Société

Crise alimentaire, inflation : « Nous sommes là pour trouver des solutions », assure Abdoulaye Tall

Au cours d’une conférence de presse coanimée ce 11 avril 2022 avec ses collègues de la Communication, Lionel Bilgo et de la Justice, Barthélémy Kéré, le ministre du Commerce et de l’industrie, Abdoulaye Tall, s’est prononcé sur la flambée des denrées de grande consommation constatée  depuis quelques temps sur le marché national. Une situation causée par divers facteurs dont l’insécurité et une conjoncture internationale défavorable face à laquelle le gouvernement fait des pieds et des mains pour apporter des solutions.

Le ministre du Commerce, Abdoulaye Tall lors de sa déclaration liminaire

Du commerce à la justice, il n’y qu’un petit pas quand le contexte s’y prête. Ainsi peut-on caricaturer cette sortie médiatique des ministres  du Commerce et de la Justice, sous une modération du porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo, aidé de la secrétaire générale du Service d’information du gouvernement (SIG), Mafarma Sanogo.

Un contexte favorable car ces derniers mois , les cours des denrées de grande consommation ont connu une envolée rarement observée, affectant le quotidien des Burkinabè, tandis que fin mars, des actes de vandalismes à connotation extrémiste survenus à Béguédo ont engagé l’institution judiciaire. Des questions d’actualité parmi tant d’autres auxquelles les deux représentants du gouvernement ont jugé utile d’apporter des éclaircissements.

En hommage aux victimes du terrorisme, une minute de silence avant la conférence de presse

Dans sa déclaration liminaire, le ministre du Commerce n’a pas manqué de chiffres pour expliquer le comment de l’inflation auquel le Burkina fait face, avec comme effet palpable un dégarnissement du panier de la ménagère. Il a notamment évoqué un déficit céréalier de plus 460 000 tonnes du fait notamment de la crise sécuritaire. Et d’expliquer que 450 000 hectares de surfaces cultivables ont été abandonnées par les agriculteurs, tandis que certains n’ont pu ramener de leurs champs les productions. Conséquence, une offre dérisoire devant une demande gigantesque.

A côté de la flambée des denrées alimentaires, il y a l’envolée des prix des hydrocarbures, une ressource essentielle à la machine économique qui est difficilement accessible sur le marché international depuis la guerre déclarée entre les deux gros pays exportateurs que sont la Russie et l’Ukraine. Si à ce niveau, les consommateurs ne trinquent pas jusque-là, c’est parce que le choc d’une hausse des cours au niveau mondial est amorti par le gouvernement, se félicite Abdoulaye Tall, rappelant que la dernière augmentation du prix du carburant à la pompe date de 2021 alors que de cette période à maintenant, le baril du pétrole est passé de 65 à environ 160 dollars. Bref, « le gouvernement fait des efforts pour subventionner les coûts » aussi bien des hydrocarbures que dans des denrées alimentaires, fait savoir le chef du département du Commerce. Et de citer au nombre des initiatives gouvernementales la mesure de suspension de l’exportation des céréales et de la farine, l’ouverture d’une centaine de boutiques témoins dans lesquelles les céréales sont vendus à des prix subventionnés (6000 F le sac de 50 kg), le contrôle hebdomadaire des stocks que les opérateurs économiques devront désormais déclarer.  Et si ces initiatives peinent à produire l’effet escompté dans la pratique, Abdoulaye Tall souhaite un changement de paradigme qui n’est qu’un slogan qu’avait prôné le président Thomas Sankara, à savoir « encourager la production, la transformation et la consommation locale ».

« Nous n’avons pas un problème de liberté du président Roch Kaboré » (audio)

Mais au sujet d’une évolution des prix, rien n’est moins sûr, le ministre Tall a fait savoir que des concertations y relatives sont ouvertes au sein de son département au nom d’un décret qui les institue. Le ministre du Commerce s’est voulu rassurant par ces mots : « Nous sommes là pour trouver des solutions ».

Pour sa part, le patron du département de la Justice, Me Barthélémy Kéré, s’est attardé sur trois points : la situation des droits humains au Burkina dans la perspective d’une restrictions des libertés au nom de la lutte contre l’insécurité; le sort justement des acteurs judiciaires dans les zones à fort défi sécuritaires et la suite de ce qu’il conviendrait d’appeler le dossier Béguédo, du nom de cette ville du centre-est du pays qui a été le théâtre de saccages de biens sous un couvert religieux. Sur ce dernier point, me Barthélémy Kéré n’a pas dit plus que le communiqué du procureur du Faso qui annonçait récemment l’ouverture d’une enquête et l’arrestation d’une trentaine de personnes.

Au sujet de la situation des droits humains, le ministre Kéré a affirmé la pleine conscience du gouvernement de la situation de restriction des libertés individuelles et collectives du fait du terrorisme. Et de rappeler quelques chiffres saisissants : près de 2 millions de déplacés internes, des milliers d’élèves déscolarisés du fait de la fermeture d’au moins 3000 écoles, des centaines de centres de santé fermés,…

Alors qu’une demi-douzaine de juridictions est délocalisée à travers le territoire, le gouvernement ne s’avoue pas vaincu, foi de son ministre de la Justice qui a fait savoir que des alternatives sont trouvées pour la délivrance d’actes administratifs à partir des zones de délocalisations. Et tandis que la chute du régime de Roch Kaboré avait juridiquement mis fin à l’état d’urgence, Barthélémy Kéré a par ailleurs annoncé la réactivation de cette mesure qui donnera plus d’efficacité à la la guerre contre les forces du Mal.

Bernard Kaboré

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