Société

Vente de journaux au Burkina : Internet et la pluie, deux boulets aux pieds des revendeurs

La vente à la crié de journaux est une occupation qui ne fait pas bon ménage avec la saison d’hivernage. Les revendeurs qui se plaignent de la concurrence d’Internet se démènent  tant bien que mal pour écouler les journaux. Nous en avons rencontrés quelques-uns à Ouagadougou pour  en savoir davantage sur cette activité.

Depuis le début de l’hivernage, Michel Sindogo, brave la pluie afin de proposer les journaux à ses différents clients. C’est justement après une livraison que nous faisons sa rencontre à quelques encablures du mythique Boulgou bar de Koulouba. « Nous utilisons des emballages en plastique qui nous permettent de protéger nos produits. On  tente tant bien que mal de rendre visible les titres à travers des sachets transparents, question d’appâter les rares lecteurs. Sous la pluie, seuls les fidèles clients s’arrêtent quelques fois afin de se procurer un canard », nous explique-t-il, journaux en main, l’air un peu pressé car Dame Nature venait d’ouvrir ses vannes sur le centre-ville.

Selon M. Sindogo, son point de vente se situe au niveau du carrefour de Koulouba qui mène à la base aérienne. « Après la vente aux feux tricolores, je me rends au niveau des bars et restaurants de Koulouba pour tenter ma chance. Je vends à la crié depuis 1996  », a-t-il confié, ajoutant qu’il n’arrive plus à écouler beaucoup de journaux à cause de l’écrasante  concurrence  d’Internet et des sites d’information.

A quelques pas de là, précisément près de l’archevêché,  nous avons pu échanger  avec  un autre vendeur de journaux. Il s’agit de Benjamin Gansonré qui évolue dans ce domaine depuis plus de 10 ans maintenant. « J’ai pu créer mon kiosque de vente. On se débrouille quand il pleut. En effet pendant l’hivernage, les ventes à la crié diminuent drastiquement car les motocyclistes ne s’arrêtent plus à nos points de vente. Présentement, c’est difficile et les clients nous expliquent très souvent que les informations des canards sont dépassées et que sur les réseaux sociaux, c’est plus facile de s’informer », précise-t-il en suggérant qu’on leur vienne en aide avec des lieux fixes de vente, pour plus de visibilité.

« On nous exploite »

« On ne sait pas quoi faire, sinon l’activité ne nourrit plus son homme », déclare M. Démé.

Afin de mieux comprendre le fonctionnement du secteur de la vente des journaux, nous avons pris langue avec le responsable de l’Association professionnelle  des distributeurs et revendeurs  de journaux et de livres du Burkina, Dieudonné Démé. Ce dernier, nous a expliqué que sous la transition, lorsque Lookman Sawadogo était président de la  Société des éditeurs de la presse privée (SEP), il leur avait promis une revalorisation  des commissions en cas  d’augmentation des prix. « Pour les quotidiens on est passé de 250  à 300 F mais rien n’a changé pour nous. Nos gains sont insignifiants. Sur les canards de 300 F, nous bénéficions de 45 f, et pour ceux de 500 F, 100 F nous reviennent. Sur ce que l’on gagne en tant que grossistes, il faut payer les revendeurs à hauteur de 30  à 35 F le journal vendu,  sans oublier les pertes », a-t-il déclaré tout déconcerté, ajoutant que même s’ils contribuent à façonner l’opinion publique,  on ne  les considère pas.

W . Harold Alex Kaboré

Alex.kabore@lobspaalga.com

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