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Musique burkinabè : Lacrew ou les armes et la voix pour le même combat

C’est l’histoire de deux hommes unis par des passions communes : celle de la musique et celle du métier des armes. Et ça donne Lacrew, nom du groupe artistique de Naam et Bikso, respectivement à l’état civil, Nâabermè Hervé Kusiélé Somda et Bikpiebbomnidofou Kevin Metoman Somé. Ces deux pandores-rappeurs qui ont mis sur le marché plusieurs singles ne sont pas au bout de leur inspiration. « Le Patriote », dernier single du groupe, dit long sur un engagement musical pour une société meilleure. Aux rédactions de L’observateur Paalga  et de Lobspaalga.com, le duo s’est confié sur son parcours et ses projets.

Face au micro, Bikso (à g.) et Naam sont deux voix qui se complètent

« Le hasard sait toujours trouver ceux qui savent s’en servir ». L’écrivain Romain Rolland n’avait pas tort de l’affirmer et ce ne sont pas Hervé Kusiélé Somda et Kevin Metoman Somé qui le contrediront. Du hasard, la rencontre entre les deux « frères » en est un. Elle date du début des années 2000, à Bobo Dioulasso. Hervé Kusiélé Somda et Kevin Metoman Somé sont deux passionnés du métier des armes qui intègrent, respectivement en 2000 et 2001 l’Ecole nationale des sous-officiers de gendarmerie. Leurs chemins se rencontrent véritablement en 2005, lors d’un stage à Bobo Dioulasso, après que chacun a été révélé par sa passion pour la musique. « C’est la musique qui nous a rapprochés. Lors des formations à la gendarmerie, il y a toutes sortes d’arts qu’on essaie de développer, de réveiller ou de retrouver en chacun des élèves. Bikso (Kevin Metoman Somé) était le rossignol de la 28e promotion et moi, ‘’l’ambianceur’’ de la 29e. Dans les rangs, on vantait notre talent. Et lorsque l’occasion nous a été donnée de nous rencontrer, on l’a saisie. Et le courant est passé tout naturellement », raconte Nam, nom d’artiste de Hervé Kusiélé Somda.

Et quand deux passionnés à la fois de la musique et du métier des armes se rencontrent, ça donne Lacrew, du nom du groupe de rap formé par les deux gendarmes. « On a envisagé de former un groupe afin d’unir nos forces, vu que chacun d’entre nous avait déjà, à son niveau, des ébauches de textes. Cette idée était d’ailleurs formidable d’autant plus qu’il n’existait pas alors de groupe de chanteurs dans l’armée », confie Bikso.

Avant que le groupe ne voit le jour, il fallait l’autorisation de la hiérarchie militaire. Pour des jeunes qui se sont engagés dans la gendarmerie, ce n’était pas gagné d’avance. Que de l’attente dans le doute !  Mais quand le talent s’y mêle, le duo convainc finalement les chefs du corps en 2016, soit dix ans après avoir introduit sa demande d’autorisation.

Une fois le quitus de la hiérarchie obtenu, Lacrew n’a pas tardé à mettre en œuvre ses projets artistiques. En 2017, le groupe met sur le marché un maxi de quatre titres : Bomza ; Il était une fois ; Prends la parole et Terminator. Un an plus tard, il revient sur la scène avec Holocauste, un single. S’en suivra un autre, en 2020, Patriote, qui est la dernière sortie en date.

Patriote se veut l’hymne d’encouragement au combat. Dans ce tube, Lacrew galvanise les troupes engagées dans le combat contre les groupes armés terroristes.  Lacrew est convaincu que dans le contexte sécuritaire actuel du Burkina, la musique est d’une grande importance pour le moral de la troupe. « Le militaire a besoin que son moral soit toujours boosté. On en a eu la preuve lors des formations. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il y a des chanteurs pendant ces formations ; lesquels galvanisent et donnent le moral à la troupe.  Par ailleurs, la musique motive davantage les soldats au front, ça leur donne beaucoup de tonus. En un mot, la musique aide le soldat sur le terrain du combat », assure Naam.

A travers ses chansons, Lacrew aborde plusieurs thématiques et cela, dans un rythme tradi-moderne. Mais, pour résumer, le duo fait montre de son engagement pour une société meilleure. « La marque particulière dans chaque thème, c’est de  toujours soulever un problème et inciter à une prise de conscience », explique Bikso.

Pas besoin d’un lead vocal, Lacrew c’est deux voix qui se complètent tout simplement. « On estime que chacun à son niveau a des compétences qu’il faut exploiter  au maximum pour l’intérêt du groupe. On pense qu’on est fait l’un pour l’autre. Par conséquent celui d’entre nous qui est inspiré se lance et l’autre suit la cadence », explique Naam.

Les artistes s’inspirant très souvent de leurs pairs, Lacrew ne fait pas exception. Cela saute vite à… l’oreille dans Patriote avec le refrain « Nous pas bouger, pas moyen bouger », inspiré du célèbre Salif Kéita du Mali. « Après avoir écouté sa chanson, on a conclu que ce refrain est adapté à la situation que nous vivons présentement au Faso. C’est ainsi qu’on a décidé de s’en servir tout en y ajoutant notre touche  pour  ainsi insuffler un certain patriotisme aux Burkinabè », explique Bikso. Qu’en est-il des rappeurs burkinabè qui inspirent le duo ? « Tous les rappeurs nous inspirent. Mais principalement, on a beaucoup écouté Yeleen, Smockey et Faso Combat », confie Naam.

Des projets qui tiennent le groupe à cœur ? « Notre plus gros projet est de parvenir à organiser  un grand concert à Ouaga où les mélomanes sortiront massivement. En outre, on prépare d’autres singles et on réfléchit aussi à des featurings avec des artistes comme Frère Malkhom, Alif Naaba et bien d’autres », assure Naam.

Mais en attendant, le groupe suit son petit bonhomme de chemin avec dans les tuyaux deux œuvres à paraitre très bientôt dont un featuring avec un artiste ghanéen. Un chemin avec des notes de satisfaction surtout avec « Patriote » dont le clip récemment disponible suscite des échos favorables, à en croire le binôme.

Bernard Kaboré

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