Politique

Assemblée législative de Transition : Aboubacar Toguyeni et la promesse d’un mandat pour la sécurité

La machine législative de transition au Burkina est désormais en marche. A la faveur d’une session spéciale, les députés de cette transition ont été installés, ce 22 mars 2022,  avant d’élire  l’enseignant-chercheur, Aboubacar Toguyeni, comme président du Parlement avec 59 voix sur 70 votants, devant ses challengers, Dr Arouna Louré et Zarata Zoungrana. Les premiers mots du patron de la représentation nationale sont « hommages aux victimes du terrorisme, engagement et responsabilité pour l’œuvre de refondation » portée par les nouvelles autorités. Retour sur le déroulement de cette session spéciale.

Le président de l’ALT, Aboubacar Toguyini, promet un mandat pour la quête de la sécurité, de la dignité et de l’honneur

Rarement, une session d’installation de nouveaux parlementaires n’a été aussi symbolique que celle de cette 9e législature de la IVème République. Particulièrement pour les 71 députés désignés, qui par le chef de l’Etat, qui par les forces vives des régions, qui par les politiques ou par les organisations de la société civile, pour siéger au Parlement au cours des trois prochaines années, le temps pour le Burkina de retourner à une vie constitutionnelle normale. Symbolique car marquant le début d’un accompagnement effectif à l’œuvre de refondation portée par les autorités issues du coup d’Etat du 25 janvier dernier. Symbolique parce que les attentes des populations sont gigantesques dans un contexte de dégradation de l’environnement sécuritaire.

Des députés de la transition après la validation de leur mandat

Rendez-vous avait été pris pour 10 heures à l’hémicycle. Peu avant, l’ambiance y est décontractée, entre les députés qui ont déjà occupé leurs sièges et ceux qui font leur entrée. Habitués des débats parlementaires ou non, les uns et les autres affichent une mine sereine. Tandis que certains s’échangent des tapes amicales, les autres ont les yeux sur leurs documents relatifs à l’ordre du jour. Les huissiers et le personnel parlementaire, mobilisés pour la circonstance, multiplient les vas-et-viens pour que tout se passe comme prévu. A l’attention des nouveaux députés, ils livrent une démonstration du port des écharpes, lesquelles sont contenues dans des coffrets remis à chaque député. Puis, le début de la session est annoncé.

Jean Hubert Bazié, président d’un jour

Le déroulé est simple, avec comme premier acte majeur la mise en place d’un bureau d’âge.  Celui-ci est présidé par Jean Hubert Bazié , en sa qualité de doyen, il est né en 1949, secondé par les deux plus jeunes députés qui font office de secrétaires. Ce bureau d’âge, selon les textes du Parlement, conduit la séance d’installation jusqu’à l’élection d’un nouveau président.

Jean Hubert Bazié, le doyen d’âge qui a conduit le processus de validation des mandats

La validation du mandat consiste en l’appel nominal de chaque député, le port de son écharpe suivi de son acclamation par ses pairs. Un exercice qui n’a pas été sans de petits ratés,  certains ayant manqué pour peu d’inverser les couleurs rouge et vert de la bande d’étoffe ou de l’enfiler en baudrier de la gauche à la droite, contrairement à la démonstration.  

Passée cette étape de validation des mandats, la suivante est l’élection du président de l’Assemblée législative de transition. Mais avant, un peu plus d’une heure de suspension de la séance a été nécessaire, le temps d’enregistrer les candidatures. Au total, quatre députés se sont manifestés : le Dr Arouna Louré, Mme Zarata Zoungrana, le professeur Aboubacar Toguyeni et monsieur Moumouni Dialla. Ce dernier a finalement désisté, laissant la course à un trio. Comme une sorte de campagne, chacun a saisi quelques minutes à lui accordées par le président, Hubert Bazié, pour défendre sa candidature. Tous les 3 candidats ont parlé d’engagement, ont évoqué le contexte sécuritaire qui prévaut, exprimé leur souhait de soulager, par l’action parlementaire, les souffrances des populations.

Sur 70 votants du jour- à cause de l’absence du représentant de la région du Centre-nord qui n’est pas parvenu à un consensus-, 59 personnes ont accordé leur confiance à l’enseignant chercheur de l’université Nazi Boni, Aboubacar Toguyeni, devant Adama Louré qui a recueilli 8 voix et Zarata Zoungrana qui n’a pu convaincre plus de trois votants.

Engagé pour la quête de sécurité

Ainsi plébiscité, Aboubacar Toguyeni, a rejoint le perchoir pour y être investi président par Jean Hubert Bazié qui lui a cédé le maillet, ce symbole-même du pouvoir législatif. Après avoir fait observer une minute de silence en mémoire des victimes du terrorisme, le désormais président de l’ALT, dans son tout premier discours, a d’abord exprimé une reconnaissance au chef de l’Etat, Paul Damiba, à qui il doit sa désignation comme membre du parlement de la Transition. Puis cet aveu : « Mon mandat sera inscrit dans le sens de l’engagement pour le pays dans sa quête de sécurité, de dignité et d’honneur, conscient qu’il s’agit d’une transition pour assoir les fondements d’une société plus juste ». « Défense des intérêts du peuple », « initiatives de loi allant dans l’intérêt supérieur de la nation », sont d’autres promesses faites par celui qui succède au perchoir, Alassane Bala Sakandé.

Qui est le nouveau chef du parlement ?

En rappel, l’Assemblée législative de transition est composée de 71 députés désignés selon le mode suivant: 21 personnalités désignés par le chef de l’Etat, 13 par les organisations de la société civile (OSC), 16 par les Forces de défense et de sécurité, 8 par les partis et formations politiques et 13 par les forces vives des régions. Toutefois, le représentant de la région du Centre-nord se fait toujours attendre au Parlement, les forces vives de cette région n’étant pas parvenu à un consensus.

Bernard Kaboré

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