiés le 30 septembre dans la revue Nature, un morceau de chromosome de l’homme de Neandertal augmente les risques de développer une forme grave de la maladie. Selon les explications de Nicolas Poincaré, ces gènes sont toujours présents dans le monde mais de façon très inégale. Exemple : 15% des Européens les portent ; en Asie du Sud c’est la moitié de la population et en Afrique c’est pratiquement personne. D’où le fait qu’il y ait moins de formes graves de la maladie et moins de morts aussi sur le continent. « Dans les hôpitaux britanniques, on avait remarqué mais sans pouvoir l’expliquer que les malades originaires du Bangladesh, où les citoyens sont les plus nombreux (63%) à porter ce gène, mouraient deux fois plus que les autres ».

A la question de savoir pourquoi les Africains ne sont pas porteurs de ce gène, le journaliste répond: « Quand l’homme moderne, en l’occurrence Lucy, la femme africaine qui vivait vers le lac Tchad, est sorti d’Afrique il y a 60 000 ans, a rencontré l’homme du Neandertal en Europe, leurs descendants se sont éparpillés partout dans le monde sauf en Afrique. Le coronavirus nous rappelle aujourd’hui cette vérité scientifique qu’on oublie parfois : nous sommes tous des descendants d’Africains ».

Synthèse de Zalissa Soré

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