Société

Reprise des cours à l’université de Fada: l’ANEB dit non

L’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB) est contre la reprise des cours sur le site de l’université de Fada N’Gourma, voulue par le gouvernement. Ce syndicat des étudiants exige une sécurité minimale avant toute reprise des cours du fait des incursions des groupes armés dans ce temple du savoir. Tout savoir sur ce bras de fer dans la lettre ouverte ci-dessous de l’ANEB.

#Lettre_ouverte_de_l_ANEB_Fada

Union Générale des Etudiants Burkinabè (UGEB)

Association Nationale des Etudiants Burkinabè(ANEB)

Section de Fada N’Gourma

LETTRE OUVERTE

Le comité exécutif de l’ANEB/Fada N’Gourma

A

Monsieur le Président de l’Université de Fada

N’Gourma

Objet : Votre velléité de reprise forcée des activités au campus

Monsieur le Président,

Le 12 novembre 2022, une attaque terroriste a eu lieu aux alentours du site de l’Université de

Fada N’Gourma (UFDG), créant une situation de panique. Face à cela, les étudiants ont

demandé la délocalisation temporaire des activités, en attendant que soient réunies les

conditions de sécurité appropriées pour la poursuite des activités en toute quiétude. Mais vous avez rejeté notre proposition au motif que nous devrions être résilients et poursuivre les cours sur le site. Nous vous avons fait confiance et continué les cours malgré le traumatisme et la psychose.

Malheureusement, le 16 janvier 2023, une autre attaque a encore eu lieu. Cette dernière était tellement violente comme l’attestent les impacts des balles sur les bâtiments de l’UFDG. Cela vous a contraint à suspendre les cours mais seulement pour 48 heures. Face à cette négligencede la situation, les étudiants ont observé un mouvement de protestation les 19 et 20 janvier 2023.

C’est ainsi que l’administration a rencontré les représentants des étudiants le 20 janvier 2023. A l’issue de cette rencontre, il a été demandé la contribution des étudiants à la recherche

des salles de cours à l’intérieur de la ville.

Ainsi, les démarches effectuées par les représentants des étudiants et le comité exécutif de l’ANEB ont permis d’identifier des salles au Lycée Diaba Lompo, à la Maison TV5, à l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi (ANPE) et surtout à la Direction Régionale de l’Institut National de Formations des personnels de l’Education (INEFPE) qui, à elle seule a pu abriter tous les cours délocalisés du fait de l’insécurité permettant ainsi la poursuite sereine des

cours.

Monsieur le Président,

A peine un mois après la délocalisation des cours, pendant que tout se déroulait très bien, les représentants des étudiants ont été convoqués à des rencontres avec monsieur le Gouverneur de la région, les autorités universitaires et les enseignants dans le but de discuter de la reprise des activités sur le site. D’une part, ces rencontres ont été le lieu pour les représentants des étudiants de prendre connaissance des mesures de sécurisation prises par les autorités.

D’autre part, elles ont permis aux étudiants de présenter leurs propositions de conditions minimales de sécurité à même de garantir le retour des étudiants sur le site en toute quiétude, à savoir la clôture complète de l’université, l’établissement des cartes d’étudiants et la stabilisation de la zone de l’UFDG.

Monsieur le Président,

Notre étonnement fut grand lorsqu’à travers une note de service en date du 21 février, vous informiez de la reprise des activités pédagogiques et académiques sur le site à partir du 1er mars 2023 au moment même où les habitants des localités comme Yamba, Tandiari etc. sont en train de se déplacer vers Fada N’Gourma consécutivement à la menace terroriste.

Les multiples rencontres des 28 février, 03, 09, et 10 mars 2023 ne vous ont pas permis ni d’obtenir le consensus avec les enseignants, ni d’apporter une réponse franche aux conditions minimales de sécurité demandées par les étudiants. Malgré cela, vous tentez un passage en force en faisant du chantage aux étudiants à travers la programmation des cours et des évaluations sur le site.

Cet état de fait a engendré une perturbation des activités pédagogiques et académiques

accroissant le retard qui était déjà énorme.

Au regard de tout ce qui précède, monsieur le Président, l’ANEB/Fada en appelle à votre sens de la responsabilité pour une sortie rapide de crise.

Faute de quoi, les étudiants, à travers leur structure de lutte, réaffirment leur engagement et leur volonté inébranlable à poursuivre la luttedans le but d’obtenir les conditions de sécurité minimales à même de garantir le retour des étudiants sur le site en toute quiétude.

Veuillez croire, monsieur le Président, à notre ferme détermination à défendre les intérêts

matériels et moraux des étudiants.

Pour le comité exécutif

GUIRO Salif Naïm

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