Société

Jeunes et stupéfiants : « Mon enfant est dans la drogue depuis 2011, je n’ai plus de vie », Marie Claire Tiendrébéogo, présidente de l’ASAE

En recevant Marie Claire Tiendrébéogo dans nos locaux ce vendredi 16 avril 2021, nous ne nous attendions pas aux révélations qu’elle allait nous faire.

De nos jours, différents types de drogues circulent dans les établissements

Face à son calme imperturbable, il nous était impossible d’imaginer le poids qui pèse sur les épaules de cette mère de famille. Présidente de l’Association sauvons l’avenir de nos enfants (ASAE), elle est, on peut le dire, un témoin privilégié des effets que la drogue peut avoir dans la vie d’un enfant et dans celle de la famille en générale.

Cela fait en effet 10 ans qu’elle vit avec ce problème. « J’ai dû même démissionner de mon travail en fin 2011 pour m’occuper de mon fils qui se drogue. Trois ans après, j’ai eu un autre boulot à Koudougou et j’ai pensé qu’en l’éloignant de son milieu habituel, les choses rentreraient dans l’ordre », nous a-t-elle confié. Si au début, le cas de son enfant semblait s’améliorer, quelques temps après il a fini par replonger car il a pu tisser d’autres relations malsaines. Le jeune homme finira par abandonner sa scolarité en classe de terminale après avoir échoué une fois au baccalauréat.

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Pour éviter à d’autres parents de vivre le même calvaire, dame Tiendrébéogo a eu l’idée, en 2018, avant la fin de son dernier contrat, de créer l’ASAE. Et c’est finalement en 2019 que les choses vont se concrétiser si bien qu’elle obtient la reconnaissance officielle en 2020. L’objectif général est de contribuer à l’éradication de la commercialisation et de la consommation de la drogue en milieu scolaire. Pour ce faire, elle compte travailler avec les parents d’élèves, la communauté éducative et les enfants eux-mêmes.

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Convaincue qu’il vaut mieux prévenir que guérir, la sociologue de formation estime que les parents constituent le premier rempart. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle parle d’expérience, elle qui était très souvent absente car suivant des cours du soir depuis la classe de 3e jusqu’à l’obtention de tous ses diplômes. « Il y a eu un long temps d’absence. Mon époux aussi était fréquemment absent. Finalement, les enfants étaient laissés à eux-mêmes », a-t-elle avoué. Et d’ajouter : « On pense qu’en travaillant dur, on va assurer l’avenir de nos bambins jusqu’à ce qu’on se rende compte de ce que notre absence crée dans leur vie ».

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En collaboration avec des addictologues et avec d’autres structures comme le Comité national de lutte contre la drogue et le cabinet Lumière qui compte des experts en matière de drogue, l’association organise sa première activité le 1er mai prochain à partir de 9h à l’école Saint-Viateur à Ouagadougou. Pour cela, elle invite tous ceux qui se sentent éducateurs à rejoindre ce forum. Le thème qui sera développé est « consommation de la drogue en milieu scolaire : les signes d’alerte ».

Blanche Ouéda/Molé, SG de l’ASAE

Pour Marie Claire Tiendrébéogo, les parents doivent créer une plateforme de discussion avec leurs progénitures et apprendre à bien les connaître pour identifier le moindre changement dans leur comportement. « La plupart du temps, ce sont les frustrations qui font qu’ils tombent dans ces travers », a-t-elle déclaré.

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Jusqu’ici l’association ne bénéficie que d’un soutien technique. Côté financier, l’ASAE fonctionne sur fonds propre.

Zalissa Soré

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