Société

Afflux des investisseurs burkinabè en Côte d’Ivoire : la fuite des capitaux

De plus en plus de Burkinabè préfèrent investir en République sœur de Côte d’Ivoire. Nous ne disposons pas de statistiques pour mesurer l’intensité et l’ampleur de ces Investissements mais sur la base d’informations et d’échanges avec des hommes d’affaires du pays des hommes intègres, il ressort que les bords de la Lagune Ébrié sont une destination privilégiée. Autrefois, nos compatriotes faisaient fortune en Côte d’Ivoire et venaient investir chez eux, au Faso. Ils sont nombreux les opérateurs économiques burkinabè ayant pion sur rue à Ouagadougou qui ont acquis l’essentiel de leurs avoirs au pays d’Houphouet Boigny. Actuellement, on assiste à un renversement de la tendance. On gagne l’argent au Burkina Faso et on va investir en Côte d’Ivoire. La crise sécuritaire est sans doute à l’origine de cette ruée des investisseurs burkinabè vers la Côte d’Ivoire. Mais ce n’est pas la seule raison. « Le climat social ne rassure pas. Depuis l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, la tendance est à la catégorisation systématique des personnes et cela n’est pas une attitude favorable au développement des investissements », tente d’expliquer un opérateur économique de poids. Et un autre de renchérir sur le fait que l’atmosphère sociale est inquisitoire. « Des accusations sans fondement, des interprétations à dessein juste pour salir votre réputation et ternir votre image. Si on ne vous accuse pas d’être proche du clan de Blaise Compaoré, on soutient que vous êtes MPP ou le bras financier des militaires qui ont pris le pouvoir le 24 janvier 2022. Comme si cet état de fait est un crime. Dans ces conditions comment peut on être serein pour faire des investissements importants qu’on va détruire en une journée de manifestations de colère et de contestations. » Hamidou, un nom d’emprunt, qui est parti en Côte d’Ivoire en 2017 dit:  » on m’a classé dans un camp, je ne gagnais plus de marchés. Je suis allé à Abidjan. En une année, j’ai décroché deux gros marchés que j’ai exécutés avec succès. Dès lors, mes affaires tournent bien. Si ce ne sont pas des funérailles ou un cas de force majeure, moi et le Burkina c’est fini tant que les comportements ne vont pas changer. Je suis désolé de le dire. J’aime mon pays et cette situation me fend le cœur. » Pourquoi il y a tant de méchanceté et de haine subite dans notre pays? « , quetsionne un autre.  » « Je ne pense pas que les Burkinabè soient méchants. Ce sont les hommes politiques qui ont manipulé certains jeunes et les ont jetés sur Facebook pour faire un travail de destruction de l’image de tous ceux qu’ils considèrent très souvent à tort comme des adversaires gênants. Il y a d’autres qui sont sur les réseaux sociaux pour insulter pour le plaisir. C’est le signe que l’avenir de ce pays pourrait être en pointillé si on continue ainsi. Lorsque beaucoup de jeunes ont pour seul argument les injures et le dénigrement, il faut s’inquiéter. », soutient un homme d’affaires.  » Et l’on comprend bien Dr Ablassé quand il dit que le Burkina Faso est habité par la malédiction des 3M: la méchancété, la médiocrité et la mesquinerie ». En tout état de cause, nous pensons humblement que le Burkina Faso sera ce que les Burkinabè voudront qu’il soit. Une chose est sûre: nous sommes dans un monde où les autres pays avancent.

Adama Ouédraogo Damiss

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