Santé

Dépression après accouchement : la prescription du Pr Charlemagne Ouédraogo

Photo d’illustration

Après la naissance de leurs bébés, la plupart des mères ont du mal à se retrouver : une fatigue intense, des insomnies, un sentiment de dévalorisation, une irritabilité, un changement d’appétit, des idées suicidaires, l’apparition de certaines maladies, bref. C’est toute une transformation qui intervient chez ces accouchées les jours suivant l’accouchement, tout un changement de leur quotidien. Nous parlons de dépression post-partum, dépression post-natale ou de dépression de l’après accouchement. En réalité, la dépression survient depuis la grossesse, mais son intensité est moindre. C’est après l’accouchement que les sentiments dépressifs sont plus expressifs.

L’arrivée du premier bébé surtout crée un réaménagement de l’identité de la mère. Si dans notre société, devenir parent est vu comme une expérience positive, cette image de la parentalité peut aussi causer une culpabilité ou encore réduire l’estime de soi chez la femme à travers la dépression.

Les troubles psychiques existent déjà pendant la grossesse suivant les étapes de la grossesse: sentiments dépressifs, des épisodes délirants, l’angoisse, la peur, les insomnies, etc. Les dépressions qui surviennent pendant la grossesse concernent 7 à 13% des grossesses.

Après l’accouchement, les manifestations de la dépression sont diverses:

  • Il y a ce qu’on appelle le post partum blues concernant 50 à 80% des accouchées. Il survient juste après l’accouchement et dure 4 à 5 jours. Le post-partum blues se termine généralement après le 7e jour de l’accouchement.

C’est une dépression qui associe pleurs, irritabilité, labilité émotionnelle, sensation de mal être, la peur d’être délaissée, les crises de larmes, la susceptibilité, des agissements qui peuvent surprendre l’entourage, surtout quand l’accouchement s’est bien passé.

Il ne s’agit pas d’une maladie en tant que telle, mais cela est dû aux réaménagements affectifs et cognitifs de l’accouchement, le deuil de la grossesse et la confrontation avec le nouveau-né.

Il n’y a pas de traitement spécifique pour le post partum blues. Il suffit juste d’une revalorisation des fonctions maternelles, d’une attitude chaleureuse et compréhensive envers la mère et d’une mobilisation de l’entourage pour accompagner la mère, etc.

  • Il y a la dépression du post partum ou dépressions post-natale précoce, qui touche près de 13% des accouchées. Elle survient habituellement avant la 6e semaine après l’accouchement, se traduisant par une labilité émotionnelle, une agressivité qui dépasse une tristesse, un épuisement, la perte de l’estime de soi, l’impression de ne pouvoir pas satisfaire le bébé, des douleurs abdominales, des phobies d’impulsion etc.

La dépression du post-partum guérit généralement après la première année, mais le risque de rechute dépressive est estimé à 25% après une grossesse ultérieure.

La dépression du post- partum mérite une prise en charge. Une psychothérapie, un traitement médicamenteux. L’entourage aussi mérite aussi d’être reçu pour mieux soutenir la patiente à pallier différentes difficultés de maternage.

  • Il y a également la psychose puerpérale confuso-délirante.
    Elle apparaît dans la semaine qui suit l’accouchement chez des femmes sans aucun antécédent psychiatrique. Son incidence est de 1 à 2 femmes sur 1000. C’est une urgence psychiatrique avec une confusion mentale et désorientation.
  • une autre manifestation de la dépression est le stress post-traumatique.
    Il peut survenir à 6 mois de l’accouchement et la femme vit ce futur accouchement comme une menace vitale, tout comme, il peut survenir en post-partum avec un pourcentage plus ou moins élevé, environ 45%.

Les signes de la dépression: faible confiance en soi, la méfiance, le traumatisme, les maladies, la perturbation etc. La mère peut même ignorer qu’elle vit une dépression. Cette dépression peut se poursuivre durant la première année de vie de l’enfant.

Causes et facteurs de risques

Le souvenir négatif de l’accouchement, un accouchement difficile, quand l’accouchement ne se déroule pas comme prévu, les changements hormonaux, les changements de vie causés par l’arrivée de bébé… sont à l’origine de la dépression post-natale.

Les femmes qui ont vécu la dépression dans le passé, qui vivent des évènements stressants, qui souffrent socialement, qui n’ont pas une grande satisfaction familiale, qui ont des difficultés à allaiter, des antécédents personnels ou familiaux de dépression, des antécédents psychiatriques, des antécédents obstétricaux ( malformations, mort in utero)… sont prédisposées à la dépression de l’après accouchement.

Il faut savoir que la dépression peut survenir aussi chez le père s’il n’a pas planifié la venue de l’enfant, s’il a des mauvaises relations sociales, une insatisfaction familiale ou un travail stressant.

Chez la majorité des pères, la dépression post-natale commence pendant la grossesse.

Conséquences

  • La dépression réduit la capacité du parent à s’occuper de l’enfant;
  • La dépression nuit au lien d’attachement entre bébé et parents;
  • La dépression fragilise les relations familiales;
  • La dépression peut être mortelle.

Que faire ?

Il faut aider la femme à sortir de son silence pour en parler au spécialiste et avoir de l’aide.

Il faut une prise en charge pluridisciplinaire associant psychiatre, psychologue, gynécologue obstétricien, médecin généraliste, sage-femme, infirmier etc.

Une hospitalisation si nécessaire.

Selon la sévérité de la crise, on peut séparer la mère de l’enfant.

Il est important de détecter la détresse des femmes pendant la grossesse, ce qui permet de reconnaître rapidement les signes et mieux aider la mère.

Le soutien de l’entourage est important pour prévenir la dépression pendant la grossesse et après accouchement.

Pr Charlemagne Ouédraogo

Gynécologue-obstétricien

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