La chronique de Bernard Kaboré

Les ennuis judiciaires d’un bon samaritain

Pour avoir joué au bon samaritain en prêtant  de l’argent qui ne lui appartient pas à un ami  endeuillé, dit-il,  Larba Koudougou, employé de commerce, écope de douze mois de prison ferme et d’autres peines pécuniaires.

Larba Koudougou se présente comme un employé de commerce. Paul Zoundi, lui, est commerçant, vendeur de vélomoteurs. Les deux hommes sont de vieux partenaires d‘affaires. Monsieur Zoundi a pris l’habitude de commander ses engins par la diligence de Larba Koudougou. Lui n’en vend pas, mais a des facilités pour faire livrer la marchandise grâce à son grand frère qui exerce dans   l’import.

Tout se passe bien, du moins jusqu’à ce jour de novembre 2019 où l’employé de commerce a reçu de son partenaire la  somme de 3 millions de F CFA pour l’achat de cinq bécanes à revendre. Le hic est que la marchandise n’a jamais été livrée. La somme non plus jamais remboursée. Un mois passe…six mois, … Que dalle. En désespoir de cause, celui qui s’est senti floué porte plainte. Suivent des auditions au commissariat de Police, à la gendarmerie.

Et voilà les deux quadragénaires devant les juges du tribunal de grande instance de Ouagadougou : Larba Koudougou, pantalon bleu, chemise blanc-sale dans sa corpulence moyenne, Paul Zoundi, manifestement sûr de son bon droit,  qui affiche une mine de grande sérénité.

Un nouveau venu dans le dossier

Entre deux balbutiements, l’accusé reconnait avoir reçu la cagnotte destinée à l’achat des engins roulants. Il a même reçu un deuxième montant, 50 000 F CFA, en guise de frais de versement du premier. « Je les ai prêtés à un ami qui était en deuil et qui est venu me solliciter un coup de main financier», prétend le bon samaritain quand le juge lui demande  où sont passés les 3 millions. « Mais comment pouvez-vous prêter de l’argent qui ne vous appartient pas ? », s’étonne le juge. « J’avais bon espoir que celui à qui j’ai remis l’argent allait me le rendre d’autant que j’avais aussi peur de détenir le fric par devers moi».

Mais qui est donc  cet homme endeuillé présenté comme celui qui a finalement reçu les 3 millions ? Lui aussi est commerçant, vendeur de motos, s’il l’on croit ce que dit l’accusé. Pourtant, ce commerçant est nouveau dans le dossier où il vient d’apparaître puisque n’ayant pas été cité lors des premières auditions, a révélé le procureur.

A la barre, le mis en cause a juré, la main sur le cœur, avoir voulu rembourser le dû si seulement le temps lui avait été accordé. Pas si exact, si l’on s’en tient à la déposition de celui qui le poursuit pour abus de confiance : « un mois après lui avoir remis les 3 millions je suis reparti le voir ;  il a promis de me rembourser  mais j’ai attendu en vain ».

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« S’il est établi que monsieur Koudougou est coupable des faits qui  lui sont reprochés  que désiriez-vous ? Réparation ? Si oui, combien ? » A cette interrogation du juge, voici la réponse du requérant : « je souhaite qu’il soit libéré s’il prend l’engagement de me rembourser ». Mais « Il n’y a pas de si qui tienne, l’aspect condamnation n’est pas de votre ressort », a expliqué l’homme de droit. « Je souhaite donc le remboursement », s’est-il de ce fait  contenté de répondre.

Pour le parquet, l’infraction est clairement constituée et l’accusé mérite un emprisonnement de six mois ferme assorti de 200 000 francs d’amende avec sursis. Le juge quant à lui a tranché après avoir reconnu Larba  coupable: il écope de douze mois de prison assorti de 500 000  d’amende avec sursis en plus de 3 050 000 f qu’il devra verser à son compagnon d’affaires à titre de dommages et intérêts .

Bernard Kaboré

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