Editorial

Face au terrorisme que d’irresponsabilités désarmantes

Qui l’eût cru ! Pendant que des soldats  nigériens se font tirer comme des lapins sur les champs de batailles face aux groupes armés terroristes par manque d’équipements adéquats pour défendre l’intégrité territoriale du pays, au ministère de la Défense, de hauts fonctionnaires se sont illustrés dans des magouilles dignes de la pingre mafieuse.

Comme toute pourriture, de leurs malversations a commencé à s’exhaler une odeur nauséabonde à vous faire vomir de dégoût devant tant d’irresponsabilités. En effet, depuis 6 mois, les graves dysfonctionnements de gestion des deniers publics révélés par un audit dudit ministère n’en finissent pas de révulser les consciences, tant ils en rajoutent à cette image dégueulasse de « pays de merde » que sont nos républiques bananières.

L’audit a ainsi révélé quatre fautes de gestion, en fait des forfaitures orchestrées par des cadres véreux de ce département en complicité avec des fournisseurs tout aussi peu probes : irrégularités dans les procédures de passation des marchés ; commandes inopportunes ; surfacturations ; commandes non livrées, tout y passe pour que ces ripoux  s’en mettent plein les poches. Le manque à gagner pour l’Etat nigérien est évalué à la bagatelle de 76 milliards de FCFA. Concrètement ce sont des minutions, des pièces détachées pour véhicules blindés, des camions, des camions grues pour l’armée et un système antimissile pour l’avion présidentiel qui n’ont pas été livrés. On passe sous silence la qualité douteuse de certains matériels acquis et 2 hélicoptères de combat bloqués en Russie à cause de l’opacité qui entoure leur achat.

Avant ces révélations scabreuses au Niger, un scandale du genre avait éclaboussé en 2018 le ministère malien de la Défense. Quand on sait que l’ancien ministre burkinabè de la Défense vient d’être déféré à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou, également pour des malversations présumées, on se risque à dire que le mal est endémique dans les du pays du Sahel en proie à l’insécurité. Et qu’on ne nous dise pas que c’est le fait de quelques brebis galeuses. Non ! Une bonne partie des hiérarchies militaires et des décideurs politiques vont difficilement montrer patte blanche dans ces affaires. Dans le cas du Niger par exemple, peut-on commander un système antimissile pour l’avion présidentiel sans en avertir le cabinet militaire du chef de l’Etat et par ricochet, le président lui-même ? Et quand 3, 4, 5 ans plus tard, la commande n’est pas honorée, pourquoi ce dernier n’a-t-il pas réagi ? Par ailleurs ce n’est pas anecdotique que le rapport d’audit en question n’ait pas indexé de coupables dans les dysfonctionnements constatés au ministère de la Défense. Pourtant que d’irresponsabilités désarmantes, au propre comme au figuré, qui ont mis à mal l’armée nigérienne face aux combattants de l’Etat islamique au Grand Sahara, du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans ou d’Al-Qaïda.

« Aide-toi et le ciel t’aidera ». Si les Etats du G5 Sahel font preuve de tant d’irresponsabilités dans l’équipement de leurs armées, ce n’est pas étonnant que la communauté internationale  traine les pieds à répondre à leurs demandes d’aide. Les difficultés de la force conjointe du G5 Sahel à boucler son budget et à avoir un appui logistique en sont la preuve. Il ne resterait plus que nos « ancêtres les Gaulois », fatigués de porter à eux seuls le poids de ce conflit interminable et dépités par les frasques à répétitions de nos gouvernants, plient bagages et bonjour les dégâts.

lobspaalga.com

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