Installation président CNPB : « je serai à l’écoute des travailleurs, pour qu’ensemble nous préservions l’entreprise et l’emploi »
Nous vous proposons ci-dessous l’allocution d’installation de Idrissa Nassa président du Conseil National du Patronat Burkinabè.
Ouagadougou, le 7 décembre 2023
▪ Excellence Monsieur le Président de la Transition, Chef de l’Etat ;
▪ Mesdames et Messieurs les Présidents d’institutions ;
▪ Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
▪ Mesdames et Messieurs les Chefs de missions diplomatiques et consulaires ;
▪ Mesdames et Messieurs les Représentants des organisations internationales et interafricaines ;
▪ Mesdames et Messieurs les Représentants des partenaires techniques et financiers ;
▪ Monsieur le Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso ;
▪ Messieurs les Chefs de délégation des organisations patronales sœurs venues de l’étranger ;
▪ Mesdames et Messieurs les Membres du Bureau du CNPB ;
▪ Mesdames et Messieurs les Chefs d’entreprise et Représentants des organisations professionnelles du secteur privé burkinabè ;
▪ Distingués invités ;
▪ Mesdames, Messieurs ;
Je voudrais tout d’abord magnifier Dieu, le Maître de toutes Grâces, qui nous donne la faveur de nous réunir en ce jour béni du jeudi 7 décembre pour rendre solennelle la présente cérémonie, après le choix de ma modeste personne pour être le dirigeant du patronat burkinabè.
Excellence Monsieur le Président,
A l’instant même où nous sommes réunis dans la quiétude et la sérénité, des hommes et des femmes, braves et déterminés, affrontent héroïquement, l’adversité et l’ennemi terroriste, pour accomplir, sous votre commandement et votre leadership, la mission la plus noble qui puisse être donnée à un patriote : défendre la patrie en danger. Prions tous pour que la paix, la sécurité et la prospérité reviennent dans notre beau pays.
Je voudrais, à présent, saluer avec déférence et remercier chaleureusement, et de manière spéciale, Son Excellence Monsieur le Président de la Transition, le Capitaine Ibrahim TRAORE, qui nous fait l’insigne honneur d’accepter le haut patronage de cette cérémonie, en dépit des contraintes et impératifs qui pèsent sur son calendrier plus que chargé. Excellence Monsieur le Président, je voudrais vous adresser mes respectueuses félicitations pour les résultats tangibles déjà obtenus sous votre leadership.
Je saisis cette occasion pour vous rassurer du soutien et de l’engagement, à vos côtés, du patronat burkinabè en particulier et de la communauté des affaires en général, dans le combat pour la reconquête intégrale de notre territoire national. Nous partageons votre vision que le Burkina Faso soit un pays de paix et un eldorado économique.
Je voudrais ensuite souhaiter la cordiale bienvenue à nos illustres hôtes et à tous les participants à cette circonstance qui marque l’installation du nouveau Président, des membres du Bureau et du comité Statutaire du Conseil National du Patronat Burkinabè, ainsi que le début de leurs activités pour les cinq années à venir. Permettez-moi aussi de saluer tous les corps constitués et les distingués représentants des patronats étrangers qui nous font l’amitié de partager leur présence appréciée en cette cérémonie.
▪ Excellence Monsieur le Président,
▪ Distingués invités,
▪ Mesdames, Messieurs,
Le 24 octobre 2023 marque une date mémorable dans l’histoire du patronat burkinabè. En effet, pour la première fois et en 49 ans d’existence, se sont tenues les premières élections démocratiques de la faitière des patrons, à l’issue desquelles j’ai bénéficié de la majorité des suffrages de mes pairs. Ce scrutin confirme la maturité d’esprit des acteurs du secteur privé burkinabè.
Je tiens l’occasion de remercier les autorités gouvernementales et en premier lieu le Chef de l’Etat pour avoir permis, conformément à la loi, l’organisation de l’assemblée générale élective du 24 octobre, dans un esprit de neutralité républicaine.
Je voudrais remercier et dédier la réussite de ces élections à l’ensemble des patrons burkinabè qui font preuve de résilience et d’ingéniosité pour assurer la production, la transformation et l’approvisionnement régulier de notre pays en produits et services essentiels et qui œuvrent sans répit pour la bonne tenue de notre économie. Ces initiatives hardies, en appui aux politiques gouvernementales vertueuses, ont permis à notre pays de réaliser, dans un contexte particulièrement difficile, un taux de croissance observé de 2,3% en 2022 et une progression projetée à près de 5 % en 2023.
Un célèbre homme d’Etat, disait que « peu de gens voit dans le chef d’entreprise le cheval qui tire le char ». Et pourtant, les opérateurs économiques burkinabè sont les apôtres du bien-être commun, car malgré le contexte socio-économique pénible, le secteur privé est le premier pourvoyeur d’emplois de notre pays avec plus de 2 millions de salariés hors secteur agricole, selon les données 2021 de l’Observatoire National de l’Emploi et de la Formation du Ministère chargé de l’emploi.
Le secteur privé est aussi le premier créateur de richesse dans notre pays, le premier contributeur fiscal et le principal mobilisateur de ressources financières pour l’effort de sécurisation de notre territoire national. En effet, les chiffres du Ministère des finances montrent que plus de 90% des recettes fiscales et douanières, soit près de 2.000 milliards de francs CFA, proviennent des activités économiques des entreprises privées.
Dans un pays en guerre, les hommes et les femmes d’affaires de notre pays mènent une guerre sans merci sur le front économique pour contribuer au bien-être de nos populations. L’action des opérateurs économiques burkinabè rejoint une pensée de Son Excellence Monsieur Apollinaire Joachim KYELEM de Tambèla, Premier Ministre,qui disait, je cite « le destin des peuples est toujours façonné par le destin d’hommes et de femmes entreprenants ».
Le secteur privé mérite donc la reconnaissance de tous et je vous demande un ban pour les bâtisseurs économiques du Burkina Faso.
Excellence Monsieur le Président,
Distingués invités,
Je voudrais saluer nos précurseurs qui ont créé et géré avec abnégation et sacrifices notre organisation commune.
Vous me permettrez d’exprimer une gratitude appuyée aux anciens Présidents que sont les regrettés Monsieur Bruno ILBOUDO, El Hadj Oumarou KANAZOE, El Hadj Birahima NACOULMA et aussi à mon prédécesseur Monsieur Apollinaire COMPAORE, ainsi qu’aux différents membres exécutifs, aux adhérents et au personnel. J’exprime mes sincères félicitations au bureau sortant pour l’important travail abattu.
Je voudrais également remercier les hommes et les femmes d’affaires, qui dans toute leur diversité économique, notamment ceux de l’Alliance pour un Patronat Nouveau, ont suscité et soutenu ma candidature. Je mesure avec profondeur et humilité la portée de leur choix, et je voudrais leur dire que je serai, non pas le patron des patrons, mais le serviteur de tous les patrons, qui sera aussi à l’écoute des travailleurs, pour qu’ensemble nous préservions et pérennisions l’entreprise et l’emploi, pour une transformation structurelle de notre économie. Nous devons désormais façonner ensemble un nouveau visage du patronat burkinabè qui doit rejoindre, sans tarder, le rang des institutions fortes dont a besoin notre continent.
A cet égard, le CNPB contribuera, sous le leadership de nos autorités nationales et régionales et en étroite coopération avec les organisations patronales sœurs, à l’approfondissement de l’intégration sous-régionale pour une meilleure consolidation des performances économiques de nos pays. Qu’il me soit ainsi permis de saluer avec considération les dirigeants des patronats ici représentés, à savoir et par ordre alphabétique le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le secrétaire exécutif de la FOPAO et le Togo, nos amis du Mali et du Niger ont eu des contraintes de vol de dernières minutes .
Cette présence, malgré les contraintes de cette période de fin d’exercice budgétaire et du report de notre cérémonie, traduit l’expression de notre volonté d’une intégration plus forte et plus rapide de nos économies, comme l’ont toujours désiré nos populations, en dépit des divergences d’opinion momentanées.
Je voudrais également souligner qu’au sein d’un espace économique régional intégré, nous devrons travailler ensemble pour la promotion de nos champions dans les secteurs clés d’activités, en vue de doter nos acteurs économiques des atouts nécessaires pour affronter avec succès, la concurrence continentale et internationale, dans une économie de plus en plus mondialisée. En effet, il est désormais établi à travers le monde que les champions de l’économie constituent pour leur pays, des socles solides de résilience en période de crise et des supports indispensables pour la promotion d’un développement endogène corrélé à une transformation structurelle.
Excellence Monsieur le Président,
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,
Gagner et perdre sont temporaires mais seule l’unité doit être permanente, surtout dans le contexte actuel où nous devons tous rester solidaires pour la restauration intégrale de notre pays et de notre sous-région.
J’en appelle à la fin des antagonismes stériles, parfois factices et contreproductifs, petits commerçants contre grands commerçants, économie informelle contre secteur structuré, industriels contre commerçants, agriculteurs contre éleveurs et je dirais même administration publique contre secteur privé. Comme le dit un adage populaire de chez nous, “nous sommes tous les grains du même panier », condamnés à servir la même cause noble de développement de notre cher Faso.
C’est pourquoi, je tends la main à tous, sans exception, pour porter le flambeau de l’espérance pour un renouveau patronal. Je suis un serviteur ouvert et à l’écoute de tous les opérateurs économiques de tous secteurs d’activités, de toutes les régions et de tous les âges.
Sa magesté Le Mogho Naba BAONGHO, dans son ouvrage « le Soleil Eclatant » a dit ceci : « le chef est comme une poubelle, qui reçoit et accepte de connaître tout, ce qui est amère, ce qui est doux, ce qui est gluant, ce qui est piquant ». Pour rester dans l’esprit de cette parole de sagesse, je voudrais dire que j’ai compris les différents messages de la communauté des affaires qui fait face à de nombreux défis et difficultés. Dans un contexte de crise multidimensionnelle à l’échelle internationale et nationale et en tant que porte-voix de la laborieuse classe entrepreneuriale parfois déboussolée par l’environnement des affaires, vous me permettrez de ne pas parler ici de cahier de doléances, mais de relever juste trois préoccupations majeures pour notre Patronat, à ce tournant décisif de son existence et de ses ambitions.
Il s’agit premièrement de l’acquisition d’un site pour la construction d’un siège à l’image de ceux des organisations sœurs ici présentes. Dans ce cadre, nous avons bénéficié de l’accompagnement du Ministre d’Etat, Monsieur Bassolma BAZIE (que je remercie au passage), pour l’identification d’un terrain qui reste soumise à l’approbation du Chef de l’Etat. Excellence Monsieur le Président de la Transition, nous souhaiterions obtenir votre accord pour le choix de ce site à l’effet de procéder à la pose de la première pierre avant la fin de cette année.
Deuxièmement, il importe de mettre en place un mécanisme qui permette aux entreprises privées de participer au financement pérenne du fonctionnement et des activités du patronat burkinabè, avec le concours de l’Etat et en s’inspirant des expériences pratiquées dans la sous-région. Sur ce sujet, un travail de base a déjà été réalisé et nous sollicitons votre haute bienveillance aux fins d’obtenir une suite diligente de l’administration, pour l’édification d’une institution patronale au service de l’essor national.
Troisièmement, les opérateurs économiques nationaux souhaitent être davantage impliqués dans les choix stratégiques et les projets structurants et endogènes afin de pouvoir apporter leurs contributions, pour l’optimisation des retombées pour l’économie nationale.
Excellence Monsieur le Président,
Honorables invités,
Mesdames, Messieurs,
J’ai été élu pour faire du patronat le leader naturel et légitime du secteur privé et son interface avec les pouvoirs publics, les partenaires sociaux et les institutions de développement.
Dans les prochaines semaines et avec le soutien des parties prenantes, nous engagerons de larges concertations pour transformer mon programme de mandature en un plan stratégique 2023-2028 qui sera adopté par nos instances. D’ores et déjà, je souhaiterais évoquer cinq grandes lignes des défis qui vont meubler nos actions durant le quinquennat à venir.
Premièrement, la réorganisation du CNPB et le renforcement de ses capacités humaines, techniques et financières pour le rendre plus performant, plus efficace et plus utile à ses membres et à la communauté des affaires.
Deuxièmement, la dotation du CNPB d’un siège moderne qui reflète la mesure de nos ambitions , qui servira de plateforme pour offrir des services à valeur ajoutée à nos adhérents et à l’incubation des jeunes entrepreneurs et ce pour promouvoir l’emplois et la formation professionnelle .
Troisièmement, l’élargissement de la représentativité du patronat. Dans un écosystème économique de plus d’un million d’unités du secteur informel, de plus de 140.000 entreprises formelles et de plus de 5.000 associations professionnelles du secteur privé, nous devons avoir l’humilité de nous interroger sur la présence patronale dans le monde entrepreneurial. Désormais le patronat se doit d’être plus proche de tous les employeurs à travers une représentation dans toutes les régions et tous les secteurs d’activités.
Notre nombre, notre union, notre solidarité et notre poids économique constitueront notre force pour légitimer nos actions aux côtés des pouvoirs publics et pour renforcer l’autonomie financière de notre organisation.
Quatrièmement, le renforcement du plaidoyer économique et du dialogue social,en vue de l’amélioration continue du climat des affaires et la prévention des conflits de travail qui handicapent le développement des entreprises. Sur ce point, le patronat sera une meilleure force de propositions qui œuvrera notamment à la relance du processus d’adoption d’un nouveau code du travail moderne et consensuel alliant les intérêts des entreprises et les préoccupations des travailleurs, la dynamisation des rencontres annuelles Gouvernement/Patronat et le démarrage du régime d’assurance maladie universelle qui ne met pas en difficulté les assurances traditionnelles.
Cinquièmement enfin, l’élargissement des opportunités d’affaires, notamment sur les grands projets économiques, au profit des entreprises privées en partenariat avec le Gouvernement, les partenaires au développement et les organisations sœurs dans le monde. Sur ce plan, nous souhaitons que toute expertise extérieure devant intervenir au Burkina Faso soit accompagnée par des spécialistes nationaux du domaine pour éviter que notre pays soit dans la dépendance continue.
Tout en se réjouissant de votre option stratégique du développement endogène, le Patronat se tient prêt à prendre toute sa part dans la réalisation de cette vision. A cet effet, nous sommes convaincus que le partenariat avec le gouvernement et le soutien des plus hautes autorités permettront l’émergence d’un secteur privé plus fort qui offre au pays les coudées franches pour la reconquête de sa souveraineté.
Excellence Monsieur le Président,
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,
Comme vous le constatez, mon équipe et moi avons de grandes ambitions pour le patronat et le secteur privé burkinabè. Le patronat doit exercer un leadership plus affirmé dans la vie économique nationale.
Notre seule raison d’être et notre unique agenda est de contribuer davantage à la croissance économique inclusive de notre pays, au développement socio-économique et au bien-être de nos populations, sur la base des orientations définies par le Gouvernement.
Sachant que nul d’entre nous, agissant seul, ne peut réussir comme l’avait indiqué le Président Nelson MANDELA, j’en appelle à la solidarité envers nos Autorités, les Forces de Défense et de Sécurité, les volontaires pour la défense de la Patrie, les Personnes Déplacées Internes et les Couches Vulnérables d’une part et la solidarité entre opérateurs économiques d’autre part. La solidarité, c’est l’âme de la puissance comme l’a écrit Nazi BONI dans « Crépuscule des temps anciens ».
Pour terminer mon propos, je voudrais renouveler mes sincères remerciements à Son Excellence Monsieur le Président de la Transition, Chef de l’Etat, aux Présidents d’institution, aux membres du Gouvernement, aux membres du corps diplomatique, aux délégués des patronats amis venus nous soutenir , aux corps constitués, au Président de la Chambre de Commerce, aux différents représentants du secteur privé, pour avoir réhaussé l’éclat de cette cérémonie par leur présence qualitative et massive.
Tous ensemble unis et engagés, travaillons pour la paix et pour la prospérité économique du Burkina Faso !
Vive le Patronat Burkinabè !
Que Dieu bénisse le Burkina Faso.
Je vous remercie.