Société

Exploitation carrière de Pissy par les femmes « Nous sommes contre l’institutionnalisation de la pauvreté », Victorien Karfo

Selon Victorien, la carrière a été abandonnée par l’entreprise Oumarou Kanazoé, il y a plus de 30 ans

L’exploitation de la carrière de granite située derrière la SONABHY affecte de nombreux habitants du quartier Pissy, situé à la périphérie ouest de la capitale. Si certains sont muets, d’autres comme Victorien Karfo ont décidé de reprendre leur bâton de pèlerin pour revigorer une lutte qui dure depuis 2016. C’est tout le sens de sa vidéo, qui a fait le tour des réseaux sociaux pour dénoncer les effets nocifs des gaz issus de la combustion des pneus. Pour ce spécialiste de la formation professionnelle, que nous avons rencontré, le 17 novembre 2020 à Ouagadougou, les autorités ont choisi d’enfoncer les gens dans la pauvreté en les laissant concasser ces pierres.

Que faites-vous dans la vie ?

Je suis Victorien Karfo, spécialiste de la formation professionnelle et des systèmes d’emplois. Je passe trois mois dans l’année à l’étranger pour des travaux mais une fois au Burkina Faso je vis confiné parce que j’ai développé une allergie à force de respirer le monoxyde de carbone, la dioxine et les  nombreux gaz nuisibles provenant de la combustion des pneus employés dans l’exploitation de la carrière de Pissy.

Les autorités sanitaires ont-elles réagit suite à vos plaintes ?

Personne n’a pipé mot. Seul des gens qui ont vécu ce que je vis ont réagi. Certains m’ont expliqué qu’ils ont déménagé et m’ont recommandé un médecin. Le président de l’Assemblée nationale, Bala Sakandé, a  octroyé des bourses aux enfants des travailleurs de la carrière.  Des vivres, des motopompes ont même été offerts. Des artistes sont également venus encourager les femmes. Nos autorités veulent institutionnaliser la pauvreté mais on va s’y opposer. Ces gens s’enfoncent dans la pauvreté puisqu’ils sont exploités  pour des travaux dégradants, difficiles et dangereux. Ceux qui se remplissent les poches sont les entreprises de construction ou de vente d’agrégats.

Les différentes correspondances adressées aux autorités n’ont rien changé

Qu’est-ce qu’on peut faire pour que ces femmes quittent la carrière ?

La formation professionnelle peut être une alternative contre la pauvreté.  Les autorités peuvent accompagner ces dames qui ne travaillent pas décemment comme le stipule les Objectifs pour le Développement Durable. Il faut investir donc dans la formation et leur donner les moyens de s’en sortir en les orientant vers des métiers comme la couture, la maçonnerie, la soudure, la menuiserie, le tissage, la teinture ou le commerce.

Quel peut être votre propre apport à votre petit niveau ?

Nous pouvons tous contribuer pour  sauver la situation. Il faut accepter de reconnaître que nos vies sont en danger. Des documentaires ont été tournées sur la carrière, avec des revendeuses qui ont confié qu’elles s’en  sortaient.  Une autre dame qui souffre entre les blocs de granite a aussi  témoigné mais a fondu en larmes au cours de l’interview. Il y a deux vies. Quand les autorités viennent en carrière on ne leur présente pas la réalité. Je suis prêt à accueillir les femmes puisque je forme dans les métiers du bâtiment. Une session de formation d’un à trois mois au niveau de  mon centre à Boussé peut faire bouger les lignes.

Des visuels, un groupe whatsapp et facebook ( Yen a marre des gaz incommodants de la carrière de Pissy) ont été créés par les riverains mécontents

De nombreuse ONG sont prêtes à investir dans la formation professionnelle, surtout celle des femmes. Expertise-France notamment forment en pâtisserie boulangerie. On ne veut pas déstabiliser les femmes qui sont déjà vulnérables. On veut juste préserver notre santé parce qu’on ne se fait pas de l’argent en tuant autrui, mais elles, elles se font de l’argent en nous tuant à petit feu.

W . Harold Alex Kaboré

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