Tribune

Démocratie en Afrique: « Et si l’ex-président français, Jacques Chirac avait raison ? »

Dans la tribune ci-dessous, un observateur de la vie politique, porte son regard sur la démocratie en Afrique. Yassou Mamadou alias KZ, c’est de lui qu’il s’agit, fonde son analyse sur des propos de l’ancien président français Jacques Chirac qui affirmait: «  les pays africains ne sont pas prêts pour la démocratie que nous voulons leur imposer » ; « chacun doit pouvoir aller à son rythme ». Lisez plutôt Yassou Mamadou.

Les démocraties africaines font face à des contestations qui ont souvent renversé les pouvoirs élus (Ph. DR)
  1. La chute du mur de Berlin, la conférence de la Baule et l’invite au multipartisme.

Après 72 ans de communisme et 44 ans de confrontation Est-Ouest, la chute du mur de Berlin en 1989 a mis un terme à la guerre froide et ouvert la voie à la reprise de l’influence des pays occidentaux à endroit des pays anciennement du bloc des pays « non alignés ». A la faveur de la conférence France –Afrique de la Baule en 1990,

Feu le président français François MITTERAND invitait les dirigeants africains francophones à la démocratie et au multipartisme sous des menaces voilées de coupures et de réduction de l’aide au développement pour les pays qui ne voudraient pas adopter cette démarche. « Nous serons beaucoup plus tiède à l’endroit des pays qui ne voudraient pas aller à la démocratie et au multipartisme….. ».

L’après discours de La Baule

Quelques mois après et suite à ces déclarations de François Mitterrand, il y a eu une effervescence de manifestations dans les pays concernés. C’est ainsi que la-quasi majorité des chefs d’Etat francophones du pré carré français, excepté le Sénégal, a cédé à cette pression et au chantage. C’est ainsi que les chefs d’Etat de l’époque y sont allés diversement, sans même comprendre ce qu’est la démocratie vue côté français. Certains, par une conférence nationale dite « souveraine », Ali SAIBOU du Niger, Etienne Gnassingbé Eyadema du TOGO, du maréchal MOBOUTOU SESESEKO KOUKOUWEDO WAZABANGA du CONGO ZAIRE,  MOUSSA TRAORE du Mali à la suite d’un coup-d ’Etat militaire dirigé par feu le président ATT,   et d’autres par de simples décrets en conseil des ministres comme Omar BONGO ONDIMBA du GABON, Félix HOUPHOUET BOIGNY de Côte d’Ivoire.

Pour le Tchad, Idriss Deby ITNO entrait à N’Ndjamena avec ses troupes armées pour chasser Hissen Abré. Paul Bya du Cameroun n’a pas bougé de son fauteuil. Le Congo Brazzaville de Sassou Nguesso et la république Centrafricaine de André Kolingba sont passés eux aussi à la démocratie. Seul le Bénin  de Mathieu KEREKOU avait déjà organisé sa conférence nationale souveraine. Malheureusement, le cynisme français a été tel que Sassou Nguesso de retour d’exil de France, a repris le pouvoir au Congo Brazzaville avec l’appui de sa milice armée et le soutien d’Elf Congo, en chassant du pouvoir Pascal Lissouba, pourtant démocratiquement élu. Ange Félix Patassé de la RCA a subi le même revers par trois (3) mutineries de son armée avec toujours la complicité de la France dont les soldats servaient la soupe aux mutins (j’y étais de 1995 à 2000). La raison, Ange Patassé voulait se rapprocher d’autres partenaires pour l’exploitation des ressources de son pays  qui font l’objet de pillage depuis l’indépendance du pays en 1960, après l’assassinat de Barthelemy Boganda. Profitant des mutineries, un pillage des ressources était parallèlement organisé (diamant, or, bois ….). Nous avons pu constater que les pierres précieuses et les lingots sortaient du pays par le camp BEAL de Bangui Mpoko où était  basé le contingent les « BARAKOUDA ».

Au Burkina Faso, par des tours de passe-passe, la faiblesse de l’opposition politique n’a pas permis d’organiser une conférence nationale souveraine. Par ailleurs c’est cette opposition politique qui, par son boycott des élections a offert sur un plateau d’or le pouvoir à Blaise Compaoré, élu avec moins de 15% des électeurs sur fondement d’une constitution copier-coller de celle de la France par des juristes tels que  Alidou Ouédraogo, maître Passéré,… membres de la commission de rédaction. 

Tous les pays qui ont accepté l’appel du président français n’ont fait que du copier- coller de la constitution française et du code civil de Napoléon Bonaparte, dans la plupart des cas avec l’assistance de constitutionalistes français et locaux. C’est ainsi que la démocratie à la française est née dans nos pays sans que nos apprentis politiciens n’aient la maîtrise des fondamentaux d’une démocratie capitaliste bourgeoise, parce que c’est de ce model qu’il s’agit.

« Chirac disait pourtant la vérité »

Des partis politiques nouveaux ont apparu dans le paysage politique de nos pays sans que leurs fondateurs ne sachent en réalité ce qu’est un parti politique. D’où la naissance de groupements sociologiques, claniques  voire corporatives sans manifeste ni projet de société véritable; souvent par la méconnaissance du contenu et du contenant d’une organisation sociale et politique. C’est ce qui explique les centaines de partis politiques dans nos pays.  Chirac Premier ministre en son temps, ne disait-il pas : «  les pays africains ne sont pas prêts pour la démocratie que nous voulons leur imposer » ; « chacun doit pouvoir aller à son rythme ». Chirac disait pourtant la  vérité  tout comme lorsqu’il critiquait les  immigrés africains et disait d’eux, qu’ils étaient à l’origine des odeurs méprisables. En effet si vous passez devant les foyers africains à la sortie de la station du métro télégraphe pour les Sénégalais, au métro Jourdan pour les Maliens de la ville de Paris au 19ème, il y a des vérités qui blessent de par les comportements stupides de certains de nos parents africains qui véhiculent les réflexes de leurs quartiers insalubres d’Afrique dans certaines capitales occidentales.

Après trois décennies de « démocratie », le constat dans la plupart des pays d’Afrique francophone est amer:

  • Une classe politique devenue prédatrice et vorace des richesses de leur pays,  corrompue jusqu’à la moelle épinière ;
  • Une administration publique gangrénée politiquement et déontologiquement corrompue et ne respectant aucune règle républicaine,

Des politiciens devenus les relais des pouvoirs politiques et économiques étrangers, privatisant à tour de bras même les sociétés qui relèvent de la souveraineté de nos Etats pour les revendre à leurs amis politiques tels que le Français Bolloré pour le rail (SITARAIL)construit par nos grands-parents et  la jeunesse ( OUAGA- KAYA ), l’ONATEL vendu à Maroc Télécom à 113 milliards. TELMOB  aurait pu rapporter au budget burkinabé des milliards par an pour ce qui concerne la téléphonie mobile. Ce sont les mêmes similitudes dans les autres pays du pré-carré français.

C’est toute cette cacophonie de prédation que des organisations comme la CEDEAO veulent protéger et pérenniser au détriment des populations vivant dans cet espace.

L’indépendance de l’organe électoral en question

Les  institutions mises en place sans base consensuelle  ne fonctionnent pas ou fonctionnent à la tête du client au pouvoir. C’est le cas des institutions ci-après :

L’organe électoral : par principe, un organe électoral doit être républicain et apolitique.  Nos gouvernants ont mis en place des CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante). Sa dénomination en elle-même porte les germes de la suspicion, du déficit de confiance  et de la corruption. Comment un organe financé par le budget national peut-il être indépendant ? Comment un président désigné peut-il être indépendant vis-à-vis de ceux qui l’ont désigné ?  Qui a le contrôle du  financement de la CENI en dehors du pouvoir en place ? C’est ce qui explique en partie les propos de feu le président Bongo du Gabon qui dit  « On n’organise pas des élections pour les perdre ». A ce que je sache sous le président  Sangoulé Lamizanna, c’est le ministère de l’Administration territoriale qui gérait les élections en Haute Volta et aucun parti ne contestait les résultats.

Pourquoi la confiance est rompue au point que les scrutins soient confiés à une CENI ?

  • Des fichiers électoraux jamais à jour : au Burkina, sur 20 millions de citoyens, on peut justifier difficilement le fait que le fichier n’ait pas au  minimum  10 millions d’inscrits. Pourquoi ?

Nous avions en son temps proposé que la base de données de l’ONI soit la référence pour le fichier électoral, en renforçant cette structure et en faisant en sorte que la CNIB serve de carte électoral. On aurait pu saisir tous les Burkinabé en âge de voter. Malheureusement, des commis de l’Etat se sont mués en prédateurs des ressources des enrôlements à coût de centaines de milliards, pour un fichier électoral dans dont plus de 80% des électeurs potentiels sont exclus. La CENI doit nous expliquer pourquoi depuis 1992 le pays n’a jamais franchi la barre minimale de 8 millions d’électeurs avec tous les milliards dépensés dans les enrôlements.

  • L’organisation des fraudes massives lors des élections. En effet cette tricherie n’est pas nouvelle ;  les africains en ont l’habitude. On se rappelle l’épisode des fous qui ont été nettoyés et bien habillés pour aller voter sous la troisième république avec le « Front de Refus ».
  • De la corruption électorale dans les villes et dans les campagnes.  

Quid des contestations électorales ?

Ceux qui souvent prennent l’exemple de la France, qu’ils nous disent quel politicien candidat en France distribue des billets de banque aux électeurs au risque de se faire suspendre à vie ? Dans nos pays, pourquoi il y a tant de corruption dans les campagnes au mépris de la dignité de nos braves paysans ? Depuis 1992, aucun parti politique dans notre pays n’a proposé un véritable projet de société. Leur seul programme est la corruption des électeurs potentiels. La faillite politique volontaire et consciente de l’élite depuis les indépendances des années 60  est le maintien de nos populations dans l’ignorance et l’analphabétisme. Conséquence, lors des campagnes électorales, les prédateurs leur promettent des infrastructures (écoles, maternités, forages, routes…) alors que ce sont des domaines régaliens de l’Etat quel que soit le gouvernement.

Les contestations électorales après la publication des résultats calamiteux. En République Centrafricaine, la commission ne voulait pas publier les résultats en faveur de Patassé. Il a fallu la pression de la population afin que la commission accepte publier les résultats. En république du Bénin, le président sortant SOGLO n’a pas voulu reconnaitre la victoire du revenant Mathieu Kérékou mais le refus du ministre de la défense de le soutenir a évité le désastre dans ce pays. Les récents événements au Togo suite à la disparition du président Gnassingbé Eyadema lorsque des militaires se sont emparé les urnes dans les bureaux de vote ont fini par convaincre du degré d’infantilisation de nos peuples par les politiciens sans morale.

Vote, analphabétisme, légitimité des dirigeants, …

Cela dit, lorsqu’un élu nargue l’opinion en disant «  j’ai été élu démocratiquement par le peuple », de quel peuple s’agit-il ? De la paysannerie pauvre qui ne sait ni lire ni écrire ? Ou de ceux qui ont un niveau intellectuel qui leur permette de lire et comprendre ce qu’est un projet de société ? Par ailleurs, la proposition de Bado Laurent n’était pas stupide, à savoir le vote capacitaire. Aux Etats Unis d’Amérique, dans le but d’exclure les noirs qui ne savaient ni lire ni écrire des votes dans les Etats racistes, ils avaient institué le vote capacitaire. Certains pays de l’Europe occidentale ont appliqué la même méthode au début du 20 ème siècle. En France jusque dans les années 50, les femmes n’avaient pas le droit de vote encore moins d’être élues. Dans nos pays à fort potentiel analphabète, nos politiciens prédateurs abusent de l’ignorance des populations pour avoir leur vote. Par conséquent, aucun chef d’Etat ne peut se prévaloir d’une quelconque légitimité de son peuple. C’est une des causes éventuelles des coups d’Etat dans nos pays. Le peuple m’a donné mandat pour piller avec mes militants les ressources du pays ( marchés publics aux amis politiques, politisation de l’administration publique par le favoritisme, les conversions des postes en emplois au bénéfice d’amis, transformant nos missions diplomatiques en dépotoir d’anciens ministres, frustrant par là- même les professionnels de la diplomatie ; nominations d’agents à des postes de responsabilité au mépris de la déontologie de l’administration d’où la mise à l’écart des compétences réelles.)

Par ailleurs même les dirigeants occidentaux qui parlent de régime illégitime en ce qui concerne le Mali, combien sont-ils les Français qui, aux dernières nouvelles  n’ont pas voté pour Macron ?, il suffit de regarder le taux d’abstention pour se convaincre que même les dirigeants occidentaux sont illégitimes dans leur pays.

Des partis politiques

Aujourd’hui, nous avons des centaines de partis politiques dans nos pays sous l’argument fallacieux que c’est le multipartisme intégral. C’est ridicule  pour un petit pays comme le nôtre. Pour des pays comme le Burkina, peut-il y avoir plus de 100 idéologies tout en sachant que deux grandes idéologies ont dominé le monde de 1917 à nos jours. Le communisme et le capitalisme libéral. Depuis la chute du mur de Berlin, un affaiblissement du communisme a fait place à la mondialisation économique ou plus précisément au libéralisme intégral. Donc il est difficile de nous faire avaler qu’il existe de nos jours plus d’une centaine d’idéologies. En fait, ce ne sont que des regroupements de prédateurs des ressources de leur pays et non des organisations politiques. Feu le président Valérie Giscard D’Estaing (VGD) ne disait-il pas lorsqu’il y avait les deux blocs que « nous sommes dans un monde bipolaire ».

Aujourd’hui ce monde bipolaire n’existe que de façon résiduelle avec la Corée du Nord et la Chine populaire dirigée par son parti communiste créé par Mao Tsé Toung. Cela dit, Il faut que les politiciens de plaisanterie sachent que le multipartisme intégral n’exclut pas la limitation  des partis politiques dans notre pays comme en 1978.  Observez la Suisse, la Suède, les  meilleures démocraties en Europe, ou l’Inde. Ces pays n’ont pas des centaines de partis. Ce n’est pas la France ou il y a encore  la cacophonie des partis politiques. Je vous fais remarquer au passage que pour ce cas d’espèce, la  France n’est pas un bon exemple de démocratie sinon elle ne poursuivrait pas l’exploitation de ses anciennes colonies les opprimant économiquement et sur le plan monétaire avec la complicité de son parlement.   C’est la même France qui a incité les multiples mutineries en Centrafrique en 1996 parce que le président Ange Felix Patassé, élu démocratiquement, voulait du bien pour son peuple. Cette situation offrait la possibilité aux prédateurs français d’organiser le pillage des richesses du pays (diamant, Or, bois …). C’est  le même scénario que la France duplique au Mali, à KIDAL, après l’opération SERVAL. Donc, ne perdez pas de vue cette phrase du Général de Gaulle qui disait : «   La France n’a pas d’amis, elle a des intérêts ». Le président Macron, dans une interview, répondant à la question d’un journaliste sur des propos du président de Côte d’Ivoire Alassane Dramane Ouattara(ADO) au sujet d’une certaine amitié entre eux : « Je n’ai pas d’amis ». C’est clair, ADO n’est pas un ami du président français parce que cette France n’a pas d’amis, mais des intérêts.

Les leçons de démocratie

Cela dit, la France  n’est donc pas restée pendant 9 ans au Mali pour les beaux yeux du peuple malien ou parce qu’elle est amoureuse du Mali. Elle n’est donc pas le bon exemple pour un pays qui veut construire sa démocratie. Il y a aussi, les USA ou vous pouvez avoir le vote populaire sans être élu président des Etats-Unis. Ou un président ne peut pas être poursuivi après avoir incité ses partisans à envahir le Capitol comme l’a fait Donald Trump. Les USA sont disqualifiés pour donner des leçons de démocratie ; eux qui fabriquent toujours des fausses preuves pour envahir les pays faibles sous le prétexte de garantir leur sécurité. L’IRAK de Saddam Hussein, le Vietnam pendant 15 ans pour finir la queue entre les jambes tout comme en Afghanistan, après 20 ans de soi-disant lutte contre le terrorisme. Ils ont par là- même engagé une guerre anti-communiste qui a conduit à la fracture de la Corée en Nord et Sud. Ils maintiennent depuis 1948 les Palestiniens sans patrie, ils ont des bases militaires dans les quatre coins du monde. Ils mettent la pression, depuis 1945 sur la Russie anciennement communiste à travers  l’OTAN et pourtant ce sont les Russes qui ont vaincu Hitler avec la prise de Berlin. Ce sont les mêmes USA   qui imposent un embargo ridicule et stupide sur Cuba depuis 1961 alors que Fidèle Castro leur avait tendu la main lors de sa  visite officielle aux USA après sa prise de pouvoir qui a mis fin au régime du dictateur Batista, ami intime du capitalisme américain. Alors, quelles leçons de démocratie les USA peuvent –ils donner au monde ? 

Quelles leçons de démocratie la France peut –elle donner aux Africains si depuis les luttes anticoloniales elle conspire toujours avec les félons et traitres africains pour assassiner les nationalistes qui ne voulaient que du bien pour leurs peuples et leur pays ? Nous avons en mémoire   Silvanius Olympio au Togo, Thomas Sankara au Burkina Faso, etc. La Guinée Conakry en est l’illustration achevée pour la France après le non de Sékou Touré en 1958. Les Français ont tout saccagé (infrastructures immobilières, écoles…) abandonnant la Guinée en « plein vol ». C’est à cet instant que le monsieur Afrique de la France, Jacques Foccart, organise les grands complots contre le jeune Etat. Combien de Guinéens Jacques Foccart n’a pas utilisé pour éliminer physiquement Sékou Touré ? Et combien de fois Sékou Touré a déjoué des complots ? Assassinat, débarquement portugais, fausse monnaie transitée par la Cote d’Ivoire pour ruiner l’économie guinéenne à tel point que Jacques Foccart lui-même  disait,  à propos du complot monétaire : «  c’était idiot d’avoir tenté la fausse monnaie contre Sékou Touré ». Ce qui obligea Sékou Touré à torturer les conspirateurs et comploteurs en les incarcérant au camp Bouarro.   Des citoyens parmi lesquels des innocents peut-être ? De nos jours beaucoup de client des médias français qualifient Sékou Touré de tortionnaire sans désigner le responsable. Nous pouvons sans nous tromper affirmer que parmi les pays francophones de la CEDEAO, seule la Guinée Conakry peut avoir la qualité de pays souverain (politiquement) de par sa monnaie et sa terre, et cela grâce au président AMED SEKOU TOURE, que l’on oublie par amnésie volontaire. La Guinée n’est pas dans la zone UEMOA, donc tranquille côté sanctions financières stupides. Par contre le Mali, qui n’a pas voulu aller à sa souveraineté complète comme la Guinée après l’éclatement de la fédération du Mali est pris au piège par ses propres turpitudes. J’ai visité la Guinée de Sékou Touré, j’ai constaté que des Africains font un mauvais procès à Sékou. J’ai visité le camp mythique avant qu’il ne devienne une cité pour des agents de l’Etat. Cela dit, j’ai un autre regard sur la lutte de feu Sékou Touré pour son pays. Au-delà d’autres considérations et concepts, il est et a été un véritable fils pour la Guinée et pour l’Afrique, n’en déplaise à ceux qui croient à l’histoire que l’ex-colonisateur leur présente sur le leader Guinéen avec la complicité de certains félons.

Du copier-coller?

2. Après 30 ans d’expérience démocratique calamiteuse des pays Africains francophones, quels  enseignements pouvons-nous tirés ?

Nous constatons que la quasi-totalité des pays francophones a fait du copier-coller des instruments français : constitution, institutions, élections.

Nous constatons également que dans les pays francophones, depuis l’instauration du multipartisme après la conférence de la Baule, les peuples n’ont eu à la tête de leur pays que des politiciens prédateurs sous la bannière de la démocratie à la française. Ce concept de démocratie a eu comme impact la mal- gouvernance avec pour corolaire la prédation de nos richesses par des fonctionnaires véreux au détriment des masses populaires. Un adage dit que  «  chaque peuple a les dirigeants qu’il mérite ».Si cet adage  est juste pour certains pays, il ne l’est pas pour d’autres dont la  population est à 85% paysanne.

Est-ce qu’au nom de la démocratie, les militaires qui ne sont ni plus ni moins que des citoyens de la république ne doivent pas parachever les luttes des masses populaires ? Nous devrions nous assoir et nous contenter d’observer la classe politique organiser le pillage systématique de nos ressources ? Vendre nos pays par la corruption à des groupes terroristes ?

L’histoire des peuples nous enseigne que toutes les guerres qui se sont déroulées dans le monde ont toujours enrichi des individus en bandes organisées dans les pays concernés. Quelques exemples : pendant la seconde guerre mondiale, les Nazis ont pillé les juifs, les musés, etc. Au Mali, au Niger, au Burkina Faso, des militaires et civils se sont enrichis autour de la commande publique en matériel militaire.

Comme un « sacerdoce ecclésiastique »

Autres scandales : au Mali où le fils du président déchu Ibrahim Boubacar Keîta (IBK) organisait des croisières alors que le pays sombrait dans le terrorisme, que des Maliens ne mangeaient pas à leur faim, que l’argent du contribuable malien était  utiliser pour s’octroyer des pavillons de luxe dans des pays voisins du Mali,

Comment comprendre qu’au lendemain de son élection, le premier souci d’IBK n’était  pas d’équiper les FAMA en armement approprié, mais de s’acheter un nouvel aéronef présidentiel sous le prétexte qu’il a trouvé la commande à son installation au palais de  KOULOUBA. Dans de telles organisations criminelles, des leaders comme l’Imam DICKO devraient-ils  observer simplement leur pays couler ?

Les mêmes similitudes se retrouvent au Burkina où pendant que nos hôpitaux ne disposent pas de couveuses pour les prématurés (cf. décès des triplés au CHUYO par absence de couveuses), que les FDS n’ont pas d’équipement adéquat, que le gouvernement du MPP passe des commandes de véhicules de luxe pour le renouvellement du parc des ministres ? Que des véhicules V8 à plus de 90 millions soient à l’ordre du jour pour des ministres alors que sous la révolution, l’Effort Populaire Investissement(EPI), par les prélèvements sur les salaires , a permis l’achat d’Ambulances pour les 30 provinces ?

Que des agents de l’Etat soient des milliardaires au nom de la démocratie. Cependant, le service à la fonction publique doit être compris comme un sacerdoce ecclésiastique et  non une niche d’enrichissement illicite. Nous devrons avoir à l’esprit qu’on ne vient pas à la fonction publique pour être riche, mais pour servir. 

Que des édifices publics tombent à la première tempête au nom de la démocratie ? Conséquence de la corruption au niveau de la commande publique.

Que les richesses de notre  sous- sols soient bradées au détriment des générations futures par l’exploitation anarchique des ressources naturelles au nom de la démocratie ?

Qu’est-ce que nous réservons à nos enfants, aux générations futures dans les 50 ans à venir ?

Que des politiciens véreux modifient des lois dans le but de racheter les terres aux propriétaires terriens. Autrement dit, la relecture de la loi portant réforme agraire et foncière (RAF).

La révolution avait voulu corriger cette lacune sur la terre en supprimant cette notion  d’allogènes et d’autochtones  sur les terres. La relecture de la RAF afin d’avoir les  faveurs des autochtones, le CDP posait les jalons d’un conflit sociologique entre les habitants d’un même territoire. Si bien qu’aujourd’hui, les gouvernants sont mal placés pour faire la leçon aux promoteurs immobiliers qui ont acheté  les terres.

« La fin des coups d’Etat n’est pas pour demain »

De nos jours avec une gouvernance chaotique et calamiteuse d’apprentis sorciers en politique, on s’étonne que le cycle des coups d’Etats ressurgisse dans notre espace communautaire comme dans les années 60 lorsque ces coups d’Etats étaient organisés avec la complicité du monsieur Afrique de l’Elysée Jacques Foccart. Tant que nos médiocres politiciens ne changeront pas de paradigme dans la gestion de nos pays, la fin des coups d’Etat n’est pas pour demain.

Je ne voudrais pas faire l’apologie des coups d’Etat, mais force est de reconnaître que souvent la seule alternative au pillage de nos ressources est d’y mettre un terme par une force médiatrice que constitue l’armée. Si nous ne voulons plus des coups d’Etat, supprimons tout simplement l’armée. Auquel cas, nous ne pouvons pas piller les ressources du pays, appauvrir les populations, faire la fête dans les salons climatisés et demander aux militaires d’assurer notre sécurité tout en sécurisant les biens volés. Lorsqu’ils font un coup d’Etat, vous dites de retourner dans les casernes.

Posons-nous la question essentielle de savoir pourquoi ces coups d’Etat surviennent dans la zone francophone de notre sous-région.  Tant que nous n’allons pas poser les bonnes questions, ne nous étonnons pas que des coups d’Etat soient à l’ordre du jour. C’est un sale temps pour les politiciens sans morale

En 1991, début des manifestations de rues, un soulèvement populaire parachevé par un coup d’Etat a chassé le Gal Moussa Traoré du pouvoir. Des élections ont été organisées, les civils se sont accaparés du pouvoir d’Etat avec Alpha Omar KONARE. A la fin de son mandat, que peut-on tirer de la mémoire des plus de 400 morts (moins de 300 sur la stèle des martyrs) ? Une armée obsolète. La démocratie n’a enrichi que les prédateurs de la république jusqu’à la chute d’IBK chassé par la rue et les jeunes officiers de l’armée. C’est ce qui explique en partie la faiblesse de l’armée malienne après l’assassinat du Cl Kadhafi par l’OTAN, sous le regard complice de Jean Ping président de la commission de l’UA, qui a permis le vote de la résolution au conseil de sécurité. Est-ce par ignorance ou par corruption ? 

Il y a des situations pour lesquelles nous  préférons  un régime d’exception dur, juste, intraitable, qui rend la dignité à son peuple travailleur et qui ne l’affame pas, à une démocratie pourrie qui affame son peuple, qui assèche notre sous-sol par des appétits voraces.

Nous préférons un régime d’exception qui n’affame pas son peule, qui le soigne, qui le sécurise, qui lui apprend des métiers à une démocratie qui affame, qui ne soigne pas et qui prend toujours le premier avion pour aller se soigner à l’étranger avec l’argent du peuple. Lorsque nous disions, il y a quelques années sous le règne de Blaise Compaoré qu’il ne pouvait pas y avoir une transition pacifique dans notre pays, des faux politologues nous arguaient le contraire jusqu’à ce que l’insurrection nous donne raison. Les civils ont toujours montré leur incapacité à gouverner avec vertu dans nos pays. Voici d’ailleurs ce qu’en pensait l’ancien Premier ministre d’Afrique du Sud P.W.Botha: « A l’heure actuelle chacun de nous a vu pratiquement que les Noirs ne peuvent pas se gouverner. Donnez-leur des fusils et ils vont s’entretuer. Ils ne sont bons qu’à faire du bruit, danser, épouser plusieurs femmes et se livrer au sexe. Reconnaissons tous ; que l’homme noir est le symbole de la pauvreté, l’infériorité mentale, la paresse et l’incompétence émotionnelle ».

Poursuivant son discours, il ajoute : « Les Noirs sont les plus réceptifs aux arguments de l’argent. J’ai mis de côté un fonds spécial pour exploiter ce moyen. Le vieux truc de diviser pour mieux régner est encore très valable aujourd’hui. Nos experts doivent travailler jour et nuit sur le décor de l’homme noir contre son semblable. Son sens inférieur de la morale pourrait être exploité admirablement ».

« Une démocratie imaginée par nous sur nos propres valeurs »

Voici ce que notre modèle de démocratie a produit les 30 dernières années. La question que l’on peut se poser est de savoir si nous devons avoir la même vision de la démocratie que le modèle occidental ? Ou bien si nous sommes capables de trouver l’inspiration d’un autre modèle de démocratie imaginé par nous sur nos propres valeurs.

Par ailleurs lorsque nous critiquons l’élite dans nos pays par rapport à la corruption, ce ne sont pas des paroles en l’air, les propos de P.W. Botha sont assez clairs.

Un petit rappel historique du Burkina, ancienne Haute Volta, sur la gestion du pouvoir d’Etat est édifiant de par le nombre de coups-d ‘Etat depuis son accession à la souveraineté politique:

  1. 03 Janvier 1966 : les civils font appel au LCL Sangoulé Lamizanna pour chasser Maurice Yaméogo du pouvoir pour rabattement des salaires de 20%, l’intendant militaire Tiémoko Marc Garango impose la « Garangose » (IUTS..). Silence radio des syndicalistes et travailleurs. Cette garangose existe de nos jours ;
  • 08 Février 1974 : conflit président Assemblée nationale (Joseph Ouédraogo dit Jo OUEDER) – Premier Ministre (Gérard Kango Ouédraogo). Le  syndicat demande à l’armée d’arbitrer: l’armée reprend le pouvoir ;
  • 1978 : nouvelle constitution, élections présidentielle, ballotage Gal Sangoulé Lamizanna- Macaire Ouédraogo, les civils choisissent le Général ;
  • Novembre 1980 : grève illimitée des enseignants, Saye ZERBO chasse son cousin  Sangoulé Lamizanna président élu au suffrage universel. L’armée prend le pouvoir.
  • 1982 CSP1/CSP2. Le médecin commandant Jean Baptiste Ouédraogo chasse le Col. Saye ZERBO ;
  • 04 Aout 1983 : le capitaine Blaise Compaoré descend de la garnison de Pô avec les commandos et chasse JBO, c’est la révolution du 4 août :
  • 15 octobre 1987 le capitaine Blaise Compaoré fait assassiner le président Sankara et s’empare du pouvoir. L’armée gère le pouvoir pendant 27 ans avec la complicité des civils, dans une pseudo démocratie à la française ;
  • 30-31 octobre 2014 : insurrection populaire, Blaise Compaoré est chassé par la rue après 27 ans de règne ;
  • 24 janvier 2022 : après 6 ans de pouvoir calamiteux, corrompu et affairiste, Rock Marc Christian KABORE est chassé à son tour par l’armée. L’élection de  RMCK en 2015 a été une grosse erreur. Issu d’un vote sociologique par la corruption le MPP a roulé dans la farine le peuple burkinabé.  

Chronologie interpellatrice  

Cette chronologie des successions de coups d’Etat nous interpelle sur l’incapacité des civils à gérer le pouvoir d’Etat. En 1966, ce sont les civils qui ont interpellé l’armée. Depuis lors, l’armée a toujours géré le pouvoir jusqu’en octobre 2014, date de la seconde insurrection populaire, inachevée comme la première en 1966 à la seule différence qu’en 2014, les civils organisés au sein du CEFOP ont refusé d’assumer le pouvoir politique avec Zéphirin Diabré qui disait, sur France 24 après la fuite de Blaise Compaoré, que : « les militaires ne m’ont pas encore appelé » tout simplement parce que le CEFOP n’avait pas de plan B pour la gestion du pouvoir de transition. Donc sur ce plan nous pouvons aisément sans nous tromper, affirmer que c’est le CEFOP et Zéphirin qui ont offert non seulement le pouvoir du peuple insurgé à ZIDA, mais également Kossyam à ROCK, le dernier arrivant au CEFOP. C’est tout simplement de l’amateurisme politique. L’histoire des peuples insurgés nous enseigne que ce sont les insurgés qui doivent impérativement assumer le pouvoir politique après l’insurrection exception faite du  Mali en mars 1992. Au Burkina Faso la classe politique du CEFOP a été incapable de gérer ce pouvoir politique. Elle a refusé de s’assumer et a préféré la continuité de la mal- gouvernance par les compagnons de 27 ans du régime Compaoré.

Donc la gestion du pouvoir d’Etat par l’armée Burkinabé ne date pas d’aujourd’hui, elle date du 03 janvier de l’an  1966, date à laquelle les politiciens en mal, d’inspiration et de vision  et des syndicalistes politiquement analphabètes ont remis le pouvoir politique et le pouvoir d’Etat à l’armée voltaïque.

La particularité de ce dernier pouvoir est que le MPSR s’est tiré lui-même une balle dans les pieds en ne dissolvant ni la constitution, ni les partis politiques, et en ne gouvernant pas par décret tels Sangoulé LAMIZANNA, Sey ZERBO, Jean Baptiste OUEDRAOGO, Thomas SANKARA, Blaise COMPAORE dans la rectification et le Front populaire pour faire plaisir à une communauté internationale qui n’est autre qu’un panier à crabes. Quelle est sa composition ? Qui sont ses membres ? Et de qui avons-nous peur  en réalité ?

Deux présidents civils chassés du pouvoir avant la fin de leur second mandat. Il faut signaler au passage que Yaméogo Maurice venait aussi d’être réélu à 98.99% quelques jours avant.

Tant que nous n’allons pas considérer les militaires comme des enfants de la patrie qui peuvent aussi prétendre à la gestion de l’appareil d’Etat , au lieu de les considérer comme des moins que rien bon à assurer notre sécurité pendant que nous faisons la fête tel que décrit par P.W. Botha, les coups d’Etat ne finiront jamais dans notre pays et ce n’est ni la CEDEAO des chefs d’Etat, ni leurs co-prédateurs de l’Occident qui pourront nous venir en aide.

Changer de paradigme

Pour éviter de futurs coups- d’Etat, une alternative de  solutions est proposée dans les lignes qui suivent.

3. Au regard de ce qui précède des expériences démocratiques copiées et inspirées de la métropole, il nous revient de changer de paradigme en s’inspirant de nos valeurs traditionnelles. Il faut éviter les mariages incestueux qui privent nos populations d’une véritable démocratie.

Pourquoi vouloir coûte que coûte copier la démocratie à l’occidentale pendant que  nos pays ont une culture démocratique et une organisation administrative défiant toute concurrence avant la pénétration coloniale ? De nos jours, elle existe toujours.

Pour des pays comme le nôtre, en dehors de l’organisation politique des royaumes Mossis, Bobo Mandare peut-être, gourmantché, peul du liptako-gourma, San, ….qu’avons-nous comme référence si non le code civil de Napoléon Bonaparte d’où est copié le code civil de nos pays. On se contente de faire du copier-coller de la constitution de la quatrième et de la cinquième république française. Nos soi-disant constitutionalistes ne sont que des perroquets du code civil de Napoléon. S’ils sont de véritables constitutionalistes, qu’ils nous proposent une  constitution sur la base des connaissances en matière d’organisation politique de nos sociétés africaines. S’ils n’en sont pas capables alors qu’ils ne masturbent plus les cerveaux de nos enfants dans nos universités du code civil de Bonaparte. Qu’ils conduisent des recherches qui puissent nous amener à des propositions de constitution basées sur nos valeurs africaines. Pour le cas du Burkina, il y a les royaumes mossi qui ont un mode d’organisation politique, les peuples bobo et San, les peuples du nord avec l’Emirat du Liptako. Une synthèse peut nous conduire à une loi fondamentale pour notre pays et c’est possible et faisable pendant la transition. Les étudiants en droit de nos universités doivent être mis à contribution pour des thèses de doctorat qui participeront à la rédaction de cette nouvelle constitution basée sur nos valeurs traditionnelles.

Cette synthèse pourrait nous conduire à un régime imaginé par nous et en phase avec nos valeurs traditionnelles. Un régime dans lequel le parlement serait composé de représentants issus de toutes les nationalités (je dis bien nationalités parce que le Burkina n’est pas une nation au sens stricte du terme, mais composé de plusieurs nationalités que le colonisateur a baptisé ethnie. Il est juste de parler de peuple burkinabé et non de nation qui est l’émanation d’un groupe de population ayant la même langue, la même culture et vivant sur le même territoire géographique. Pour le cas du Burkina, nous avons le même territoire géographique sur lequel cohabitent plus de 60 ethnies (nationalités) et autant de langues. C’est d’ailleurs cette qualité de peuple qui fait que nous ne pouvons pas adopter une seule langue d’enseignement  comme l’a fait l’Ethiopie avec le Amaril ou encore le Swahili au Zimbabwe. Pour une refondation de notre Etat, je souhaiterais que le MPSR… invite les «  grosses têtes » qui se disent constitutionalistes et qui nous font de la masturbation  intellectuelle avec les textes français à nous proposer une nouvelle constitution basée sur les valeurs démocratiques traditionnelles du peuple Burkinabé(les mossis, les peuls (foula), les bobos, les San, Lobi, gourmantché. C’est à ce moment qu’ils mériteront le respect du peuple tout entier et le regard jaloux des autres peuples. Ils pourront également s’inspirer de la Charte du MANDE auquel le royaume du Yatenga avait  adhéré avec 11 autres royaumes et empires au 12ème siècle. Si la refondation de notre pays va se limiter à refaire du copier- coller des textes français en matière de démocratie, non seulement nous n’aurons pas avancé, mais nous n’épargnerons pas le pays de coup d’Etat. Cette loi fondamentale basée sur nos valeurs traditionnelles acquises et traduite dans nos langues nationales aura sans doute la compréhension et l’adhésion de nos vaillantes populations à partir du moment où elles sentiront que cette loi est l’émanation de leurs propres valeurs sociétales.

Limiter les partis politiques

Nous devons également porter la réflexion sur la limitation des partis n’en déplaise à ceux qui veulent la non limitation des partis. Sous la troisième république il y avait trois (3) partis. Franchement est-ce qu’il y a 100 idéologies dans le monde  en dehors de la droite, de la gauche et du centre ? Aujourd’hui nous sommes dans un monde unipolaire avec un capitalisme absolu que ses géniteurs ont convenu d’appeler mondialisation de l’économie; on parle alors de mondialisation. Alors ou sont les autres idéologies au point de créer autant de partis?

Pourquoi les occidentaux n’imposent-ils  pas comme condition préalable le multipartisme à la Chine avant la délocalisation de leurs industries? C’est parce que la Chine a choisi un autre modèle de société pour se développer dans sa culture. Par ailleurs, les intellectuels africains ne se sont jamais posé la question de savoir pourquoi ces démocraties occidentales et notamment la France et les Etats- Unis ne font pas les donneurs de leçons de démocratie aux pays du golfe (Arabie Saoudite, Qatar, E.A.U..) ? Pourquoi la Charia n’est jamais dénoncée dans ces pays par les pays occidentaux? P.W.Botha dans son  même discours disait  :  « Il est néanmoins réconfortant de savoir que derrière la scène, en Europe, Amérique, Canada, Australie et tous les autres pays sont derrière nous, en dépit de ce qu’ils disent. Nous savons que tous ces pays doivent utiliser la langue diplomatique dans leurs relations avec nous. Pour prouver mon point, Camarades, y a-t-il quelqu’un d’entre vous qui connaît un pays blanc n’ayant pas d’investissement ou d’intérêt en Afrique du Sud?

Qui achète notre or? Qui achète nos diamants? Qui fait le commerce avec nous? Qui nous aide à développer des armes nucléaires ? La vérité c’est que nous sommes leur peuple et ils sont notre peuple. C’est un grand secret.

Notre économie est soutenue par l’Amérique, la Grande-Bretagne, et l’Allemagne ».

Pourtant leur démocratie à l’occidentale n’est pas pratiquée dans ces pays et pourtant les pays de l’Union Européenne commercent avec ces pays du golfe qui leur vent du pétrole. Ils vendent des armes à ces pays dont les dirigeants passent du bon temps sur les plages à Nice dans les pavillons de luxe. Peuvent-ils imposer des élections démocratiques dans ces pays ou bien pensent-ils que nos pays demeurent toujours à leurs yeux des pays colonisés taillables et corvéables à volonté ? C’est vrai ils ont l’arrogance et l’audace de le faire pour la simple raison que depuis les indépendances, nos dirigeants ont toujours infantilisé leurs peuples surtout en Afrique francophone, au point de vendre l’âme de leur pays à l’ex-colonisateur. Est-ce que la reine d’Angleterre, en dehors de la réunion des pays du Commonwealth,  convoque les chefs d’Etats anglophones avec injonction ?  Ceux qui ont compris et qui ont voulu affranchir leur peuple ont subi la foudre de la trahison par les assassinats avec la complicité leurs compatriotes corrompus.

Un modèle démocratique compris par tous

Imaginons par exemple un modèle nouveau sans partis politiques dans lequel nous aurons le scénario ci-après:

  • Une assemblée consultative au sein de laquelle toutes les nationalités (ethnies) seront représentées ;
  • Où dans chaque village il y aura un nombre défini  de  délégués ;
  • Une assemblée communale avec l’ensemble des délégués des villages ;
  • Une assemblée régionale ;

Une assemblée consultative qui sera charger d’élire le haut représentant du pays (président du Faso pour un mandat unique de 5 ans ou à durée indéterminée) ;

  • Au plan judiciaire, il y aura les tribunaux de conciliation villageois, les tribunaux
  • Un haut conseil des sages (1 par région et les anciens présidents) équivalent de la cour constitutionnelle ;
  • La conférence des chefs traditionnels (coutumiers), des leaders des deux grands groupes religieux. Cette conférence pourrait se dérouler une fois par an et ses  conclusions viendront en appoint au haut conseil des sages

Les lois seront débattues à partir des assemblées communales pour remonter à l’assemblée consultative, etc.

C’est seulement à ce prix que nous allons éviter de manière définitive les coups- d’Etat parce qu’aucun fils du pays ne se verra exclu de la gestion de l’Etat. C’est aussi à ce prix que nous allons éradiquer la corruption endémique parce que les infrastructures qui seront réalisées dans les communes, régions  auront comme contrôle, surveillance, veille citoyenne les citoyens eux-mêmes.

Le budget de la CENI qui n’existera plus, sera dédié aux infrastructures dans les régions et celui de l’AN servira d’indemnités de sessions aux différentes structures consultatives lors des sessions, et ainsi nous pourrons dire au revoir aux  élections corrompues et farfelues à coût de milliards.

Retenons ceci : «  Tout ce qui sort de l’imagination de l’homme est réalisable par l’homme », disait feu le capitaine Thomas Isidore Sankara.

Imaginons notre modèle de démocratie, compris par tous, accepté par nos populations citadines et rurales.

Yassou Mamadou alias KZ

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