Léon Gnahoré, demandeur d’asile ivoirien en France : Licencié pour …avoir sauvé des vies
On nous a toujours chanté qu’un bienfait n’est jamais perdu à tel enseigne qu’on a fini par s’en convaincre vraiment. Mais il faut croire que ce n’est pas tout le temps et sous toutes les latitudes que cela est vérifié. La preuve, un jeune sans-papiers ivoirien, Léon Djaléga Gnahoré, vient d’en faire l’amère expérience dans l’Hexagone.
Il a en effet été licencié par la société qui l’employait pour…avoir sauvé des vies. Préposé au ramassage des ordures, il était en train de vider les poubelles dès potron- minet ce 11 juin 2020 quand il vit qu’un incendie venait de se déclarer au deuxième étage d’un immeuble. Toutes affaires cessantes, il donna l’alerte, fonça dans le bâtiment dont les occupants des seize appartements étaient encore endormis, commença à tambouriner aux portes du rez-de-chaussée, et aida les habitants à se dépêtrer de cette mauvaise situation, contribuant ainsi à sauver douze familles et des dizaines de personnes qui auraient été prises au piège mortel.
Une « faute » suffisamment grave aux yeux de son employeur, un sous-traitant de la ville de Paris, pour justifier le renvoi de l’infortuné comme si on lui reprochait d’avoir délaissé son travail pour s’occuper de ce qui ne le regardait pas. Rien à voir donc avec le destin qui fut celui de Mamadou Gassama , ce Malien alors âgé de 22 ans qui, le 26 mai 2018, avait escaladé à mains nues un immeuble de la rue Marx-Dormoy pour sauver un enfant de quatre ans suspendu dans le vide au quatrième étage. Une action spectaculaire qui avait fait le tour du monde par le biais des réseaux sociaux et qui avait changé la vie de celui qu’on avait surnommé à juste titre « l’homme araignée » dont les séances de musculation auront été bien utiles dans cette opération de sauvetage.
Du jour au lendemain , le clandestin est ainsi devenu un véritable héros national reçu à l’Elysée par le président Emmanuel Macron qui lui a décerné la médaille d’honneur pour son courage et son dévouement. Mêmes honneurs à la mairie de la capitale française dont il recevra la médaille du Grand Vermeil, la plus haute distinction de la ville avant d’être naturalisé et d’intégrer la prestigieuse brigade des sapeurs-pompiers de Paris pour un service civique de dix mois.
C’est peu dire donc que la vie de « Spider man » , qui a souffert le martyre avant d’arriver en France en passant, depuis son Mali natal, par le Burkina, le Niger, la Libye et l’Italie, a beaucoup changé depuis. Rien de tel, en tout cas pour l’instant, pour l’agent d’entretien qui vient de perdre son boulot.
Mais si son patron a été on ne peut plus injuste, voire inhumain , les pensionnaires du 134 boulevard Brune Porte d’Orléans dans le 14e arrondissement ont déjà collecté une cagnotte pour voler au secours de leur sauveur et fait une pétition pour plaider la cause du demandeur d’asile dont ils espèrent que la requête sera examinée favorablement. On doit au moins ça à ce brave monsieur à qui la nation française devrait être reconnaissante, car n’eût été sa célérité, on aurait peut-être assisté à une véritable tragédie avec cet incendie.
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