La chronique de Bernard Kaboré

Agressions sexuelles à Bangr-weogo : 4 ans de prison pour une fellation

A le voir, on aurait pu jurer sur tout sauf qu’Haroun, ce jeune homme de 22 ans, qui semble à la fois timide et innocent, n’est pas en mesure de contraindre une femme à lui faire la fellation en plein air. Mais c’est pourtant ce qu’il fit ce matin d’avril 2021 au parc urbain Bangr-weogo où, en compagnie d’un ami, il a croisé deux jeunes Blanches en balade. Jugé en correctionnel à Ouagadougou, le jeune pervers a écopé de 4 ans de prison ferme.

Les agressions sexuelles sont punies par la loi (Ph. d’illustration, source Internet)

On s’imagine comment la police a esquissé un portrait-robot d’Haroun lorsqu’elle était à ses trousses : jeune homme de 22 ans. Visage allongé. Teint noir. Cheveux crépus, oreilles décollées. Regard enfoncé. De prime abord il semble timide. Son ami Marius, lui, est plus jeune. Il n’est âgé que de 17 ans. Bien que séparés par un fossé de cinq ans, les deux garçons sont de fidèles compagnons qui font les quatre-cents coups ensemble.

Nés de familles modestes, les deux adolescents croquent tout de même la vie à pleines dents. Ils en font d’ailleurs trop, est-on tenté de dire. Tant et bien qu’ils ont vite glissé dans des vices. Eux qui, en lieu et place d’études scolaires ou universitaires qui occupent d’autres jeunes de leurs âges, ont meublé leur quotidien d’actes à troubler le sommeil d’un parent soucieux de l’avenir de sa progéniture. Ils sont coutumiers des faits d’agressions et de vols.

Sous d’autres cieux, notamment en Côte d’Ivoire, Haroun et Marius seront classés dans la catégorie de personnes surnommées « microbes ». Cette appellation désigne des adolescents organisés en bandes et qui commettent des actes de violences dans les zones urbaines. Dans cette vie de rue, il n’y a pas de limite. Il n’y a pas non plus de tabou. C’est pour cela que le jour où ils ont rencontré les deux ravissantes Européennes en balade à Bangr-weogo, ils ont commis un forfait pour lequel ils paient aujourd’hui le prix.

En quête de proie

Ce jour d’avril, les deux jeunes hommes se rendent au parc urbain pour une promenade qui, en réalité, n’est qu’une quête de « proies ». Dans les allées de l’espace aménagé, ils aperçurent deux jeunes silhouettes féminines qu’on va appeler Anna et Estella, deux expatriées qui ont pris l’habitude de visiter ce poumon vert de la capitale pour profiter du bon air en papotant. Dans les environs, pas une autre présence humaine. Les deux larrons n’en demandaient pas mieux pour passer à l’acte.

Lire aussi: Tentative de coups et blessures volontaires : Quand Michel voulait en finir avec son frère et son père!

Munis de couteaux qu’ils avaient pris le soin de bien dissimuler, ils empruntent le même chemin que les deux inconnues. Lorsque ces dernières arrivent à leur hauteur, ils dégainent leurs armes et les interceptent. Vite, les deux dames sont dépouillées de leurs téléphones. Mais si seulement les agresseurs s’étaient contentés des moyens de communication de leurs victimes… En effet, après ce vol, ils sont passés à une autre étape, pas du tout catholique. En effet, Haroun et son pote ont jugé l’occasion belle pour satisfaire leur libido sans tenir compte du consentement des deux jeunes dames. Chacun s’est alors saisi d’une dame qu’il a traînée derrière les buissons pour une séance de fellation sous la contrainte d’un couteau.

Fellation sous menace d’un couteau

Après avoir baissé les culottes, chacun a déposé son « bazooka » dans les mains de sa « conquête ». Il ne restait plus aux jeunes dames qu’à s’exécuter et satisfaire le malin plaisir de leurs bourreaux. Jusqu’à les faire jouir. Mission accomplie. Haroun et son compagnon n’avaient plus qu’à se sauver, laissant leurs victimes pantoises, envahies par milles interrogations.  

Lire aussi: A la barre : un sexagénaire escroc dans l’âme

Que faire ? Se taire ou porter plainte en justice ? Que d’hésitations. Mais finalement les jeunes dames ont décidé de porter l’affaire en justice. Par le biais des téléphones volés, la police a réussi à mettre la main sur les deux garçons. Mineur, Marius a été déféré au quartier des enfants à la prison tandis que son acolyte Haroun a intégré celui des adultes.

Les deux ados sont inculpés pour vol et viol. En instruction, ils ont partiellement reconnu les faits. Le vol oui. Mais il n’y a pas eu de viol, selon eux, arguant qu’ils n’ont fait que baisser leurs culottes et présenter leurs sexes aux deux dames.

Après le jugement de Marius devant le tribunal pour enfants (Ndlr : nous n’avons pu suivre ce procès), c’était le tour de d’Haroun de s’expliquer, le 1er septembre 2021, devant les juges de la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Ouagadougou.

Lire aussi: A la barre : le peintre rasta qui cachait de la drogue sous des briques

Comme devant le juge d’instruction, Haroun a seulement reconnu les faits de vol. Rien de plus. Et contrairement aux déclarations du parquet et de la partie civile, il a soutenu n’avoir pas détenu de couteau le jour de l’agression. Une allégation que la victime Anna, qui s’est présentée à la barre, la tête couverte d’un foulard rouge et le visage barré d’un masque, a battu en brèche tout en soutenant que l’acte incriminé s’est bel et bien produit. Et l’avocate de la victime de préciser : « Monsieur le président, le mis en cause a même joui. S’il reconnait cela, il doit reconnaitre du même coup le viol ».

Un esprit maléfique qui pousse au viol

Dans sa stratégie de défense, Haroun a soutenu être victime d’un esprit maléfique qui a pris possession de lui et qui le pousse à des actes sexuelles.

Mais pour le parquet, la culpabilité de l’accusé n’est pas discutable, tant les faits sont constants. Et avant de requérir qu’il plaise au tribunal de le condamner à 5 ans d’emprisonnement dont 4 ans ferme et à une amende de 500 000 F CFA, le ministère public s’est permis de donner des conseils à la victime au cas où l’histoire se répètera un jour : « On ne souhaite pas que cela vous arrive une prochaine fois mais si cela se produit tout de même, ayez ce réflexe d’arracher au bourreau son petit truc. Vous ne l’imaginez pas mais l’actuel vous a peut-être transmis une maladie ». Le moins que l’on puisse dire est que cet avis a fait jaser plus d’une personne dans l’assistance.

Lire aussi: Les ennuis judiciaires d’un bon samaritain

Concernant les intérêts civils, la victime a demandé que le jeune homme à la libido incontrôlée soit condamné à lui verser 1 FCFA symbolique mais également à prendre en charge les frais de procédures qui s’élèvent selon elle à 900 000 F. Jugeant très élevées la réquisition du parquet et les prétentions de la victime, Haroun a aussitôt demandé la clémence du juge. « Pour quoi demander pardon ? Quelqu’un qui n’a rien fait n’a pas d’excuses à présenter », lui a répondu l’avocate de la partie civile.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les excuses d’Haroun n’ont eu aucun effet sur le tribunal puisqu’il a été condamné à 4 ans de prison ferme et à une amende de 500 000 F. Au titre des intérêts civils, il a été condamné à payer le franc symbolique et 500 000F de frais de procédure. Rançon d’une libido satisfaite de manière peu orthodoxe.

Lire aussi: TGI Ouaga 1 : 12 mois ferme contre le commerçant qui a volé pour financer son mariage

Pour Haroun, quatre ans de prison équivalent, sans doute, à quatre ans d’abstinence forcée. Mais il ne peut s’en prendre qu’à lui-même et donner raison à la célèbre actrice britannique, Joan Fontaine qui avait affirmé que « la chose la plus déroutante chez les hommes c’est le fait de permettre à leur instinct sexuel de les conduire là où leur intelligence ne les mènerait jamais ».

Bernard Kaboré

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page