Editorial

Election présidentielle en Côte d’Ivoire : Quand la CEDEAO administre une douche froide à l’opposition

Que dira l’opposition ivoirienne dans sa déclaration, ce mercredi 21 octobre? La Côte d’Ivoire et toute l’Afrique de l’ouest retiennent leur souffle. Jusqu’où ira la tension palpable qui se vit au bord de la lagune Ebrié à moins de 2 semaines de l’élection présidentielle du 31 octobre ?

Opposition (Guillaume Soro) et pouvoir ivoirien (ADO) dans des positions tranchées à moins de 2 semaines de l’élection présidentielle

Au moment où une délégation de la CEDEAO séjournait dans le pays, les 19 et 20 du mois  courant, des affrontements entre militants du parti au pouvoir et ceux de l’opposition étaient signalés au centre-ouest du pays et dans certains quartiers d’Abidjan. Ils sont symptomatiques de ce que les premiers battent campagne pour la réélection d’Alassane Dramane Ouattara (ADO) tandis que les seconds veulent les en empêcher.

Pouvoir et opposition en Côte d’Ivoire se regardent donc en chiens de faïence.  Difficile alors pour la CEDEAO de rapprocher les points de vue et c’est à se demander si ce n’est pas mission impossible pour Mme Shirley Botchway, la cheffe de la diplomatie ghanéenne qui conduit la délégation de l’organisation communautaire. Les premières rencontres d’une mission conjointe de la CEDEAO, de l’Union africaine et des Nations unies avec les protagonistes de la scène politique ivoirienne au début du mois d’octobre n’avaient rien accouché de concret, ni le déplacement d’Henri Konan Bédié à Accra, la semaine dernière, pour y rencontrer le président Nana Akufo Ado, président en exercice de la CEDEAO. Pourquoi ?

Parce que l’opposition, qui ne reconnaît plus la légitimité de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ni celle du Conseil constitutionnel, persiste et signe dans son option de boycotter cette présidentielle. En face, le Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti présidentiel, a entamé tambour battant la campagne pour la réélection  de son champion, ADO. Le  grand déploiement de moyens logistiques que ce parti  a donné de voir lors du premier meeting de son candidat à Bouaké, le 16 octobre dernier, est un signal fort que le camp présidentiel ne fera pas machine arrière quant à la tenue du scrutin du 31 octobre. Au contraire, il  met les petits plats dans les grands pour le gagner dès le premier tour au grand désarroi du PDCI, du FPI  et du GPS, pour ne citer que les partis  les plus virulents dans la critique contre la candidature d’ADO à un troisième mandat.

Critiques virulentes: l’opposition ivoirienne pourrait ne persister que dans cette logique, car elle peine à faire respecter son mot d’ordre de boycott des élections, malgré les heurts signalés çà et là dans le pays. En effet, la sérénité qu’affiche le pouvoir en place à 10 jours du scrutin traduit un rapport de force en sa faveur sur le terrain de la mobilisation des populations et son offre de dialogue politique après la présidentielle pourrait ramollir les ardeurs de plus d’un partisan du boycott. Par ailleurs, le communiqué final publié par la délégation de la CEDEAO à l’issue de sa dernière visite dans le pays, après avoir pris langue, entre autres, avec les ambassadeurs des pays membres du conseil de sécurité sur place, laisse penser que la balance diplomatique penche pour la tenue du scrutin le 31 octobre 2020. En effet, les missi dominici de la  CEDEAO ont appelé les politiques ivoiriens à éviter le langage de haine, à proscrire la violence et surtout l’opposition à lever son mot d’ordre de boycott de l’élection. Une déclaration reçue comme une douche froide dans l’opposition, car elle apporte véritablement de l’eau au moulin du RHDP.

L’appel de la CEDEAO et le rapport de force sur le terrain vont-ils éviter à la Côte d’Ivoire de renouer avec les vieux démons des tragiques crises post-électorales ? La déclaration de l’opposition attendue ce mercredi 21 octobre nous situera davantage sur la question.

lobspaalga.com

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