Société

Transport de marchandises au Burkina : « Des camions hors gabarit endommagent nos routes du fait d’intérêts égoïstes »

Au lendemain de la conférence de presse animée par le SYNACTIV-BF, qui se plaint des restrictions réglementaires en matière de transport de marchandises qui expliquerait en partie la vie chère au Burkina, nous avons tendu notre micro à un des acteurs important du secteur afin de mieux comprendre les récriminations de ce syndicat.

Pour Burkindi, (nom d’emprunt), ce  n’est pas le règlement 14 qui est à la base de la vie chère mais la volonté d’un groupuscule d’intermédiaires qui manœuvrent pour s’enrichir illégalement en violant les textes de la CEDEAO. Et notre interlocuteur d’en appeler à la vigilance des autorités compétentes. 

Cherté de la vie : le transporteurs indexent une mauvaise politique du ministre Dabilgou

Le règlement 14 a vu le jour, selon Burkindi, en 2005 mais les différents Etats n’étant pas prêts, ont demandé des reports dans son application. «  Au jour d’aujourd’hui on  l’applique avec 20% de tolérance.  Les PTF obligent les Etats à respecter les textes du règlement au risque de suspendre la construction des infrastructures routières et portuaires qui coûtent chère. Il a été prouvé qu’un goudron qui a une durée de vie de 15 ans ne fait que 3 ans du fait de la surcharge et des camions hors gabarit. Dans certaines rues il y a des camions qui ne peuvent plus manœuvrer. Des camions hors gabarit. Un bon transporteur ne possède pas ces camions », a-t-il expliqué. Pour Burkindi, ceux qui ont animé la conférence de presse du STNACTIV-BF, ne sont pas des transporteurs mais ceux qu’ils appellent dans leur jargon, des groupers, ces personnes qui s’occupent de l’acheminement des containers de commerçants. «  Ils ont la charge de trouver un camion qui peut charger le contenu de trois containers dans un seul véhicule au niveau du port.  Pour arriver à cela, il confectionne des camions hors normes qui ne peuvent pas obtenir la visite technique et la carte grise au CCVA. Pour obtenir ces documents, ils effectuent les modifications sur les gros porteurs  après donc le passage au CCVA. Ces pratiques endommagent nos routes et des taxes échappent au fisc. Ils paient ainsi un quart de ce qu’ils doivent à la Douane et s’enrichissent eux et  les commerçants.  Pour 20 millions, ils versent seulement 5. », a-t-il argumenté, précisant que pendant qu’elle était en fonction, la ministre des Finances d’alors, Rosine Coulibaly, avait demandé le dédouanement des marchandises par container à Ouagarinter pour endiguer les fausses déclarations des importateurs. Mais à ce propos,  le ministre des Transports a accordé un moratoire jusqu’en fin décembre 2021, nous apprend notre interlocuteur. Cependant,  les agents de sécurité des  pays côtiers ont fait des descentes dans les différents sites de pesage afin de mettre des chauffeurs burkinabè des camions modifiés  en prison. « Les autorités togolaises ont mis des camions non conformes en fourrière. La règle est communautaire et les ministres des Transports de l’UEMOA ont décidé qu’on appliquera le règlement mais avec la tolérance de 20%, mais les groupers vont jusqu’à  80%. Depuis 2013 les bons transporteurs ont réduit le volume de leurs citernes  qui sont passées de 70 mille L à pas plus de 45 mille litres », a-t-il précisé. Burkindi  est persuadé que la situation perdure compte tenu du laxisme des autorités burkinabè et il trouve anormal  que des Etats s’endettent pour réaliser des routes pour qu’après, des inciviques les détériorent. « Lors d’une réunion  en présence du  ministre des Transports, les groupers ont demandé aux responsables de l’ONASER de revenir aux anciennes pratiques  consistant à fermer les yeux sur les camions non conformes. Pour contrer les agissements de l’ONASER, le gouvernement a trouvé un prestataire indépendant, Afrique pesage. Quand la structure est arrivée les groupers qui ne voulaient rien comprendre se sont plaints . Si les camions étaient aux normes règlementaires, on  n’aurait pas besoin d’ Afrique pesage sauf pour des cas ponctuels », a-t-il conclu, ajoutant que les groupers ne veulent pas comprendre cette exigence communautaire et veulent tromper l’opinion publique en mettant en avant la question de vie chère.  

W. Harold Alex Kaboré  

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