Defense & Sécurité

Newton Ahmed Barry : « L’inhumanité a été atteint donc à Nouna ! »

Le MBDHP ne s’était plus prononcé ouvertement sur les tueries des Peulh depuis son rapport très circonstancié de Kaïen. Pourtant chaque jour de partout des centaines de victimes impuissantes l’ont saisi. Malgré tout, son dernier rapport est à saluer. On peut regretter seulement, que s’il avait été proactif probablement des milliers de vies humaines auraient pu être sauvées.

Qu’a cela ne tienne !

Nouna n’est pas une surprise. On voyait venir, car comme nous l’avons toujours écrit, il n’y a jamais eu dans l’histoire un génocide sans le soutien de l’Etat. Des Nazis aux Interhamwe du Rwanda, c’est l’élite politique et militaire qui ont imaginé, théorisé et exécuté les genocides.

Dans notre pays, dès l’année 2018, l’idée que la seule façon de gagner la guerre contre le terrorisme c’est de terroriser et si besoin tuer les peulh a été actée. Dans un premier temps la hiérarchie de l’armée à décidé de confier l’exécution de cette tâche aux Koglweogo, (dont pour l’essentiel la haine du Peulh est connu) après un narratif sibyllin des politiques pour constituer la base idéologique. Elle est connu d’ailleurs et sur les préjugés communautaires que l’on sait.

En fait, ceux qui ont vu le film de l’assassinat de Lumumba, peuvent mieux visualiser la scène « on a remis Lumumba à son pire ennemi sachant qu’il n’en échappera ». C’est ce qu’on a fait des Peulh dans notre pays. En les laissant aux Koglweogo, on savait bien qu’ils n’en échapperaient pas.

Yirgou intervient dans cette ambiance. Les Burkinabè de bonne foi sont choqués. Mais la machine terrible de l’Etat n’en sera pas enrayée pour autant. En février 2019 survient Kaïen, avec plus de morts de civils non armés, dont la majorité ont été cueillis dans leurs cases. Chacun se rappelle du communiqué triomphal de l’armée annonçant avoir neutralisé près 140 terroristes. On se souvient de la clameur publique de satisfaction qui a accueilli ce haut fait. Puis quand le MBDHP a fait son rapport, les autorités d’alors sont rentrées dans une colère noire et ont utilisé tous les moyens de pression possible pour faire « rétracter le MBDHP ». Puis la besogne a continué avec parfois quand c’est trop flagrant d’hypocrites communiqués d’indignation et de condamnations. Cet écran de fumée, savamment manié, permet de continuer la besogne.

Selon tous les chiffres dont il faut bien un jour qu’une enquête sérieuse édifie les réalités, de 2018 au janvier 2023, près de 100 mille civils non armés Peulh ont été froidement exécutés, par les Koglweogo, les militaires et les VDP parfois dans les factices opérations de ratissages qui suivent les interminables attaques terroristes. Certains vont trouver le chiffre de morts excessif. Pourtant, c’est dans cet ordre, avec une moyenne journalière d’une cinquantaine de personnes exécutées dans les bastions Koglweogo du Centre Nord, de l’Est, du Sahel, de la région du Nord, de la Boucle du Mouhoun, des Cascades et du Sud-ouest. Le calcul est le suivant 50 morts par jour multiplié par 2190 jours soit 6 ans. A cela n’est pas compris les civils Peulh Burkinabè arrêtés et tués au Nord du Togo principalement suivant la liste de suspects complaisamment dressés par le gouvernement Burkinabé et partagé avec les voisins. Même le Mali qui nous a devancé dans le bourbier terroriste qui a aussi commis des atrocités ne semble pas être allé aussi loin. En tout cas sauf ignorance de notre part.

Pourtant, malgré ces torrents de sang, ces montagnes de cadavres, ( il y a même eu dans le Bam et dans le Gourma de véritables abbatoirs de peulhs, confer mon post d’août 2022), il n’y a pas de victoires sur le terrorisme. Les campagnes se vident, les terroristes avancent et chaque jour l’armée se délite.

Dès juillet 2020, l’idée que l’armée fasse un coup d’état commence à germer. Il fallait tout simplement une raison valable. Les conspirateurs ont dans un premier temps misé sur la non tenue de l’élection présidentielle à date. Ce qui aurait légitimité tout coup d’état. Beaucoup ont fait pression sur la CENI pour qu’elle déclare les élections du 22 novembre impossibles à tenir. Mais ce motif n’a pas prospéré. Il a fallu donc s’en remettre aux défaites militaires face aux terroristes pour justifier un coup d’état militaire. Ainsi les militaires incapables de vaincre les terroristes sont venus chercher une victoire contre le palais présidentiel de Kosyam. Comme dirait l’autre « chacun a la victoire qu’il peut… »

Les Koglweogo, partout décimés par les terroristes abandonnent le front et commencent à accuser le gouvernement « d’avoir vendu le pays… ». Souvenez vous du coup sang des Koglweogo enjoignant le gouvernement de faire savoir « s’il a vendu le combat contre le terrorisme… ». C’est à cette époque aussi que date le début d’une propagande « anti française… », qui serait le soutien des terroristes.

Donc Nouna n’est pas une surprise. Depuis le début de l’opération FELEHO on a eu de cesse d’alerter que le ciblage contre les Peulh était devenu encore plus féroce et allait conduire à un Drame. Parceque ce ciblage est conçu comme une composante de la stratégie de FELEHO. Les VDP ont été expressément instruits de cibler. A Nouna le chef Dozo Karambiri a mis en œuvre un plan convenu avec la hiérarchie militaire. Les récits des rescapés ne laissent aucun doute sur cela. Le communiqué du MBDHP souligne très clairement que « les bourreaux ont pu opérer des heures durant sans qu’aucune autorité militaire et politique n’intervienne pour sauve les malheureuses victimes… ». L’ imam de la mosquée sunnite de Nouna explique comment, deux jeunes dozos sont venus le chercher chez le grand imam de Nouna et comment il a eu la vie sauve grâce la mobilisation du mouvement sunnite, du chef gendarme et du colonel Traoré gendarme à la retraite. Le chef dozo Karambiri instruit d’épargner sa vie a téléphoné aux jeunes dozo qui l’avait conduit hors de la ville pour l’exécuter et c’est ainsi qu’il a eu la vie sauve. C’est aussi dans la concession de Karambiri que ces ravisseurs sont venus le relâcher et il a été pris en charge par les responsables sunnites qui l’y attendaient.

Évidemment que Nouna ne sera pas le dernier drame contre les civils non armés Peulh. Comme les drames qui ont précédé il n’y aura ni enquête sérieuse encore moins un jugement. L’Etat ne va pas se faire hara kiri. Nouna ne sera pas le dernier, parceque, les audios depuis juillet 2022 de façon décomplexée sur les réseaux Whatsap le disent clairement, il faut tuer les civils non armés Peulh à chaque attaque terroriste. Or la situation militaire sur le front, quoiqu’en disent IB et ses thuriféraires n’a jamais été aussi mal en point. Les opérations d’opportunité n’ont pas réussi à desserrer l’étau. A Solenzo il y a eu une victoire, mais pas suffisante pour acter le retour à la normal. Donc les attaques terroristes ne vont pas s’arrêter. Dans chaque ville importante du Burkina aujourd’hui les repérages ont été faits et les VDP, tels les interhamwes hutu du Rwanda attendent juste le signal pour exécuter les civils Peulh non armés de leur quartier.

Je signe clairement mon arrêt de mort !

Je vais dire infine, ce qui va signer mon arrêt de mort. Puisque c’est connu, contester IB, c’est contester la volonté de Dieu. Donc voilà mon avis.
1) Primo, je ne crois pas au capitaine IB. il n’incarne ni la vertu, ni la science.
2) Si c’est lui l’envoyé de Dieu pour sauver le Burkina, alors autant dire que Dieu a choisi le sort de Sodome et Gomorrhe pour notre pays.

  • il n’incarne pas la vertu, parce que la vertu c’est d’abord la vérité. La vertu c’est ensuite l’intégrité. On parle de 400 millions empochés par un capitaine en opération dans le Sanmatenga. Tout le monde connaît le nom de la grand mère mais l’appelle Yaba quand même. Les Burkinabè si vaillants et intrépides seraient devenus soudainement des shifts molles qui se terrent chacun chez soit, attendant que passe l’ouragan. Eh bien que chacun se cache bien, l’ouragan n’épargnera personne. Si les derniers audios qui circulent avec les « atakbir… » à tout bout de champ ne vous réveillent pas. Alors ce serait mieux que chacun continue dans son sommeil. Car le réveil va être plus que douloureux!
    Faisons en sorte que les vivants n’en viennent à envier le sort des morts.
  • Ensuite, il n’a pas la science, encore moins la science de la guerre. Aucune guerre ne se gagne en situation d’isolement et de replis. Nous manquons de carburant. Bientôt l’électricité va suivre et puis le Tresor va tarir. Pas par la faute de la France comme certains pourraient le penser. Mais parceque l’économie est sur cale. Le trésor fait rentrer difficilement de l’argent et le peu qui rentre est absorbé par la guerre. Dans ces conditions celui qui a la science ne s’enferme pas. Pour changer un État et la gouvernance il faut se donner les moyens et il faut créer l’environnement. Quand le feu brûle la maison, c’est pas en ce moment qu’il faut creuser le puit dont l’eau servira à éteindre les flammes.
    Ce ne sont les partenaires que nous n’avons pas. Nous ne savons pas tirer profit des nombreux partenaires que nous avons. On peut les chasser et les remplacer. Mais si nous ne savons pas en tirer profit, le résultat sera le même. Un partenaire n’est pas obligé. Aucun partenaire n’est un enfant de cœur. La preuve aujourd’hui notre État veut s’endetter sur le marché sous régional et personne n’en veut, malgré le taux usurier de 6% que nous proposons.
    Enfin, pour gagner la guerre il faut s’aménager la logistique. La guerre comme chacun le sait est gloutonne d’argent. C’est un panier sans fond. Il faut chaque jour des milliards pour fonctionner. Au rythme actuel on ne tiendra pas encore un trimestre. Le coût de cette guerre n’est pas soutenable.

Pour ce qui est de cette infernale tuerie, comme solution de guerre. Elle est absurde.
Ce qui est certain aucun plan diabolique ne peut exterminer une communauté humaine. Beaucoup de pauvres innocents Peulh pourraient continuer à mourir. Aujourd’hui au moment où nous écrivons ces lignes, nous sommes alertés sur l’enlèvement de toute une famille Peulh à Ouahigouya composée de médecins, d’enseignants et d’étudiants qui s’étaient retrouvés pour les fêtes de fin d’année. Que va-t-il leur arriver ? Personne ne sait, Hélas! Par contre cela n’apportera ni la paix au Burkina, encore moins l’impunité aux bourreaux. Depuis Yirgou les bourreaux le paient et les commanditaires politiques aussi.

Les dozo de Nouna pour faire acte de bravoure auraient dû poursuivre et décimer les terroristes qui ont attaqué leur QG. Ils ont choisi de s’en prendre lâchement aux civils non armés. « Chacun a la victoire qu’il peut »!

Le pire n’est jamais certain !

La situation n’a jamais été aussi désespérante. Mais il est possible de sauver notre pays. Il faut pour cela arrêter la machine infernale qui est à l’œuvre. Il faut que humblement l’armée comprenne qu’elle n’est pas à sa place à la tête de l’Etat. Pour réussir la guerre ce ne sont pas des « rambo de pacotilles », gangté puérilement qu’il nous faut. Il nous faut une vraie équipe d’hommes D’Etat chevronnés et patriotes qui conçoivent et conduisent une politique idoine pour l’armée et la guerre.
Voilà ma profonde conviction !
Allah aide ceux qui s’aident !

NAB

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