La chronique de Bernard Kaboré

A la barre : 24 mois ferme pour avoir dérobé la clé du vigile et dévalisé le domicile de ses voisins

Eloi, 22 ans, a dévalisé le domicile d’un de ses voisins de quartier, profitant de l’absence de ce dernier et d’une légèreté de son vigile. Il a emporté un butin composé de bouteilles de gaz et de matériels électroniques qu’il a revendu à vil prix. Jugé en correctionnel devant le tribunal de grande instance de Ouagadougou, le jeune homme a été reconnu coupable de vol aggravé et condamné à 24 mois d’emprisonnement ferme.

Entre le métier de soudeur et celui de voleur, il n’y a qu’un tout petit pas, pour peu que l’esprit malin passe par là. On est tenté d’y croire après la comparution du jeune Eloi (1) devant le tribunal de grande instance Ouaga I. En effet, le jeune homme de 22 ans n’a pas réussi à convaincre les juges qu’en lieu et place des faits de vol aggravé qui lui sont reprochés, ce qu’il sait faire le mieux de ses dix doigts est de manier les barres de fer et la machine à souder. De sa voix rauque, Eloi a d’ailleurs avoué aux juges qu’il s’est introduit dans la cour de M. Nioula (1), son voisin de quartier, à deux reprises pour en ressortir avec deux bouteilles de gaz et un gros lot d’appareils électroniques dont des téléphones et un ordinateur portable.

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Les faits datent de fin juillet 2022. Il y a alors longtemps que le jeune homme guettait l’occasion de réaliser son projet pas catholique : s’introduire chez les Nioula, ses voisins d’en face, de manière insoupçonnée et de s’emparer de biens qu’il pourra revendre et faire ce qu’il désire du pognon. Son plan ? Profiter d’une absence des occupants de la cour, dérober les clés du vigile afin de pouvoir ouvrir le… sésame. Pas meilleure occasion pour passer à l’action d’autant plus que monsieur et madame Nioula sont en voyage d’affaires à Lomé, la capitale togolaise. Eloi le sait par une petite enquête dont lui seul détient le secret. Pas non plus de raison que le coup foire parce qu’il a remarqué une habitude chez le vigile : « il a souvent gardé les clés de la maison sous un pot de fleurs au pied du portail », confie le jeune homme aux juges. Il a suffi d’une courte absence du gardien des lieux pour qu’Eloi s’empare des clés. Ce qu’il a longtemps guetté n’est plus qu’à portée de main. Il n’a d’ailleurs pas eu besoin de la complicité de la nuit pour commettre son acte délictueux.

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Deux fois, pour ne pas dire deux journées, ont suffi au voleur pour emporter son butin constitué au total d’un poste téléviseur, de deux bouteilles de gaz, deux téléphones, un ordinateur portable et un régulateur de tension. Voilà comment le jeune homme s’est retrouvé embourbé dans des emmerdes judiciaires. A Eloi, la famille Nioula impute des vols antérieurs qu’elle a subis, avec notamment la perte de deux autres bouteilles de gaz et des chaises. Ce que le soudeur reconnu a nié aussi bien devant le procureur que devant les juges lors de sa comparution à la barre. Il aurait pu nier aussi les deux intrusions. Sauf qu’un autre voisin du quartier l’a pris en flagrant délit puis en a informé les Nioula qui ont précipité leur retour à Ouagadougou.

Madame Nioula qui a comparu en qualité de victime a évalué le matériel emporté à 2,6 millions de F CFA en se constituant partie civile et réclamant le paiement de dommages et intérêts.

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Pour sa part, le ministère public a estimé que bien que le jeune homme soit un délinquant primaire, parce que n’ayant pas d’antécédents judiciaires, « les faits à lui reprochés sont suffisamment graves » et qu’il mérite « une peine exemplaire ». Et de requérir qu’il plaise au tribunal de condamner Eloi  à 24 mois d’emprisonnement ferme et 500 000  F CFA d’amende assortie de sursis. Au  nom des articles 611-1 et 611-2 du Code pénal qui réprime l’infraction de vol aggravé, les juges ont tranché en suivant les réquisitions du parquet : le jeune Eloi passera deux ans derrière les barreaux et s’acquittera d’un montant de 2 millions de F CFA auprès des Nioula en dehors de la condamnation à l’amende de 500  000 F assorti de sursis.   

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De l’intrusion d’Eloi au domicile des Nioula, toute personne commise au gardiennage d’un endroit privé pourrait retenir cette morale : même à un endroit insoupçonné, même sous un pot de fleur, la clé qui ouvre la porte aux biens convoités n’est jamais en lieu sûr. Celui qui va séjourner 24 mois durant en taule réalisera, lui, peut-être qu’il s’est trompé en dérobant la clé du gardien pour ouvrir une porte et trouver de quoi faire son bonheur. A ce propos, la célèbre religieuse  Mère Theresa l’affirmait : « Il n’y a pas de clé pour le bonheur ; la porte est toujours ouverte ». Pour dire qu’Eloi aurait dû s’y prendre autrement en ne succombant surtout pas au vice.

Bernard Kaboré

(1): Noms d’emprunts

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