Defense & Sécurité

Barkhane au Sahel : « Son avenir se construira avec les capitales africaines », selon le commandant Michon

Quel avenir pour la Force française Barkhane au Sahel après s’être retirée du Mali où elle a intervenu huit ans durant ? C’est l’une des nombreuses questions posées au commandant de ladite Force, le Général Laurent Michon, au cours d’une conférence de presse co-animée avec l’Ambassadeur de France au Burkina, Luc Hallade, à Ouagadougou. Le général Michon évoque une « transformation profonde » de Barkhane qui consolidera ses actions dans les autres pays du G5 Sahel mais à la seule condition que les pays en fassent la demande.

Le général Laurent Michon lors de la conférence de presse à Ouagadougou

Dans un contexte précédé d’une tension diplomatique entre Paris et Bamako avec à la clé le retrait des troupes françaises et européennes du sol malien, une simple évocation du sujet de l’opération Barkhane capte toutes les attentions. En témoigne la kyrielle de journalistes qui ont accouru à l’ambassade de France au Burkina suite à l’annonce d’une conférence de presse coanimée par le commandant de Barkhane, le général Laurent Michon, de passage au pays des Hommes intègres, et l’ambassadeur Luc Hallade.

Mais avant, ce fut d’abord une cérémonie d’hommage aux victimes du terrorisme, le 11 mars étant la Journée française et européenne dédiée à celles-ci. Entre les drapeaux nationaux de la France et du Burkina, dressés côte à côte, deux gerbes ont été déposés, par l’ambassadeur Hallade et les ministres burkinabè de la Sécurité et de la Communication, respectivement, le colonel-major Omer Bationo et Valérie Kaboré. Et  cela, après l’exécution des hymnes nationaux des deux pays sous le regard des chefs militaires européens et burkinabè.

Par victimes du terrorisme, il faut comprendre des milliers de militaires et civils burkinabè fauchés par les balles assassines des forces du Mal depuis maintenant sept bonnes années mais aussi une cinquantaine de soldats français tombés au Sahel, notamment dans le cadre de l’opération Barkhane. Justement Barkhane, son commandant, Laurent Michon tout comme le diplomate Hallade ont voulu qu’on se le tienne pour dit : le départ de cette force du Mali ne signifie pas un départ total du Sahel.  Avant d’en donner les explications, le général Michon a jugé nécessaire un rappel historique. Après le début de l’intervention au Mali en 2014, dit-il, Barkhane a concentré ses efforts sur deux points depuis le sommet de Pau en 2020 : la lutte contre l’Etat islamique dans la zone dite des frontières (Mali, Burkina, Niger) et l’appui des forces armées locales dans leur montée en puissance.

Séance de dépôt des gerbes

Parfois vivement critiquée pour n’avoir pas permis d’éradiquer le terrorisme au Sahel, après s’y être installé pendant plusieurs années, Barkhane a encore pourtant un avenir dans le vaste Sahel, en à croire le général Michon. « Cet avenir se construira avec les capitales africaines suivant ce qu’elles souhaitent, dans une zone qui sera étendue jusqu’au Golfe de Guinée. Ce ne sera donc plus seulement dans les cinq pays du G5 Sahel, et en particulier le long des frontières », précise le général Michon. « Nous allons poursuivre l’appui que nous pouvons proposer au Burkina, au Niger et au Mali dans la zone des trois frontières, par les airs par exemple», a -t-il déclaré. Mais sur le cas du Mali, une condition reste posée : « Qu’il n’y ait pas de Wagner. S’il y a des mercenaires russes, comme c’est le cas dans la zone d’interdiction temporaire aux aéronefs français, là nous n’appuierons plus les Maliens ou la force conjointe du G5 Sahel », a fait savoir le conférencier.

Redéploiement, recomposition, duplication, voilà des termes pas exacts lorsqu’il faut parler de la Barkhane de l’après Mali, selon celui qui a pris les commandes de l’opération française depuis l’été dernier. « Ces termes laissent croire qu’on va faire du copier-coller, qu’on va dupliquer l’intervention au Mali dans d’autres Etats. Or ce n’est absolument pas le cas et ça n’a jamais été le cas », a martelé Laurent Michon.  

Les nouvelles autorités burkinabè, issues du coup d’Etat du 24 janvier dernier, ont-t-elles la main tendue à Barkhane ? Rien de précis, à écouter le général Michon. « Il n’y a aucune intention de demande à ma connaissance de redéployer quoi que ce soit ou de déployer quelque chose au Burkina », a déclaré le commandant.

Alors qu’à la mi-novembre de 2021 un convoi logistique de Barkhane a été bloqué au centre-nord du Burkina sur fond d’accusations de soutien en armes aux groupes terroristes par la France, cette conférence de presse a été l’occasion pour l’ambassadeur français au Burkina de balayer du revers de la main ces accusations. « Les Burkinabè, les Maliens, les Nigériens ont perdus des soldats dans cette lutte contre le terrorisme, l’armée française en a perdu aussi », invraisemblable donc de « livrer des armes à des gens qui tuent nos soldats », estime Luc Hallade.

Bernard Kaboré

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