Société

Sauriens de Bangr-weogo : Dites crocodile et non pas caïman !

Depuis un certain temps, des sauriens du Parc urbain Bangr-weogo se donnent en spectacle. En effet, le matin comme le soir, on ne s’étonne plus de les voir hors du cours d’eau qui traverse cet espace protégé. Certains se retrouvent même sur la voie publique. Qu’est-ce qui explique les balades de ces reptiles en pleine capitale ? Quels risques pour les usagers de la voie publique ? Comment se fait la gestion de ces bêtes au sein du parc ? Quelles espèces de sauriens y vivent. Caïmans ou crocodiles ? Nous en avons su davantage en rendant visite aux gestionnaires de Bangr-weogo. Reportage.

Au sein du parc Bangr-weogo, pas de caïman mais plusieurs espèces de crocodiles y vivent

Sur la route nationale N°4, non loin du parc urbain Bangr-weogo, un reptile géant déambule. Visiblement, il ne prête aucune attention aux passants. A l’inverse, cet usager peu ordinaire de la route  s’attire tous les regards. Pas pour longtemps, car les services techniques des eaux et forêts, alertés, viennent capturer l’animal aquatique. La scène se déroule après la pluie diluvienne qui s’est abattue sur la capitale dans la matinée du 15 juillet dernier. Mais elle n’est pas inédite. En effet, depuis un certain temps, il n’est pas rare de voir des crocodiles dans les environs, sur le bas-côté de la voirie.

Pourquoi les sorties récurrentes de ces sauriens ? Cela est naturel pour l’espèce,  fait savoir le directeur des Aménagements paysagers et de la gestion des parcs, Pascal Rouamba. Vivant dans les eaux, ces bêtes, cousines aux caïmans d’Amérique, profitent de la montée des eaux pour remonter le courant. « C’est un comportement naturel.  Le plus souvent  cela révèle un besoin de reproduction ou d’alimentation », explique-t-il. Mais dans bien d’autres cas, souligne l’inspecteur des eaux et forêts, la bête veut juste se dorer les miches.

«Ils sont inoffensifs mais… »

Et si ce bain de soleil se prend parfois hors des limites du parc, c’est parce que la clôture de cette aire protégée est défectueuse, explique l’inspecteur Rouamba. Il ne croit pas si bien dire. En effet, au côté sud de la forêt où la défectuosité de la clôture est bien visible, pas moins d’une dizaine de crocodiles se retrouvent sur les berges du cours d’eau les matins.  Pour certains usagers, ces balades présentent des risques. Mais à en croire l’inspecteur Rouamba, il n’y a pas de quoi avoir peur. De par leur nature, les crocodiles ne sont pas agressifs, assure ce spécialiste, lui qui est titulaire d’un master en gestion des aires protégées.

Néanmoins, il ne faut pas les inquiéter,  prévient-il.  Car, même si on ne se souvient pas  d’une attaque perpétrée par ces bêtes contre un humain à l’intérieur de Bangr-wreogo, ces gros ovipares ont la capacité de transformer au quart de tour, leur calme habituel en une violence de prédateur. A ce propos, Pascal Rouamba se souvient qu’il y a de cela quelques années, un enfant a été victime d’une attaque mortelle à quelques trois kilomètres du parc, sur la ceinture verte de Ouagadougou.

https://soundcloud.com/lobs-numerique/pascal-rouamba
Pascal Rouamba: « il y a une distance de sécurité à respecter »

Etendu sur plus de 250 hectares, le parc Bangr-weogo compte plus d’un millier de crocodiles. Cette population, le directeur des aménagements paysagers la repartit en deux groupes. Le premier est gardé à la ménagerie, qui est un espace réservé à l’élevage d’animaux sauvages dans l’intention,  soit de faire un relâché dans la nature, soit de les y maintenir pour des études ou encore les exposer aux touristes. Selon les chiffres de notre interlocuteur, cette première population est d’environ 150 individus.

Plus de mille gueules à nourrir

Le second groupe, environ un millier de têtes,  vit à l’état sauvage dans le reste du parc. « Nombre de ces individus ont intégré le parc grâce à des recrutements de colonies sauvages », explique celui qui est bientôt en fin de mission à la tête de la Direction des aménagements paysagers et de la gestion des parcs (DAPGP).  On compte aussi parmi cette catégorie de population, les crocodiles initialement présents dans l’espace du parc bien avant son classement en aire protégée. Car depuis toujours, cette forêt classée dont la gestion incombe à la mairie de Ouagadougou est habitée par des sauriens qui, jusqu’à présent, font l’objet de rites qu’accomplissent les chefs coutumiers de Toukin, un village de l’arrondissement 4.

De la RN4, on peut observer des crocodiles prenant un bain de soleil sur les berges

Comment autant de gros reptiles s’alimentent-ils sur seulement 250 hectares de biotope ? Si ceux gardés à la ménagerie sont aux bons soins des services du parc qui leur apportent abats, poissons, et autres aliments, ceux qui vivent en dehors doivent, eux, se débrouiller tout seuls dans le reste du parc, suivant la loi de la jungle qui commande de tuer pour se nourrir ou périr de faim. Mais en attendant qu’une solution de la surpopulation de sauriens dans le parc soit trouvée, ceux qui s’aventurent hors de ses limites font l’objet de multiples interventions des services techniques, pour vite les ramener au bercail et ainsi protéger les riverains par la sensibilisation, particulièrement les badauds qui s’amusent parfois à trop s’approcher de ces lézards géants.

Bernard Kaboré

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