Editorial

Relation France/Afrique : L’indispensable révolution

Le 30 janvier dernier, le gouvernement malien a déclaré persona non grata l’ambassadeur de France accrédité à Bamako. De mémoire de journaliste, c’est une première en Afrique. En effet, même sous les régimes révolutionnaires bon teint qu’a connu certains pays du continent, notamment en Algérie, en Guinée Conakry, en Libye, au Burkina, etc., où la France était le punching ball de nationalistes convaincus, aucun ambassadeur français n’avait été prié de débarrasser le plancher.

Les autorités maliennes ont donc fait fort en renvoyant l’ambassadeur Joel Meyer, donnant ainsi un aperçu de la fracture de plus en plus ouverte des relations entre le Mali et la France. Et peut-être bien que la rupture totale n’est pas loin si le président Macron et ses ministres n’arrêtent pas de faire dans l’arrogance et le complexe du suzerain effarouché. On apprend du reste que le ministre des Affaires étrangères, appelé à s’expliquer devant l’Assemblée nationale a déclaré ce 1er février, que l’Hexagone prendrait bientôt des décisions importantes sur l’avenir de sa coopération militaire avec le Mali.

 Autres temps, autres mœurs politiques et diplomatiques ! L’Afrique d’aujourd’hui, n’est plus l’Afrique d’hier. La France du 21e siècle ne doit plus être la France du 19e – 20e siècle. Depuis le temps que les Africains appellent à une refondation de la relation France/Afrique, il est temps que les choses changent. Dans cette perspective, il est évident qu’entre les gouvernements français qui se succèdent et promettent les uns après les autres d’opérer cette révolution qui ne vient pas, et la rebuffade actuelle du gouvernement malien, le choix est vite fait. Le courage malien pourrait faire école si la France par sa coopération militaire, monétaire, sa diplomatie et ses multinationales continue à imposer des relations inéquitables aux pays africains.

Et pourtant, malgré la francophobie ambiante actuelle en Afrique de l’ouest, la plupart des Etats et même la majorité des populations, quand on décape les émotions et la passion qui les animent, ne veulent pas d’un « divorce au contentieux » avec l’Hexagone, mais simplement d’une révolution mutuellement avantageuse dans leurs relations avec la France.

Zéphirin KPODA

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