Société

L’Observateur Toubabou : Le livre témoignage d’un reporteur français

Fraîchement diplômé de l’école de journalisme de Sciences Po Paris, Thibault Bluy est arrivé au Burkina en juillet 2015. Il a travaillé comme reporteur pour L’Observateur Paalga pendant près d’un an. Il est aujourd’hui l’auteur du livre L’Observateur Toubabou, un essai dans lequel il aborde les évènements de 2015 et 2016 (coup d’Etat manqué, élections marquant la fin de la Transition et premières attaques terroristes). Dans l’interview qu’il nous a accordée le mercredi 25 novembre 2020, le jeune journaliste raconte comment il a eu l’idée d’écrire cet ouvrage, les prix qu’il a déjà remportés, entre autres. La cérémonie de dédicace de ce livre a lieu ce vendredi 27 novembre 2020 à 18 heures au Centre national de presse Norbert Zongo.

Comment l’idée de ce livre vous est-elle venue ?

Elle m’est venue des évènements que j’ai pu couvrir au Burkina entre 2015 et 2016. En effet, je suis arrivé dans le pays en juillet 2015, et en septembre il y a eu le coup d’Etat manqué de Gilbert Diendéré. Ensuite, les élections, au mois de novembre, et la première attaque terroriste au Cappuccino, le 15 janvier 2016. Ce sont ces trois évènements historiques qui se sont déroulés sur une courte période et que j’ai pu suivre de très près qui m’ont donné envie d’écrire ce livre.

Ce projet n’était donc pas prémédité ?

Non, pas du tout. Quand je suis rentré en France après avoir passé presque un an au Burkina, je me suis rendu compte que le public français avait très peu entendu parler de ces péripéties, voire pas du tout. Et lorsque je leur expliquais les enjeux de ces évènements et comment je les avais couverts, la discussion se terminait toujours par : « tu devrais écrire un livre ». A force de me l’entendre dire, j’ai décidé de me lancer dans ce projet, un peu avec la fleur au fusil en pensant que ça ne prendrait que les deux mois d’été. Finalement, ça m’a pris plus d’un an d’écriture. J’ai ensuite laissé le texte sommeiller, j’ai vécu différentes expériences, avant de passer six mois à l’éditer puisque j’avais, entre-temps, acquis quelques compétences dans l’édition. Le livre est sorti en octobre 2020 en France et le 13 novembre dernier au Burkina.

Pourquoi avez-vous opté pour l’autoédition ?

J’ai opté pour l’autoproduction dans le but premier de rester propriétaire de mes droits et de pouvoir diffuser le livre au Burkina à moindre coût. La version qui est vendue en France coûte 18 euros (à peu près 12 000 F CFA) et ça aurait été encore plus cher après l’avoir fait venir ici. En restant propriétaire des droits, j’ai simplement contacté une imprimerie au Burkina, qui en a tiré 1 000 exemplaires.

On sait que le livre est déjà couronné de succès. Il a en effet remporté deux prix. Dites-nous-en davantage.

Il s’agit du prix du Meilleur essai et le Grand Prix du manuscrit francophone, un concours co-organisé par les Editions du Net et le site littéraire Actualitté. Ce prix est discerné annuellement à des auteurs ayant publié en autoédition. Cette fois-ci, il y avait plus de 300 œuvres en compétition dans sept catégories. Mon livre a été élu meilleur essai, et les meilleurs de chacune des sept catégories sont éligibles au Grand Prix, qui couronne le tout. J’ai également reçu cette distinction avec un colauréat du nom de Renauld d’Avril, un poète béninois.

Mais, concrètement parlant, qu’est-ce que cela implique pour vous ?

Ce prix me permet d’avoir une maison d’édition qui va racheter les droits. Un directeur littéraire est déjà en train de lire le livre, afin de me faire ses commentaires pour éventuellement reprendre le texte avant de le soumettre à une maison d’édition. L’ouvrage pourra ainsi être diffusé dans un cercle plus large grâce à un circuit de distribution plus classique. Il sera donc disponible dans plusieurs librairies en France et ailleurs.

Où peut-on trouver le livre ici au Burkina?

Pour l’instant, on peut le trouver au siège de L’Observateur Paalga et dans la plupart des points de vente du journal, à savoir les stations-essence, les supérettes, les magasins et bientôt dans les librairies de Ouagadougou. Et si ça marche bien, on va essayer de le diffuser dans les différentes régions.

Jusqu’ici, combien d’exemplaires avez-vous déjà vendu ?

En France, j’en ai vendu à peu près 200 via les Editions du net (site d’autoédition) en un mois et demi. Ce n’est qu’à la fin du trimestre que j’aurai les chiffres pour les librairies et les plateformes de vente en ligne, mais je sais déjà qu’il y a eu des ventes aussi de ce côté-là. Au Burkina, pour l’instant, ça doit être une trentaine ou une quarantaine depuis moins de deux semaines.

Avez-vous reçu des retours par rapport au livre ?

En France, oui. Mais l’une des particularités de l’autoédition, c’est le fait qu’on doive tout faire soi-même. On n’a pas de maison qui assure la promotion et qui s’occupe de diffuser l’ouvrage dans un réseau de librairies. On doit aller directement à la rencontre de son public, c’est assez chronophage mais tout de même stimulant. En France, je cible principalement des personnes qui sont intéressées par le Burkina. Je me suis constitué des listes d’associations qui œuvrent entre la France et le Burkina Faso et de communes françaises qui sont jumelées à des communes burkinabè. Je leur écris en leur parlant du projet et si elles sont intéressées, elles commandent le livre. Beaucoup m’ont fait des retours après lecture et c’est plutôt positif. Certains se retrouvent assez bien dans ce qui est raconté et apprennent des choses sur la sous-région, puisque la deuxième partie du bouquin est une compilation de carnets de voyage sur les pays (Côte d’Ivoire, Bénin, Togo, Ghana). Ça leur permet d’élargir le regard.

Au Burkina, je n’ai pas encore eu de retour car ça fait seulement une dizaine de jours que l’ouvrage est disponible.  

Extrait vidéo de l’interview

Parlez-nous de la cérémonie de dédicace en préparation.

En réalité, deux sont prévues au Burkina. La première aura lieu ce jeudi 26 novembre 2020 à 17h à la médiathèque de l’Institut français. La deuxième se tiendra le lendemain, vendredi 27 novembre à 18h, au Centre national de presse Norbert Zongo.

Un message à l’endroit du public burkinabè ?

Je voudrais remercier Edouard Ouédraogo, le directeur et fondateur de L’Observateur Paalga qui m’a permis de vivre toutes ces péripéties, en acceptant que je rejoigne son journal. C’était très enrichissant d’échanger avec lui pendant de longues heures… au grand dam des secrétaires qui voulaient vaquer à leurs occupations (sourire). Je pense aussi au directeur des rédactions, Ousséni Ilboudo, qui a bien voulu relire le livre et me faire part de ses précieux conseils. Je n’oublie pas non plus Wilson Ouédraogo, qui a corrigé la forme, sans oublier tous les collègues de L’Observateur Paalga qui m’ont accepté au sein de l’équipe dans une ambiance toujours très chaleureuse et fraternelle. Merci à eux d’organiser cet évènement et d’en assurer la promotion. Merci aussi à ma famille d’accueil à Paglayiri qui m’a hébergé pendant près d’un an, et qui m’ouvre de nouveau les bras le plus naturellement du monde lors de ce bref séjour. Je m’y sens comme dans ma propre famille !

Propos recueillis par Zalissa Soré

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