Defense & Sécurité

Zones d’intérêt militaire : « Les populations auront un délai de 14 jours pour les quitter »

Deuxième rendez-vous du genre, le directeur du commandement du théâtre national des opérations était face à la presse dans la matinée de ce 24 juin 2022. Au cours de ce point bimensuel des opérations de sécurisation du territoire national, le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni, est revenu sur la tragédie de Seytenga et esquissé des détails sur la création d’une Brigade de veille et de défense ainsi que les zones d’intérêts militaires patriotique décidées par le Conseil supérieur de défense. « Les populations de ces zones auront un délai de 14 jours pour les libérer », selon le directeur du COTN.

En délimitant des zones d’intérêt militaire, l’armée burkinabè opte pour une distinction entre les groupés armés et les populations

C’est comme pour la première fois. Ce deuxième point de presse bimensuel, voulu par le Commandement des opérations du théâtre national (COTN), a drainé un parterre de journalistes, nationaux comme internationaux. Preuve que la question sécuritaire reste un sujet d’importance majeure.

Cette fois, le directeur du COTN, le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni n’a pas été seul face aux hommes de médias. Situation oblige, le ministre en charge de l’Action humanitaire était aussi présent, pour évoquer des actions de secours menées en faveurs des populations déplacées suite au drame de Seytenga.  Un peu plus de 150 tonnes de vivres, coupons alimentaires et cash monétaires distribués à 3165 ménages, soit plus de 24 000 personnes pour un coût de 45,8 millions de F CFA, a-t-on retenu entre autres chiffres communiqués par le ministre Lazare Zoungrana.

A propos de cette attaque qui a coûté officiellement la vie à 86 civils, le directeur du COTN a assuré que « tous les moyens, incluant ceux de partenaires, sont mis en œuvre pour rechercher et mettre hors d’état de nuire les auteurs de cette barbarie », ajoutant que «  la promesse faite par le chef de l’Etat à Seytenga sera tenue ».

Comme s’il avait deviné que des  détails sur les grandes décisions du Conseil supérieur de défense étaient attendus, le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni a anticipé les nombreuses interrogations. A propos de la création d’une brigade de veille et de défense patriotique, le directeur du COTN a expliqué qu’il s’agit de mieux organiser les VDP. Car, « bien que le concept de VDP ait démontré son efficacité sur le terrain, force est de reconnaitre que plusieurs insuffisances ont été constatées au fil de sa mise en œuvre ». D’où une nécessité de « combler ces insuffisances ». Dans le nouveau format, les VDP constitués en Brigade vont relever du COTN, sous la tutelle administrative du ministère de la Défense. Toute chose qui donnera « plus de cohérence au concept et permettre un meilleur encadrement et soutien à ces supplétifs dont les missions tournent autour de la coordination opérationnelle de la défense civile du territoire, la contribution à la recherche du renseignement et la défense de certaines parties du territoire en cas de nécessité ». Par ailleurs, il sera procédé à un renforcement du processus de sélection de ces supplétifs. L’objectif affiché est de « mieux intégrer les VDP dans le dispositif sécuritaire », selon le patron du COTN qui envisage à terme une amélioration des conditions de travail de ces supplétifs  ainsi qu’un meilleur maillage du territoire.

Plusieurs dizaines de tonnes de vivres distribués aux ménages déplacés suite au drame de Seytenga, selon le ministre Lazare Zoungrana

Autre décision commentée par Yves Didier Bamouni, l’interdiction de circulation d’engins motorisés dans les zones à fort défi sécuritaire. En effet, il est décidé d’interdire pendant une période de trois mois la circulation de motos de types Aloba, Sanili, Fortune ainsi que les tricycles à usage de transport de passagers  dans les zones d’insécurités. « Huit régions administratives sont concernées par cette mesure : la Boucle du Mouhoun, les Cascades, le Centre-est, Centre-nord, l’Est, les Hauts-Bassins, le Nord et le Sahel. Les autorités administratives de ces régions préciseront les provinces, les communes et villages concernées ». Dès la prise de cette mesure, les contrevenants s’exposeront aux risques liés aux opérations militaires, a prévenu Yves Didier Bamouni qui justifie ces mesures par une volonté de distinguer les groupes armés et réduire leurs capacités opérationnelles. « Une situation exceptionnelle d’insécurité appelle à des mesures particulières, nous comprenons que toutes ces mesures aient des conséquences sur les populations, a conclu le directeur du COTN ».

Bernard Kaboré

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