Société

Attaques terroristes au Centre-Nord: Dablo est-elle tombée ?

Frontalière de la province du Soum (région du Sahel), Dablo, commune rurale   située à environ 90 kilomètres de Kaya, chef-lieu de la région du Centre-Nord et de la province du Sanmatenga, semble être désormais sous occupation des groupes armés terroristes. En raison de la dégradation de la situation sécuritaire due au départ des éléments du détachement de la gendarmerie et de l’abdication de la vingtaine des volontaires pour la défense de la patrie (VDP), plus de 20000 âmes de la commune constituées de la population hôte et des personnes déplacées internes (PDI) ont toutes quitté la ville en fin de semaine écoulée pour se refugier dans d’autres localités telles que Barsalogho, Namissiguima, Zimtanga, Kelbo et Kaya. Foubé, une bourgade de la commune de Barsalogho, se vide elle aussi de sa population hôte et de ses PDI en raison de l’insécurité

Des dispositions urgentes ont été prises par les services de l’action humanitaire pour soulager les nouvelles PDI venues de Dablo et de Foubé

Epuisés par les longues marches dans la brousse, des hommes et des femmes déplacés internes, nouvellement arrivés de Dablo, sont assis à l’ombre des bureaux et des arbustes de la direction provinciale de la femme, de la solidarité nationale, de la famille et de l’action humanitaire du Sanmatenga.

Le directeur régional en charge de l’action humanitaire, Yacouba Ouédraogo (à g.), échangeant avec le maire de Dablo, Ousmane Zango (à d.) et un des ressortissants de la commune vivant à Kaya

Au même moment, des agents des services de l’action humanitaire et de la santé s’affairent pour leur enregistrement et leur prise en charge humanitaire et sanitaire ; le directeur régional en charge de l’action humanitaire, Yacouba Ouédraogo, le maire de Dablo, Ousmane Zango, et des ressortissants de Dablo vivant à Kaya, tout en les réconfortant nouvelles PDI,  échangent sur les dispositions urgentes de leur prise en charge : c’est le décors qui nous a été donné de constater à notre arrivée dans l’enceinte de la direction provinciale de la femme et de la solidarité nationale sise au secteur n° 2 de Kaya, dans l’après-midi du dimanche 28 novembre 2021. « Nous avons quitté Dablo à pieds hier soir (Ndlr : le samedi 27 novembre 2021) peu après 18 heures pour venir à Kaya en passant par Namissiguima afin de sauver nos vies. Nous avons marché dans la brousse toute la nuit avec des femmes et des enfants. Nous étions sans protection et sans défense depuis le départ de la gendarmerie dans la nuit du lundi 22 novembre et par la suite des VDP. Dans la matinée du vendredi 26 novembre, des terroristes lourdement armés sont venus en grand nombre dans la ville de Dablo. Après avoir violenté quelques personnes et incendié les tentes des déplacés internes, des habitations et des hangars, ils ont dérobé des animaux domestiques. De peur que les individus armés ne reviennent nous massacrer, nous avons préféré fuir Dablo », nous a relaté  Monzinga Sawadogo, un septuagénaire déplacé interne en attente de son enregistrement.

Dénise Bamogo , une nouvelle déplacée interne, qui a du mal à contenir ses larmes, dit avoir quitté la ville de Dablo avec d’autres femmes et des enfants en bas âge dans la nuit du vendredi 26 au samedi 27 novembre à l’aide d’une charrette à traction asinienne pour se rendre à Barsalogho-centre. Si d’autres femmes ont abandonné leurs charrettes en pleine brousse, Dénise dit avoir par la suite rallié Kaya à bord d’un véhicule de transport en commun. « On n’en pouvait plus. Chaque jour, les terroristes nous violentent, nous terrifient et nous pillent. Ces derniers jours, ils ont donné un ultimatum de quitter la localité ; ils menacent d’assassiner tous les hommes et les femmes qui refuseront de respecter leur mot d’ordre », a-t-elle confiée. Plus jeune, Idrissa Lamoussa Santi, indique manqué de mots pour décrire la situation de Dablo qui s’est vidée en 48 heures de tous ses habitants du fait de l’inaction de L’Etat. « Ce sont les chiens et les porcs qui vivent désormais à Dablo. Aucune âme ne vit encore à Dablo », a-t-il fait savoir.

La majorité des PDI arrivées à Kaya en provenance de Dablo ont marché pendant toute la nuit dans la brousse

Comme bon nombre des nouveaux déplacés internes venus de Dablo, M. Santi soutien avoir tout abandonné à Dablo. « En 2020, nous avons pu cultiver nos champs et nos plaines rizicoles. Cette année, ils (Ndlr : les terroristes) nous ont interdit de pratiquer l’agriculture », a-t-il précisé. Le maire de Dablo, Ousmane Zango, confirme les propos de ses administrés. A l’en croire, la population hôte et les PDI de Dablo ont tous quitté le chef-lieu de la commune où elles y vivaient en raison du départ des forces de défense et de sécurité et des VDP. «  Les moins endurants se sont enfuit à Kelbo, distante de 17 kilomètres ; les plus endurants se sont refugiés en grand nombre à Barsalogho, et d’autres à Namissiguima, à Kaya et à Zimtanga », a précisé l’édile de Dablo, lui aussi « déplacé interne » depuis plus de deux années. A la question de savoir si sa commune est désormais sous occupation des groupes armés terroristes, le maire Ousmane Zango répond par l’affirmatif. « Sur plus de 24 000 personnes qui vivaient à Dablo, personne n’y vit désormais », nous a-t-il indiqué.

                                            Foubé se vide aussi

Parmi les nouveaux PDI accueillies par les services de l’action humanitaire du Centre-Nord, l’on dénombre également des déplacés internes venus de Foubé, une localité de Barsalogho.  Fatimata Nabaloum dit avoir quitté Foubé dans la soirée du vendredi 26 novembre avec d’autres femmes âgées et des enfants. « Après avoir marché toute la nuit, nous sommes arrivées à Barsalogho-centre dans la matinée du samedi. J’ai décidé de me réfugier à Kaya », a-t-elle expliquée. Et de préciser que tous les hommes avaient auparavant fuient Foubé depuis les attaques terroristes contre les détachements des FDS de ladite localité et de Yirgou.

Face la situation d’exode des population hôtes et des PDI de Dablo et de Foubé vers d’autres localités comme Barsalogho, Pensa, Namissiguima, Kaya, Bouroum et Zimtanga, la direction régionale de l’action humanitaire a, en concertation avec l’administration générale sous la houlette du gouverneur du Centre-Nord, Casimir Séguèda, les services de la santé et les organisations humanitaires intervenant dans la région, mis en place des dispositions urgentes de dénombrement, de prise en charge sociale et sanitaire, de relogement et d’assistance humanitaire au profit des nouveaux déplacés internes.

                                                          Dieu-Donné Windpouyré Ouédraogo

Des terroristes séquestrent des femmes déplacées

Selon les informations, des femmes qui ont fui Dablo avec leurs enfants ont été séquestrées pendant plusieurs heures sur l’axe Dablo-Barsalogho par les forces du Mal. Les terroristes n’hésiteraient pas à retirer les biens des personnes qui se déplacent en empruntant la voie pour s’enfuir. Relaxée, une des femmes déplacée serait décédée de soif et de faim à son arrivée à Barsalogho-centre dans la journée du dimanche 28 novembre.

                                                                               D.D.W.O

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Un commentaire

  1. Oui nos chers gouvernants, ce drame doit vous interpeller. Il est plus urgent de secourir et d’accompagner ces DPI, de sécuriser ces zones que de procéder aux arrestations des manifestants du 27 novembre. Triste

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