Defense & Sécurité

Demande d’enquête sur la mort de deux Espagnols : « Nous devons voir comment tirer profit de cette requête », commissaire Rachid Palenfo

Après l’enlèvement le 26 avril 2021 suivi de l’assassinat de deux de ses ressortissants, l’Espagne a demandé au Burkina Faso de mener une enquête afin d’élucider les circonstances de ce drame. Un sujet sur lequel le commissaire de police Rachid Palenfo donne son appréciation via son compte Facebook. A son avis, le Burkina devrait voir comment tirer profit de cette requête. Nous vous proposons, ci-dessous, son analyse.

Le commissaire de police Rachid Palenfo

« Après la mort tragique de deux (02) de ses ressortissants (dont nous regrettons le décès tout comme celui de milliers de Burkinabè), l’Espagne aurait demandé l’ouverture d’une enquête, avons-nous appris des médias. Quelle analyse tirer de cette situation ?

De l’urgence d’une réponse à l’affront

A la suite du conseil de défense et de sécurité tenu, le président du Faso a annoncé sur sa page Facebook des actions fortes. Ainsi l’on peut imaginer prochainement des opérations de grandes envergures contre les positions terroristes.

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A cet égard et pour éviter que les mêmes causes n’entraînent les mêmes effets, nous devons tirer des leçons des limites de l’opération « Otapuanu ». Pourquoi après cette opération, il y a eu un regain de terrorisme dans la zone ? Voilà la première question à résoudre (penser à l’après opérations).

De la mobilisation de 5.000 hommes pour renforcer le dispositif déjà présent à l’Est

Une opération nécessite de la planification, des hommes, des moyens et de la stratégie.

La planification nécessite une approche participative des forces armées et des forces de sécurité, un partage d’expérience, de renseignements, une analyse de la cartographie de la zone, les dynamiques terroristes, etc.

La mobilisation : elle devrait s’efforcer dans une moindre mesure, à mon sens, de réunir 5.000 hommes. Selon un quota approximatif tenant compte des effectifs et des missions, l’armée devrait être en mesure de fournir 2.000 hommes, la Police nationale 1.500, la gendarmerie 1.000 et les autres corps 500.

La mise en place d’une équipe de formation mixte (armée, gendarmerie, police)

Elle aura l’avantage de fédérer les techniques et les tactiques d’intervention. Cela sera profitable aux différentes équipes. Cette formation devrait mieux se concentrer sur la mission et non sur les manœuvres inutiles. Des modules suivants peuvent être prospectés (armement, techniques d’intervention, tirs d’initiation et de précision, gestion des munitions au combat, réaction face à l’embuscade, etc.)

NB : la chose à éviter serait la méditation d’une telle formation pour ne pas dévoiler l’identité des acteurs, et surtout étaler leurs moyens d’intervention. L’ignorance crée des doutes chez l’ennemi.

Des moyens : il faudra faire un état des besoins en tenant compte des effectifs, du terrain d’opération (forêt) et des capacités de l’ennemi. Une mutualisation des moyens s’impose. Au besoin, il pourrait être fait réquisition de moyens roulant dans d’autres administrations (actuellement dans certains services, il y a des véhicules qui chôment).

Mettre l’Espagne devant sa requête

En toute humilité nous pouvons dire à Madrid que nous avons la volonté de faire (car le terrorisme tue également nos concitoyens). Cependant, nous manquons de certains moyens pour bien mener l’enquête. Ainsi, nous pourrons leur demander un appui aérien lors de ces opérations. L’Espagne a une importante flotte de chasseurs. Deux chasseurs suffisent largement pour une telle action. En outre, ils peuvent nous aider en formation et équipement d’autres natures.

Ainsi, pendant qu’ils assureront la couverture aérienne, nos effectifs pourront faire le travail de nettoyage de la forêt.

Il faudra au passage demander également au Niger, au Bénin et au Togo de fermer leurs frontières : un bouclage total.

En six (06) mois d’opération, la zone sera assainie. Ils auront les auteurs qu’ils cherchent, nos populations auront aussi la paix. Tout le monde y gagnera.

C’est pourquoi je pense que nous devons réfléchir à comment tirer une opportunité de cette requête plutôt que de la voir comme un problème. En toute chose, il y a de l’opportunité qu’elle nous paraisse bien ou mauvaise. »

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