Coopération Burkina-Russie : Ouagadougou a reçu ses 25 000 tonnes de blé

Chose promise, chose due. Le gouvernement burkinabè a reçu ce vendredi 26 janvier 2024, à Ouagadougou, 25 000 tonnes de blé russe qui avait été promis en juillet 2023 par le président Vladimir Poutine lors du sommet Russie-Afrique. Le don a été réceptionné par les ministres en charge des Affaires étrangères et de l’Action humanitaire.

C’est une cérémonie longtemps attendue qui a finalement eu lieu cet après-midi du 26 janvier 2024. Dans l’enceinte du Conseil national de secours d’urgence (CONASUR), il n’y avait pratiquement d’yeux que pour le camion à l’arrière entrouverte qui laisse voir à l’intérieur un gros tas de blé et 20 sacs posés à même le sol et sur lesquels on peut lire :« Blé, don de la Fédération de Russie au Burkina Faso ».

Il s’agit en fait d’un échantillon des 25 000 tonnes de blé qui avait été promises il y a de cela 7 mois, soit en juillet 2023, lors du Sommet Russie-Afrique, à St Petersburg. Vladimir Poutine avait alors annoncé un convoi de plusieurs milliers de tonnes à destinations d’un certain nombre de pays africains dont le Burkina, le Mali, et la Centrafrique.

Pour le Burkina, c’est un geste qui vient à point nommé au regard du contexte national. La ministre de la Solidarité nationale et de l’action humanitaire l’a d’ailleurs souligné en ces termes : « le Burkina Faso, traverse une situation humanitaire difficile consécutive à la crise sécuritaire. A travers ce don, la Fédération de Russie traduit sa réelle volonté d’accompagner les efforts des autorités burkinabè en répondant favorablement à l’appel à la solidarité lancé par le Gouvernement du Burkina Faso afin de venir en aide à nos populations durement touchées par cette crise », a déclaré Nandy Somé/Diallo. Les mots de la ministre ne sont pas moins choisis quand elle considère ce don « inestimable dans la contribution à l’amélioration de la prise en charge des Personnes déplacées internes et des communautés hôtes vulnérables ». Car, selon madame Nandy Somé/Diallo, c’est d’abord aux déplacés internes et aux veuves et orphelins du terrorisme que ces céréales sont destinées, la possibilité d’octroyer une partie aux Forces de défense et de sécurité (FDS) n’étant pas exclue.

Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères, Karamoko Jean-marie Traoré, a estimé que ce geste est « l’un des nombreux témoignages de l’excellence de la coopération entre le Burkina et la Russie ».

Pour l’ambassadeur de Russie au Burkina, Alexeï Saltykov, ce geste qui s’inscrit dans le cadre de l’aide humanitaire se veut symbolique dans la foulée de la réouverture de l’Ambassade de Russie au Burkina. Selon le diplomate, ce don doit être aussi perçu comme « un signal fort de la volonté du gouvernement de la Fédération de Russie de donner un élan dynamique à sa coopération avec le Burkina Faso, l’un des partenaires stratégiques de la Russie sur le continent africain ». Mais bien plus que l’illustration d’une parfaite relation bilatérale, le don des 25 000 tonnes de vivres se veut une remise des pendules à l’heure sur un certain discours sur l’approvisionnement du blé à l’international. « Contrairement aux déclarations de l’Occident sur l’augmentation des prix des denrées alimentaires et l’aggravation des menaces de famine suite à l’échec de l’accord céréalier de la mer Noire, le coût de blé sur les marchés mondiaux diminue régulièrement. La pénurie alimentaire mondiale n’a pas eu lieu : il y a des problèmes avec sa distribution, mais pas avec la production. La Russie continue de se classer première dans les exportations de blé sur les marchés internationaux. Ainsi, en 2023 nous avons récolté 147 millions de tonnes de céréales », a déclaré Alexeï Saltykov.

A bien écouter le diplomate russe, c’est une Russie qui se montre respectueux de ses engagements : « Malgré la politique de sanctions illégales, unilatérales menée par l’Occident à l’égard de la Russie, nous continuons d’exécuter de manière responsable les contrats internationaux relatifs à l’exportation de produits agricoles, d’engrais, d’énergie et d’autres produits de première nécessité. Récemment dans le cadre de l’initiative du Président Vladimir Poutine, des quantités de blé ont été également livrées en Érythrée, au Mali, en République Centrafricaine, en Somalie  et au Zimbabwe. En 2023, le Mali a été approvisionné en céréales, carburant et engrais à titre d’aide humanitaire. La même année, le Malawi et le Kenya ont reçu des engrais dont les quantités énormes ont été bloquées auparavant dans les ports européens », a lancé Alexeï Saltykov.

Le diplomate russe a terminé son discours lors de cette cérémonie de remise du blé avec cette promesse :  » Notre pays va continuer à contribuer non seulement à l’approvisionnement du Burkina Faso en produits de première nécessité, mais à son autosuffisance alimentaire, énergétique et technologique via le transfert de nos expertises, compétences et savoir-faire ».

Bernard Kaboré