Société

Secteur de l’énergie : la production nationale d’électricité en baisse de 26% selon l’ARSE

Le rapport annuel de l’année 2019, de l’Autorité de régulation du secteur d l’énergie (ARSE) a été présenté aux hommes de média ce 29 janvier 2021 à Ouagadougou. La présidente de l’institution, Mariam Gui Nikièma est revenue sur l’état du secteur en 2019, ses faiblesses, les activités réalisées, les difficultés rencontrées et les recommandations formulées. « La production nationale connait une baisse de 26%  (748 GWh contre 1016 GWh en 2018), du fait de l’augmentation des importations et de la contribution d’AGGREKO (centrale louée par la SONABEL et située vers le stade de 4 août) ».

L’ARSE est une autorité administrative et indépendante doté de la personnalité juridique et de l’autonomie de gestion. Elle a pour mission d’assurer, le contrôle et le suivi  des activités des exploitants et des opérateurs  du secteur. Dans ce cadre, elle a pour mission  de veiller au respect de la règlementation régissant  le secteur de l’énergie, de la préservation des intérêts des usagers du service public de l’énergie, de protéger les droits  des acteurs  du secteur, de proposer à l’Etat des tarifs  applicables  dans le secteur  de l’énergie, de régler les litiges  dans le secteur de l’énergie, de veiller à l’équilibre  économique et financier du secteur.

Télécharger l’intégralité du rapport : https://www.lobspaalga.com/wp-content/uploads/2021/01/Rapport_arse_2018.pdf

L’état du secteur en 2019

2019 a été meilleure comparativement à 2018. Ceci découle des réformes engagées par le Gouvernement, réformes qui ont abouti à l’adoption de la loi 014 du 20 avril 2017 portant réglementation du secteur de l’énergie et la prise de certains de ses textes d’application.

En termes de résultats globaux, on note :

– Une augmentation de 7% de l’énergie totale du système (SONABEL et COOPEL interconnectées) passant à 1 989 GWh contre 1858 GWh en 2018, soit un surplus de 131 GWh.

– Une baisse de 26%  de la production nationale (748 GWh contre 1016 GWh en 2018), du fait de l’augmentation des importations et de la contribution d’AGGREKO.

– Une réduction des pertes globales qui passent de 15,61 % en 2018 à 15,24%  en 2019 soit 0, 37% de taux global de pertes.

le taux d’électrification nationale estimé à plus de 45% en 2019 contre 43,2% en 2018 selon l’enquête régionale intégrée sur l’emploi et le secteur informel (ERI-ESI) réalisée par l’INSD en 2018 qui prend en compte l’électrification des ménages par le solaire PV. En effet, selon l’enquête, le taux d’accès à l’électricité du fait du solaire en 2018 est de 14% en milieu urbain contre 27,6% en milieu rural.

  • Résultats par segment :
  • au niveau de la production : une hausse des importations d’énergie notamment celles venant du Ghana (hausse de 113%) et une légère baisse de celle de la Côte d’ivoire de 10%, due essentiellement à des problèmes techniques.
  • Au niveau de la Production  et Transport : une réduction des pertes qui passent de  2,31% en 2018 à 2% en 2019, soit un gain de 0,31 point.
  • Au niveau de la distribution : une réduction des pertes qui passent de 13,62% en 2018 à 13,51% en 2019, soit gain de 0,11 point.
  • Au niveau de la qualité de service : une amélioration de la situation de 2018 à 2019.

En effet :

  • la clientèle de la SONABEL a ressenti en moyenne 149 coupures (SAIFI : indice de fréquence moyenne des interruptions de service) qui ont duré au total 86 heures (SAIDI : indice de durée moyenne des interruptions de service) en 2019, contre 176 coupures qui ont durée 126 h en 2018.
    • le délestage a été très réduit en 2019 comparé à 2018. L’END (énergie non distribuée) due au délestage a été de 3,5 GWh en 2019 contre 18,5 GWh en 2018, soit une baisse de plus de 81%.

Néanmoins, ces résultats traduisent une qualité de service insuffisante et ne sont pas un bon signal pour le climat des affaires, selon les critères de Doing Business de la Banque Mondiale. Selon ces critères, si SAIDI et SAIFI sont supérieurs à 100, le pays a une note 0. Or SAIDI et SAIFI en 2019 comme en 2018 sont supérieurs à 100. 

  • Sur le plan économique et financier : Pour la quatrième année consécutive la SONABEL a réalisé un résultat net positif. Il est de 2,266 milliards en 2019 contre 9,104 milliards en 2018. En contrepartie, l’Etat a subventionné le combustible consommé par la SONABEL, à hauteur de 39 milliards en 2019 contre 36 milliards en 2018. La subvention, rapportée au kWh facturée au client est de 22,96 FCFA en 2019 contre 23,24 FCFA en 2018.
  • Pour réduire les subventions de l’Etat : opérer un choix des sources de production moins onéreuses (énergies renouvelables, importations), maîtrise de certaines charges d’exploitation   .
  • Pour les opérateurs concessionnaires dans les zones rurales encadrés par l’Agence Burkinabé de l’Electrification Rurale (ABER), le choix des sources renouvelables constitue également la meilleure option.
  • Le contrôle de performance de la SONABEL par rapport au contrat plan Etat-SONABEL 2015-2019 révèle des engagements respectés et d’autres non satisfaits :
    • Au titre des engagements respectés, on note l’amélioration de la consommation spécifique de combustible, l’amélioration du ratio HFO/DDO (84% de Fuel et 16 % de DDO), l’augmentation des clients selon le nombre prévu (au moins 50 000/an), etc.
  • Cependant la SONABEL doit encore faire des efforts dans la maitrise globale des charges par la suppression ou arrêts de certaines centrales thermiques dont la durée de vie est largement dépassée et la poursuite de la digitalisation des services (cas de Ouaga 1 et Ouaga 2. Le coût de production de ces centrales autour de 267 F par kwh en 2019 contre kossodo 93 F kwh).
  1. Les faiblesses du secteur
  2. Insuffisance des investissements ; absence de réserve de production ; forte dépendance à l’égard des énergies fossiles importées ; coût élevé du kWh d’origine thermique diésel ; faible valorisation des ressources énergétiques endogènes.
  • Les activités réalisées
  • Au titre du Conseil de régulation :
    • Examen de plusieurs dossiers sur le fonctionnement des services.
    • Cinq (05) avis conformes émis dont :
      • Avis conforme portant sur la demande de licence de production d’énergie électrique de la société AGGREKO
      • Avis conforme portant sur la demande de licence de production d’énergie électrique de la société TILE ENERGIE
      • Avis conforme portant sur la demande de licence de production d’énergie électrique de la société QUADRAN BURKINA FASO S.A
      • Avis conforme portant sur la demande de licence de production d’énergie électrique de la société DEDOUGOU SOLAIRE SARL
      • Avis conforme portant sur la demande de licence de production d’énergie électrique de la société KODENI SOLAR SASU).
  • Trois (03) avis simples émis, dont :
    • Avis simple portant sur l’avant-projet de décret portant « conditions et procédures d’octroi de concession de production/distribution ou de distribution et d’autorisation de distribution d’énergie électrique »
    • Avis simple portant sur l’avant-projet d’arrêté portant « fixation des conditions d’obtention de l’agrément technique de la profession d’entrepreneur de travaux de réseaux ou de centrales électriques thermiques ou de sources renouvelables »
    • Avis portant sur l’avant-projet d’arrêté portant « conditions et modalités de déclaration de production et d’autoproduction et de délivrance d’autorisations d’autoproduction d’énergie électrique ».
  • Au titre du règlement des litiges : le dossier de la Coopérative d’électricité de Solenzo (COOPELSO), soumis en juillet 2018 en vue d’un « arbitrage final » sur le différend qui l’oppose à la Commune de Solenzo a connu également une suite de traitement en 2019.

W. Harold Alex Kaboré

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