Politique

100 jours de gouvernance : « le MPSR a du mal à engranger des résultats »

Ceci est une déclaration du regroupement des 5 partis politiques qui forment désormais : « Ensemble pour le Faso ». Après avoir condamné le coup d’état, les 5 partis signataires ont constaté que malgré la mission principale qui a justifié le coup d’Etat, le MPSR a du mal à engranger des résultats.


Au nom des organisations politiques membres je vous souhaite la bienvenue à cette conférence de presse qui marque le lancement officiel de notre Alliance. Cette conférence se tient quelques jours après la célébration de la Journée internationale de la liberté de presse. Permettez-moi de saluer le courage et le rôle capital des médias dans la vie démocratique de nos pays. En démocratie, le droit de savoir et le droit d’informer sont des éléments indispensables dans la formation d’une citoyenneté de qualité. Et c’est vous, femmes et hommes des médias qui nous permettez de savoir ce qui se passe dans nos pays, surtout dans un contexte très difficile pour ce qui est de notre espace sahélien frappé par un terrorisme endémique

L’invitation de ce jour a un seul objectif : vous présenter notre alliance politique, sa vision, ses objectifs, ses ambitions, et ses principes de fonctionnement. Mais avant d’y procéder, permettez-moi de saluer la mémoire des nombreux fils et filles du Burkina Faso, militaires, policiers, gendarmes, VDP ou simples citoyens, arrachés à notre affection par l’hydre terroriste et les diverses adversités qui endeuillent notre pays et l’Afrique. A leur mémoire, je vous remercie d’avoir une pensée pieuse. Permettez-moi aussi de rendre hommage à tous les hommes et femmes qui, nuit et jour se battent et mettent leur vie en jeu pour notre salut commun.

Qui sommes-nous ?
Notre alliance est composée de cinq organisations politiques. Il s’agit de : l’Alliance Panafricaine pour le Refondation/Tiligré (APR/Tiligré), le Mouvement SENS, le Parti de la Renaissance Nationale (PAREN), le Parti pour la Démocratie et le Socialisme (PDS) et les Progressistes Unis pour le Renouveau (PUR).
Elle prend le nom de : « ENSEMBLE POUR LE FASO ».

ENSEMBLE POUR LE FASO compte inscrire son action politique sous le sceau du patriotisme, de la bonne gouvernance, du développement endogène et du panafricanisme. Son engagement est, d’une part, de co-construire avec le peuple un projet politique autour d’une vision claire, adaptée, et en rupture totale avec la mal gouvernance et la prédation des ressources et, d’autre part, de reconquérir la souveraineté pleine et entière des peuples africains.

Fondé sur une Charte d’unité d’action politique, ENSEMBLE POUR LE FASO est composée de deux organes : la Conférence des présidents et les groupes de travail. La Conférence des présidents, qui comprend les présidents des organisations politiques membres ou leurs représentants, est l’instance suprême du regroupement. Sa présidence est tournante tous les mois. La Charte de l’unité d’action politique, signée par les partis et mouvements politiques membres aujourd’hui même, définit plus largement l’esprit, les droits et les obligations des membres de l’Alliance qui reste ouverte à l’adhésion de tout parti, mouvement politique ou regroupement de personnes qui partagent sa vision et ses objectifs.

Pourquoi nous nous regroupons ?

Notre pays va commémorer les 30 et 31 octobre prochain, le huitième anniversaire de l’insurrection populaire de 2014. Cette séquence historique de notre pays a engendré des acquis et suscité des espérances dont notre peuple peut être légitimement fier, tels que l’élargissement des espaces de liberté, le renforcement du principe de l’alternance démocratique, l’indépendance du pouvoir judiciaire, la fin des crimes de sang politiques, le recul de l’impunité, le renforcement de la conscience politique et citoyenne des populations, une plus grande exigence vis-à-vis des dépositaires de l’autorité publique, etc. Si ces acquis sont indéniables et méritent d’être jalousement défendus, il n’en demeure pas moins que la classe dirigeante de notre pays n’a pas pu ou n’a pas voulu opérer sa mue. Les maux décriés depuis des décennies par le peuple, notamment la corruption, le détournement de deniers publics, la gabegie, le clientélisme et le népotisme dans le choix des responsables au niveau de l’administration publique, le bradage des ressources naturelles, l’accaparement des terres par une clientèle politico-affairiste au détriment des couches populaires, etc. n’ont hélas pas disparus avec le changement de régime opéré après les élections post insurrectionnelles. Les Burkinabè se sont battus autour de l’idée que « Plus rien ne sera comme avant ». A l’évidence, tel n’a pas été le cas, suscitant le découragement et le désespoir chez une frange importante de notre peuple. A cette gouvernance peu vertueuse s’est ajoutée l’épineuse question de la crise sécuritaire. Pendant six longues années, le régime déchu n’a pas trouvé des solutions efficaces à l’expansion du terrorisme sur notre territoire. Au bilan, le pays se retrouve avec près de deux millions de personnes hors de leurs foyers.

C’est dans ce contexte qu’est intervenu le coup d’Etat du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) le 24 janvier dernier. Notre regroupement a fermement condamné cette interruption du processus démocratique et appelé au retour rapide à l’ordre constitutionnel normal. Notre conviction demeure que le coup d’Etat reste une mauvaise réponse à un vrai problème de gouvernance et de sécurité dans notre pays. Le coup d’Etat ayant suscité de l’indifférence chez les Burkinabè, les autorités militaires auraient dû saisir cette opportunité pour mettre en place de façon consensuelle une transition inclusive dont la durée ne devrait pas excéder 24 mois. En dépit de toutes ses insuffisances, les Burkinabè ont fondé l’espoir que le MPSR allait vite honorer sa principale promesse qui est celle de la lutte implacable et efficace contre le terrorisme et le retour rapide des déplacés dans leurs localités. Malheureusement, 100 jours après sa prise du pouvoir, le peuple burkinabè constate que sur sa mission principale qui a justifié le coup d’Etat, le MPSR a du mal à engranger des résultats. Le terrorisme a gagné du terrain, le nombre de personnes déplacées internes s’est considérablement accru et le nombre de localités perdus a augmenté. Sur le front politique, l’on note des tentatives de restriction des libertés fondamentales chèrement acquises par notre peuple : liberté de la presse, liberté d’expression, liberté de manifestation, etc. Tout cela constitue un grand défi pour notre peuple et surtout pour les acteurs politiques que nous sommes.
Ainsi, conscient des défis multiples aux plans politique, social, économique, sécuritaire et géostratégique à relever pour le bonheur de notre Peuple et tirant les leçons des échecs répétés de tentatives de regroupement de partis politiques au Burkina Faso et en Afrique, nous avons décidé d’aller progressivement et prudemment à l’unité à travers une alliance politique. Cette démarche doit permettre à notre Alliance de consolider les relations entre les organisations membres du regroupement sur toute l’étendue du territoire, de défendre des positions communes et concertées sur toutes les questions d’intérêt national, de co-construire un projet politique, de suivre des actions des organes de la Transition, etc.

Le but ultime de notre regroupement, c’est la création d’une organisation politique unifiée en vue d’offrir aux peuples burkinabè et africains une alternative politique crédible et ambitieuse, construite sur le socle des valeurs culturelles endogènes. Nous sommes convaincus que seule l’union des forces patriotiques et panafricanistes est capable de construire un Burkina Faso véritablement indépendant, débarrassé des maux qui minent son développement. C’est pourquoi, nous appelons tous les patriotes sincères, tous les panafricanistes et tous les progressistes convaincus, engagés ou non dans des organisations, tous les partis et mouvements qui pensent que le temps est venu de rompre avec l’immobilisme, les insouciances, la soumission aux puissances extérieures et les prédations multiformes, à nous rejoindre afin de bâtir ensemble une organisation politique forte, dynamique, progressiste et panafricaniste, capable de doter notre pays d’un projet de société alternatif en harmonie avec les valeurs sociales de dignité, de solidarité, de justice sociale, d’équilibre, d’ordre juste et de liberté.

Notre alliance fonde beaucoup d’espoir et d’espérance sur la jeunesse : c’est notamment sur elle que repose le devenir du Burkina Faso en termes de mobilisation de capacités entrepreneuriales, d’initiatives créatrices, de transformations mentales et de possibilités d’actions constructives. Nous entendons aussi créer les conditions pour une meilleure implication et représentation des femmes dans tous les secteurs de la vie nationale. Notre regroupement est enfin un cadre idéal, un lieu privilégié pour insuffler la dynamique de l’organisation, la fierté de servir son peuple, le culte de la responsabilité et du travail bien fait, et enfin l’amour de la Patrie et de notre Nation, l’Afrique. ENSEMBLE, nous allons interroger l’avenir et lancer des défis. Nous nous engageons dans un pari, celui de la construction d’une nation prospère et démocratique, en harmonie avec nos réalités socioculturelles et environnementales.

Encore une fois, merci pour votre présence et votre disponibilité. Merci de votre bienveillante attention.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page