Société

Blessés Coup d’Etat de septembre 2015 : «Maintenant nous sommes devenus comme des mendiants » (Issaka Ima, SG de l’ABCE)

Le 16 septembre 2015, des putschistes interrompaient le Conseil des ministres de la Transition. Les jours d’après, des manifestations ont éclatées avec à la clé des pertes en vies humaines et de nombreux blessés. Cinq ans après, les blessés constitués en association, estiment avoir été délaissées par les autorités politiques et judiciaires. « Nous sommes devenus comme des mendiants », s’est indigné le secrétaire général de l’Association des blessés du coup d’Etat (ABCE),  Issaka Ima. C’était lors d’une conférence de presse tenue le 16 septembre 2020 à Ouagadougou.

Des animateurs des la conférence. De g. à d., le vice-président de l’ABCE, Souleymane Ouédraogo, le président, Christophe Lompo et le secrétaire général, Issaka Ima

Pour les membres de l’Association des blessés du coup d’Etat de septembre 2015 (ABCE), il n’est pas question de passer sous silence la date commémorative de ce pronunciamiento car cinq ans après les évènements, les stigmates demeurent et les questions judiciaires sont encore sans réponses. La présente commémoration a débuté par un dépôt de gerbes au cimetière municipal de Ouagadougou, où repose les victimes, avant la tenue de la conférence de presse.

A la fameuse date du 16 septembre, rappelons-le, des militaires ont interrompu un conseil des ministres de la Transition. Un putsch dont la responsabilité est attribué aux généraux Gilbert Diendéré et Djibril Bassolé ainsi qu’aux éléments du défunt Régiment de sécurité présidentielle. Si le pronunciamiento a avorté quelques jours plus tard, il n’en demeure pas moins qu’il a occasionné des violences, lesquelles ont coûté la vie à 13 personnes et fait enregistrer plusieurs dizaines de blessés. Puis s’en suivra un procès marathon conduit par la justice militaire, lequel a abouti à la condamnation des deux généraux et bien d’autres personnes.

Selon l’ABCE, ses membres ont purement et simplement été délaissés. Car, cela fait bientôt un an que décision est rendue sur les intérêts civils et que les victimes, non satisfaites des condamnations, ont interjeté appel mais  «depuis,  le dossier dort dans les tiroirs de la justice militaire », s’est indigné le président de l’ABCE, Christophe Lompo.  Mieux, a-t-il ajouté, « nous déplorons le refus des avocats de l’Etat d’accepter la condamnation de ce dernier comme civilement responsable, toute chose qui devrait faciliter l’indemnisation des victimes ». Pour sa part, le secrétaire général de l’association, Issaka Ima a estimé qu’après avoir mené le combat de la démocratie, les blessés du coup d’Etat manqué sont devenus comme des mendiants », tant ils vivent des conditions précaires sans avoir l’attention qu’ils méritent.

Grace à une solidarité du chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré  et celle du personnel du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN), chose que l’ABCE salue, une dizaine des 226 blessés que compte l’association, ont bénéficié d’interventions chirurgicales. Mais il reste encore beaucoup à faire, ont souligné les conférenciers qui ont déclaré que des blessés ont encore des balles dans le corps quand certains ne sont pas paralysés par leurs blessures.

Pour ce faire, les mécontents s’en remettent aux autorités coutumières et religieuses dans l’espoir que ces derniers puissent jouer un rôle de premier plan dans la résolution de leurs difficultés.

Bernard Kaboré

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