Société

Situation politique au Burkina: les remarques préliminaires du spécialiste anti-corruption Luc Damiba

Spécialiste anti-corruption pour l’Afrique de l’ouest et du Centre et également directeur de ILAABA, Luc Damiba, fait une analyse sur, entre autres sujets : la prise du pouvoir par le MPSR, les attentes du peuple burkinabè, l’investiture du nouveau président du Faso mais aussi la présence supposée de deux civils au sein du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration.

Le président du Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba (photo) a prêté serment le 16 février 2022

Remarques préliminaiures

Sur cette page j’avais lancé un petite boutade au lendemain de la confirmation de la prise de pouvoir par un groupe  militaires en faisant le vœux pour ce pays  qu’il y a « un besoin  d’ hommes et de femmes aiment sans calculette en mains », des hommes et femmes intègres, honnêtes, patriotes sincères, désintéressés. Je rêvais en faite. Après le discours d’investiture du PF Damiba que j’ai suivi à la RTB, j’émets de nouveaux quelques observations préliminaires en attendant les propositions de la fameuse commission technique. 

– Exit l’idée d’un mouvement révolutionnaire: le MPSR a suscité un espoir mesuré de beaucoup de citoyens parce qu’ils ont eu à faire mélange intentionnel dans les premiers discours des expressions a relent révolutionnaire et des fins de discours et communiqués par  » la patrie ou la mort, nous vaincrons » une marque déposée de la Révolution Démocratique et populaire (RDP). Là ils viennent de doucher l’espoir d’une jeunesse qui avait vu en eux une possibilité d’un autre Sankara, espérant qu’ils pourraient déjà réaliser 30% voire 50 % des idées de Sankara et de sa RDP. A la vérité sur ce point en tant que mouvement voulant gérer une transition, c’est bon d’avoir vite clarifié ce point. Cela a le mérite de limiter l’ampleur de la déception aux soir de leur pouvoir. 

– Un discours d’investiture a valeur de programme  qui fait de l’intégrité une valeur cardinale. Encore une référence à la RDP qui avait aussi fait de l’intégrité un mode de vie à commencer par son leader charismatique.  En effet, Thomas Sankara qui a incarné en tant que leader  politique, le summum de l’intégrité dans le discours, dans les actes et dans les programmes politiques qu’ils a proposé au peuple, est devenu pour tout acteur (militaire ou civil )  qui portera l’étoffe de président du Faso (PF) et aussi pour une grande partie de la jeunesse « un étalon de mesure sur tous les plans »: avoir l’amour son pays, être intègre, écouter les aspirations populaires, marcher avec le peuple, etc…

– Un mauvais cheveu qui a vite éclipsé l’accueil populaire du discours d’investiture. La présence de deux civils comme étant des membres ou adhérents ou sympatisants du MPSR, peu importe. Particulièrement le  sieur Maiga Ibrahim,  qui renoncé à sa nationalité Burkinabè pour devenir Américain, qui a bénéficié de beaucoup de fuite d’informations confidentiels sensibles dans la guerre contre le terrorisme,  peut-il être une référence pour incarner la probité tant chanté dans le discours du MPSR? Là encore nous lui accordons le bénéfice que les hommes changent, peut être qu’il a changé entre temps.  Pour beaucoup comme nous autres l’ode à l’intégrité repassera à une autre fois , sauf si dans les actes quotidien le contraire se produit et que les résultats dans 2 mois, voire 3 mois nous donne tort. le Burkinabè  moyen n’aime l’injustice et les coups tordus et dans ce faso, qui est une petite savane, tout se sait même on ne met tout sur l’espace public.  

– d’autres écueils à éviter dans l’urgence. Il est projeté des manifestations de soutiens au MPSR les prochains jours et prochaines semaines, et cela par certaines forces vives de la nations et la RTB en fait même la publicité déjà (signe des temps nouveaux). C’est une grosse erreur de vouloir en tant pouvoir militaire utiliser la rue , cela vient contredire le discours d’investiture: dépolitiser l’espace public et l’administration. Le soutien populaire se fera presque spontanément une fois que les premiers résultats sont visibles: villages reconquis, populations déplacés réinstallés et sécurisées, administration du du territoire assurée dans presque toutes les zones actuellement sous occupations des groupes terroristes. Le MPSR devrait demandé à tous ceux et celles qui souhaitent les soutenir de se faire enrôler dans les actions de reconquête du territoire, qui comme VDP, qui comme des agents de renseignements, qui comme des volontaires pour soigner les blessées, les malades, qui pour un travail communautaire de reconstruction/réhabilitations des infrastructures détruites, qui pour des actions de sensibilisation sur le vivre ensemble, car cette crise ne se gagnera pas uniquement par la guerre. Toutes ces marches de soutiens sont contre-productives à mon sens. mais là c’est un autre dilemme. scier une branche sur laquelle on est bien assis est difficile. Je peux me tromper encore dans l’analyse. 

– Armée au pouvoir et armée sur le terrain: dilemme difficile à gérer. Comme l’a écrit mon ami et grand frère NAB, le MPSR est composé majoritairement de militaires et ils doivent assumée entièrement leur acte et s’occuper réellement de ce pourquoi ils ont justifié leur prise de pouvoir. Ils ont maintenant tout à leur disposition: pouvoir de décider, les hommes et les moyens. leur temps de grâce sera de très courte durée et les mêmes qui ont applaudi leur arrivée vont sortir pour exiger leur départ, de même  que d’autres coup de forces ne seraient pas à exclure.  Symboliquement le PO du théêtre national des opérations devait être délocalisé dans une zone comme Djibo, fada, Dori ou tout autre zone stratégique de sorte à montrer que c’est le terrain qui est leur enjeu aujourd’hui. A trop passer du temps dans les interminables réunions à ouaga donnera l’impression que le pouvoir se bunkarise à ouaga. Enfin cette équation et et c’est la plus dure à ressoudre dans l’armée actuellement: comment passer d’une armée de « mercenaires » dont les primes et autres avantages sont mises en avant à une armée de patriotes qui se battent pour liberer leur pays et sont prets au sacrifice de sang versé pour que leur enfants, femmes, freres et soeurs vivent dans un burkinabé prospère. J’ai la faiblesse de croire qu’un soldat qui recois de fortes sommes sous formes de primes avant d’aller combattre aura un reflexe de sauver sa vie d’abord afin d’en jouir une fois de retour du terrain de combat… 

– chers membres du MPSR, vous commenterez  encore et encore d’autres erreurs c’est humain, mais votre volonté, votre sincérité à parler au peuple droit dans les yeux toutes les fois que vous avez des victoires ou des difficultés seront des gages de mobilisation populaire autour de vous. Toute autre forme de gouvernance sans cette franchise et cette fusion avec le peuple sera une aventure périlleuse. Parce au couché du soleil ou au levé du soleil, les burkinabé de Djibo, de Arbinda, de Dori, du Lorum, de Tansarga, de Mangodara, de Seytenga, de Toeni,  de Bitou,  de madoari, de Kompienga, etc attentent que vous venez leur sauver et leur permettre de vivre, de circuler et faire paître son bétail, de commercer, de produire et de rêver la nuit venue.  

Luc Damiba , Spécialiste anti-corruption pour l’Afrique de l’ouest et du Centre et directeur de ILAABA

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page