Editorial

Elections au Burkina : Consensus rassurant ou factice des acteurs politiques?

Le 30 octobre 2020, après 23H 59 mn, s’ouvre au Burkina la campagne électorale pour le double scrutin législatif et présidentiel du 22 novembre. Si ce sont près d’un millier de candidats présentés par une vingtaine de partis qui vont se disputer le suffrage d’environ 6,5 millions d’électeurs, ils sont au finish 13 prétendants à la magistrature suprême dans les starting-blocks.

La Commission électorale nationale indépendante (CENI) met les petits plats dans les grands afin que cette consultation du peuple des électeurs se passe sans anicroches. De son côté, le Conseil supérieur de la communication (CSC) s’investit pour un égal accès de tous les candidats et partis politiques aux médias d’Etat et surtout pour que leurs discours politiques ne viennent pas altérer la coexistence pacifique des populations. Dans cette dynamique, les acteurs politiques, de la société civile, des médias et des agences de publicité ont signé, sous l’égide du CSC, un pacte de bonne conduite, le 26 octobre dernier. Quelques jours auparavant, la CENI avait organisé l’audit du fichier électoral.

Les pièces du grand puzzle d’un scrutin apaisé se mettent donc en place dans un consensus rassurant des principaux acteurs politiques. Pourvu qu’il ne soit pas factice, ce consensus, et que les états-majors des différents candidats ne fourbissent que les armes d’une adversité politique policée pour séduire pacifiquement les électeurs. C’est là un impératif dans un Burkina à la situation sécuritaire fragile, qui, par plus d’une fois, a frôlé le pire des affrontements intercommunautaires. C’est connu, les attaques récurrentes dont le pays est l’objet de la part de pseudo-djihadistes depuis plus de 4 ans ont mis la coexistence pacifique des populations à rude épreuve dans bien de localités et les risques de stigmatisation communautaire et/ou de repli identitaire sont réels, susceptibles d’être aggravés par d’éventuels dérapages lors de la campagne électorale.

On touche alors du bois pour que les démons du communautarisme, du radicalisme sans bornes, des inimitiés politiques viscérales qui endeuillent d’autres pays de la région ouest-africaine engagés dans des processus électoraux controversés ne viennent hanter le Burkina. Que le processus électoral en cours s’achève comme il a commencé : Dans le respect des lois, le dialogue, la tolérance des acteurs, l’impartialité de la CENI, la libre détermination des électeurs.

Sur ce dernier point, on n’est attentif au débauche de moyens dont sont coutumiers certains candidats et certaines formations politiques pour gagner le cœur des électeurs. Il est vrai que, la pauvreté et le faible niveau de compréhension des enjeux des élections aidant, c’est moins la pertinence des programmes politiques proposés que les offres financières, matérielles et logistiques des candidats qui déterminent le vote de bien de Burkinabè. C’est là assurément un gros bémol quant à l’égalité des chances des candidats dans ce double scrutin que l’on dit des plus ouvert. Hélas, il faut craindre qu’ en lieu et place des démons de  l’irrédentisme politique avec  ses corollaires de haine et d’affrontements meurtriers qui se vivent ailleurs, le dieu Mammon ne vienne dévoyer la sincérité du vote, le 22 novembre prochain. C’est en tout cas le point de vu de certains opposants qui dénoncent, avant même le début de la campagne, une corruption électorale rampante.

On attend de voir comment se passeront les 21 jours à venir, non sans craindre que ces accusations à peine voilées contre le parti au pouvoir ne soient des prémisses d’un refus des résultats qui sortiront des urnes. Pourtant, il faut rappeler à bon escient que malgré les largesses d’un candidat, l’électeur, seul dans le bureau de vote, peut se déterminer librement. A bon entendeur…

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