Editorial

Mort tragique de George Floyd : La brute et le doux géant

Oubliés, les morts à la pelle, les mesures  drastiques de confinement et la crise économique rampante dus à la covid 19. Depuis 2 semaines, les Etats-Unis sont agités, d’est en ouest, du nord au sud, par des manifestations de colère qui dégénèrent parfois en émeutes. Pourquoi ce subit bouillonnement social dans une Amérique qui, comme la plupart des pays, était groggy avec l’irruption de la pandémie de covid 19 ?

Le genou assassin d’un certain Derek  Chauvin, un policier blanc de Minneapolis, est passé par là, en force tortionnaire fatale sur le cou de George Floyd, un Afro-américain. Un policier blanc qui tue un Afro-américain au cours d’une interpellation musclée, ce n’est pas une première au pays de l’Oncle Sam. Ce n’est pas non plus une première que de telles forfaitures poussent les Américains dans la rue. Mais cette fois-ci, l’onde de choc de la colère populaire est plus tellurique, nourrit par les images bouleversantes des vidéos amateurs de passants qui n’ont pu attendrir le cœur de pierre de Derek Chauvin et de ses 3 acolytes qui ont exécuté le plaquage mortel contre « le doux géant », surnom donné à la victime, George Floyd, quand il jouait dans l’équipe de basketball  de son université.

La faute professionnelle de ces brutes de policiers blancs de Minneapolis n’a pas révolté que des Américains. Les reliefs de racisme qui en émergent, révulsent la conscience de tous les apôtres de la non-discrimination raciale et pour l’égalité des peuples. Cette indignation planétaire est d’autant plus contagieuse que les réseaux sociaux ont fait une multiplication virale de la scène d’agonie de l’infortuné George Floyd avec sa lancinante supplique: « Je ne peux pas respirer ». Cette mort brutale a administré une douloureuse piqûre de rappel du fait que des peuples, notamment les Africains, en Amérique, en Europe, en Asie, en Océanie et même en Afrique sont encore et toujours des opprimés, véritables souffre-douleurs de la stigmatisation raciale, des iniquités sociales, politiques et économiques.

George Floyd qui sera enterré ce 9 juin avec tous les honneurs au cours d’obsèques digne du martyr qu’il est, ne doit pas passer pour une banale victime d’une bavure policière, n’en déplaise à Donald Trump et à ses thuriféraires de suprématistes blancs. Non. Ce genou du policier sur son cou traduit le dédain, la brutalité d’un raciste récidiviste, qui porte bien son nom : Chauvin. En effet, en 20 ans de carrière, cette brute a été  impliquée dans 3 interpellations meurtrières. Celle de George Floyd est la 4e. On n’oublie pas  les 18 plaintes dont il a été l’objet pour attitude humiliante, désobligeante ou brutale de la part de citoyens, la plupart de la minorité afro-américaine ou d’origine hispanique. Autant de plaintes pour seulement 2 lettres de réprimande. C’est dire que ce Derek Chauvin était convaincu d’impunité, protégé par le cocon d’un système opaque. Le procureur de Minneapolis n’a donc eu aucun mal à l’inculper, lui et ses trois compères, de meurtre. Le maire de la ville n’a pas non plus manqué d’arguments pour demander une reforme générale de sa police municipale.

A quelque chose malheur est bon. La brute Derek Chauvin n’aura pas étouffé le doux géant George Floyd en pure perte si et seulement si la colère des Américains et l’indignation mondiale font progresser la cause de la protection des minorités partout dans le monde. Mais gare à l’effet feu de paille qui ferait que l’émotion passée, tout redevienne comme avant : les brutes à la Derek opprimant les doux à la Floyd jusqu’ à l’étouffement de leurs droits les plus élémentaires, y compris le droit à la vie!

lobspaalga

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