Procès sur l’assassinat de Thomas Sankara: des avocats de la défense brandissent la prescription de l’action publique
Déclarer la prescription de l’action publique ou le cas échéant, prononcer l’acquittement en faveur de leurs clients. C’est ce que des avocats de la défense ont demandé à la chambre de première instance du tribunal militaire lors de l’audience de ce mardi 22 mars 2022, caractérisée par la plaidoirie de la défense.
Cette fois-ci fut la bonne. Après la suspension de l’audience sur l’affaire Thomas Sankara , du fait de la procédure en inconstitutionnalité qu’avaient formulée certains avocats de la défense à la chambre de première instance du tribunal militaire, et d’autres tels de Me Aliou Diakité, qui pour sa part avait introduit cette requête auprès du Conseil Constitutionnel, les hommes en robe noire de toutes les parties à ce procès ont regagné la Salle des Banquets de Ouaga 2000.
Comme prévu, ce fut le tour de la défense de plaider. Et Me Mathieu Somé, au nom de ses confrères s’est jeté à l’eau le premier. Son intervention se voulait brève et concise. Avant d’entrer dans le vif du sujet, Me Somé, l’un des conseils du général Gilbert Dienderé, l’accusé vedette de ce procès (en l’absence de Blaise Compaoré et de Hyacinthe Kafando), a tenu à faire un mot introductif dans lequel il a évoqué les différentes procédures que l’affaire Sankara a connues. Mais avant, l’avocat s’est incliné avec » respect, considération et humanisme » sur la mémoire de l’ancien président, le capitaine Thomas Sankara et ses compagnons d’infortune.
A sa suite, c’est Me Abdoul Latif Dabo qui a pris la parole. Son intervention a porté sur trois sujets : la question de l’intime conviction, celle de la preuve et celle du témoignage dans un procès pénal. Pour l’avocat, également un des conseils du général, si l’intime conviction est une appréciation de la preuve, elle doit commander une démarche rationnelle quand on sait que la preuve est intimement liée à la vérité. En ce qui concerne le dernier point, il pense que les erreurs judiciaires proviennent en grande partie des témoignages. Et pour illustrer sa conviction quant à la fragilité des témoignages , Me Dabo a fait appel à l’œuvre de Gilles Perrault, intitulée le Pull-over rouge mais aussi des expériences d’Edouard Claparède, un neurologue et psychologue Suisse.
Me Issiaka Ouattara pour sa part a plaidé pour le médecin-militaire, Alidou Diébré en abordant deux éléments: la prescription de l’action publique et la matérialité des faits reprochés à l’accusé qu’il défend. Pour Me Ouattara, l’infraction de faux n’est pas constituée chez son client. C’est pourquoi il a demandé à la chambre la relaxation de son client ou la prescription de l’action publique. Faut-il le rappeler, son client est poursuivi pour avoir mentionné sur le certificat de décès de Thomas Sankara « mort naturelle » comme cause de sa disparition.
Après Alidou Diébré, c’est la cause d’un autre médecin-militaire qui sera défendue. Son nom: Hamado Kafando, avec pour conseils Me Moumouny Kopiho et son collègue Aliou Diakité. Si pour le premier avocat, que le tribunal rende justice à son client en prononçant la prescription permettra d’immortaliser Thomas Sankara, le second pour sa part a déclaré que reconnaitre Hamado Kando coupable de faux en écriture authentique ou publique, serait lui faire un procès injuste. Par conséquent Me Diakité a demandé à la chambre de déclarer purement et simplement la prescription de l’action publique en faveur de son client et le cas échéant, l’acquitter sur la base de l’infraction non constituée. Il faut dire qu »il est reproché au mis en cause, contrairement à Alidou Diébré pour Thomas Sankara, d’avoir indiqué « mort accidentelle » sur le certificat de décès de Bonaventure Compaoré, une des victimes du drame du 15 octobre 87 au conseil de l’entente.
Roukiétou Soma
