Santé

Gestion des menstrues : « J’ai eu mes règles à 9 ans et c’était atroce » (Fabienne Palenfo)

La venue des règles n’est pas toujours très bien vécue par les jeunes adolescentes. A l’occasion de la Journée internationale de l’hygiène menstruelle, célébrée le 28 mai, nous avons recueilli des témoignages de vie qui vont peut-être contribuer à briser le tabou autour de ce phénomène biologique.

A une époque où internet n’était pas encore accessible à tous, où il n’y avait pas de réseaux sociaux et pas même de télévision dans leur maison, Fabienne s’est réveillée un matin avec le slip couvert de sang. Qu’est-ce que ça pouvait bien être ? La petite fille de neuf ans n’en avait aucune idée. Paniquée, elle opte de garder le silence sur ce qui venait de lui arriver.

« J’ai caché mes règles pendant une année »

https://soundcloud.com/lobs-numerique/palenfo-fabienne

Agée aujourd’hui de trente ans, la jeune femme ne se gêne plus d’aborder cet épisode de sa vie. « C’était vraiment atroce », nous lance-t-elle, ajoutant : « A la maison, on ne communiquait pas sur ce sujet et donc j’ai gardé le secret pendant près d’une année. J’utilisais des morceaux de pagnes que je jetais ensuite dans les toilettes. J’avais honte et peur de dire que je voyais quelque chose ».

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Mais un jour, sa petite sœur tombe sur un morceau de pagne taché de sang et le montre à leur mère. Fabienne passe alors aux aveux et à partir de là, elle aura droit à des serviettes hygiéniques et à toutes les informations sur le sujet. « Heureusement que je n’étais pas sexuellement active car j’aurais pu tomber enceinte », se réjouit celle qui œuvre aujourd’hui au sein de l’ONIDS (Organisation pour de nouvelles initiatives en développement et en santé) pour briser le tabou autour de ce sujet et éviter ainsi que les filles ne soient stigmatisées.

Auguste Thiombiano, 12 ans, sensibilise ses camarades garçons

La jeune femme estime que tout commence à la maison avec les parents : « Ils doivent échanger avec leurs enfants dès l’âge de 8 ou 9 ans. Si la fille est préparée, dès qu’elle aura ses premières règles, elle ira tout de suite vers quelqu’un pour en parler ». Ce fut d’ailleurs le cas de Kévine Ouédraogo, une adolescente de 16 ans qui a été initiée par sa grande sœur. En classe de 3e, elle participe à sensibiliser ses camarades.

Auguste Thiombiano, 12 ans, contribue lui aussi, en tant que champion de l’ONIDS, à sensibiliser les garçons qui se moquent des filles lorsqu’elles ont la jupe tâchée de sang. En effet, les conséquences de cette stigmatisation peuvent être cause de déscolarisation, comme nous l’a confié Jeanne Kugblenu.

Sandrine Nana : « C’est le garçon qui vendait les sandwichs qui m’a prévenue que ma jupe était sale »

https://soundcloud.com/lobs-numerique/sandrine-nana

Lorsqu’elle était en classe de 3e, une de ses camarades a subi des moqueries à ce propos et elle n’a plus jamais remis les pieds à l’école. Sandrine Nana, 16 ans, est passée aussi par là. Elle n’avait que 10 ans.

Selon Clémentine Tarnagda, directrice exécutive de l’ONIDS, une étude du ministère de l’Education nationale a révélé que 90% des filles ne savent pas ce qui leur arrive lorsqu’elles voient leurs règles la première fois, 45% ne sont pas autorisées à mener certaines activités pendant la période des menstrues, 38% à fréquenter certains lieux,  52% n’ont pas accès à l’eau potable et 62% à des latrines séparées à l’école, sans oublier le fait que par mois, certaines s’absentent de l’école pendant cinq jours à cause de leurs menstrues.

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Ces témoignages ont été recueillis lors des 72 heures de l’ONIDS (Organisation pour de nouvelles initiatives en développement et en santé) dans le cadre de la Journée mondiale de la gestion hygiénique des menstrues. Parmi les activités (discussions sur les réseaux sociaux, entre autres) initiées à cette occasion, nous avons pu prendre part au thé débat qui a vu la présence des experts et de quelques champions. Il s’agit de 135 jeunes (filles et garçons) qui ont été formés par la structure pour sensibiliser leurs camarades et leur entourage.

Clémentine Tarnagda est la directrice exécutive de l’ONIDS

Créée en 2013, l’ONIDS est une association de promotion des droits humains qui œuvre particulièrement pour les droits des filles et des femmes. Elle travaille beaucoup plus dans le domaine de la santé sexuelle et de la reproduction.

Zalissa Soré

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