Discours sur la situation de la nation : « Nous n’avons pas de stratégie de lutte contre le terrorisme », déclare Christophe Dabiré
C’est une disposition de la Loi fondamentale qui le stipule: après avoir prononcé son discours sur la situation de la nation (DSN), le Premier ministre se prête aux questions des députés. Ainsi, à l’issue de son DSN, ce 20 mai, Christophe Joseph Marie Dabiré a eu du pain sur la planche, plusieurs préoccupations ayant été égrenées, plus de quatre heures durant, par les représentants du peuple. Des préoccupations qui s’étendent de la sécurité à la santé en passant par l’accès à l’eau potable, l’éducation, les infrastructures de désenclavement, etc. A la question d’un député sur la stratégie gouvernementale de lutte contre le terrorisme, le Premier ministre a déclaré : « Nous n’avons pas de stratégie ».
«Je suis de ceux-là qui pensent que ce qui est fait est bien mais ce n’ai pas arrivé ». En empruntant ce jargon aux commerçants burkinabè pour répondre aux nombreuses questions des députés sur les infrastructures routières inexistantes ou insuffisantes dans certaines parties du territoire, Christophe Dabiré voit le verre à moitié plein. C’est d’ailleurs sa perception pour le reste des secteurs d’activité en souffrance selon de nombreux députés auteurs de questions.
Sur la question sécuritaire, le PM a insisté sur un fait : gagner la guerre dans un bref délai serait une intention. « Ceux qui me demandent à quand la fin du terrorisme, je leur renvoie leur question. Si j’avais la réponse, j’aurais dit : c’est demain la fin », a martelé le chef du gouvernement. Et de rassurer les élus en ces termes : « Des efforts sont faits, nous allons gagner la bataille mais cela prendra du temps. Il faut que chacun mette la main à la poche et à la patte pour qu’on y arrive. »
Quelle stratégie de lutte est la bonne selon le gouvernement ? Pas de stratégie spéciale a indiqué Christophe Dabiré qui en veut à ceux qui demandent toujours de décliner une stratégie sans en proposer. Si stratégie il y a, elle consiste à organiser les FDS et les VDP pour la sécurisation du territoire, a indiqué le PM, convaincu que seule cette option permettra le retour des personnes déplacées internes dans leurs localités respectives. Et de lancer, le ton empreint d’humour, un appel à stratégie à tous ceux qui en disposeraient.
« Pas de pilotage à vue au terme du PNDES »
En ce qui concerne les personnes déplacées internes, « nous nous battons tous les jours pour que ces gens aient à manger, se soigner, se loger. C’est en cela qu’il faut encourager les familles d’accueil », a déclaré le patron du gouvernement.
Certes, des écoles sont fermées, certaines démolies du fait de l’insécurité, mais le gouvernement reste optimiste, selon Christophe Dabiré. A l’en croire, l’exécutif ne se lassera pas de reconstruire ou de sécuriser les écoles dans la mesure du possible.
La question foncière a été plusieurs fois posée. Des populations attendent désespérément des opérations de lotissement ou de restructuration. Que compte faire le gouvernement ? Christophe Dabiré a indiqué que l’enquête sur la question menée il y a quelques années par l’Assemblée nationale inspire le gouvernement dans sa volonté d’apurer ce passif.
Quid de l’accès à l’eau potable qui reste insuffisant ? La préoccupation est prise à bras le corps par le gouvernement. « Nous avons conscience qu’il faut réaliser de nombreux forages pour satisfaire la demande. »
Le gouvernement navigue-t-il à vue dans l’attente d’un nouveau référentiel de développement au terme du Programme national de développement économique et social (PNDES) ? Non, assure le PM qui se réfère aux contrats de performances qu’il a lui-même signé avec les ministres de son équipe.
Bernard Kaboré
Harold Alex Kaboré
