Defense & Sécurité

Drame de Yirgou :  » une journée pas comme les autres aux cotés d’une veuve  »

Dans ce récit, l’auteur, Armand Noël Ouédraogo, revient sur les difficultés rencontrées quand il s’est agit de rencontrer la femme d’un soldat tombé à Yirgou pour lui annoncer la mauvaise nouvelle.

Le 5 octobre 2021, j’ai eu la périlleuse mission de conduire des personnes âgées pour aller annoncer à une épouse dont le mari était en mission à Yirgou qu’il ne reviendra plus. L’armée a bien pris le soin d’informer la famille que leur fils était resté au front.
Mais ne vivant  pas dans la même ville que leur fils, il fallait que des sages aillent au nom de la famille porter la triste nouvelle à leur belle-fille. Quand nous sommes arrivés, c’était pour la famille un jour ordinaire, un jour comme les autres. Leurs deux filles, la première de 07 ans et la deuxième d’à peine 03 ans étaient allées à la maternelle et l’école. La bonne dame faisait comme d’habitude ses tâches ménagères. Mais à travers les visages et la présence des personnes âgées, comme toute femme d’un FDS de nos jours, elle a vite compris que nous étions porteurs d’un terrible message. Elle a vite compris que ce n’était pas un jour comme les autres, c’était un jour sombre, un coup de tonnerre dans un ciel serein. On était en face d’une épouse inconsolable pendant que les deux innocentes, ces orphelines du terrorisme que les voisins sont allés ramener de l’école s’amusaient, riaient comme tout bon enfant.
Pour elles, c’était un jour comme les autres. Elles ignorent que leur vie ne sera plus jamais la même, que ce n’était pas un jour ordinaire, que ce n’était pas pour elles un jour comme les autres. C’est dans une atmosphère indescriptible que je les ai conduites, elle et ses enfants dans sa belle-famille à Ouagadougou pour qu’elle puisse assister dans deux jours à l’inhumation de son brave époux. Je ne donnerai pas de noms parce qu’elle est une veuve parmi tant d’autres, son mari un héros parmi tant d’autres et leurs enfants des orphelins parmi tant d’autres.
À travers leur histoire, se raconte tant d’autres histoires.

J’écris ce message, parce que j’ai un cri de cœur.
Le gouvernement a pris certes des mesures pour dédommager les familles des FDS morts pour la patrie, mais il faut faire davantage, surtout pour les orphelines et les orphelins du terrorisme, ces innocentes et innocents qui doivent grandir avec le soutien inconditionnel de la société. Leurs pères sont morts pour nous protéger, il nous appartient à nous les vivants de les protéger. Les quelques mesures que je suggère en plus de celles déjà en vigueur sont :
– écoles préscolaires publiques ou privées, écoles primaires publiques ou privées, collèges et lycées publics ou privés, écoles supérieures et universités publiques ou privées de leur choix gratuits pour leurs enfants à la charge des établissements et imposée par l’État
– logements sociaux offerts par l’État aux parents qui auront en charge les enfants
– consultations, examens médicaux, soins et traitements gratuits à la charge de l’État
Toutes ces mesures pour éviter les abus, devraient être précédées d’un recensement rigoureux et un enregistrement biométrique.
Tous nos hommes tombés au front, sont des héros de la Nation.
Tous autant qu’ils sont, étaient conscients du péril quotidien, mais ils se sont sacrifiés pour la patrie, ils sont morts pour nous.
Aucun sacrifice n’est de trop pour leurs progénitures.
Faisons en sorte qu’ils reposent en paix sur cette terre du Faso pour laquelle ils sont allés au sacrifice ultime avec honneur et bravoure. Il n’y a pas meilleur repos éternel pour un défunt, que de savoir que les vivants font ce qu’il voulait faire en tant que parent pour protéger et aux offrir le meilleur à ses enfants.
Paix aux âmes de tous les héros de la patrie.
La patrie ou la mort, coûte que coûte, vaille que vaille, nous vaincrons !  »

Liste des éléments tombés du 10è RCAS /Kaya qui seront inhumés demain 7 octobre 2021 au cimetière municipal de Gounghin.

Harouna Boéna
Moumouni Bamogo,sergent
Léon Annicet Foro,sergent
Aurèle Pooda,sergent
Daquin Pooda,sergent
Arnaud Sawadogo,sergent
Adma Bonkoungou, sergent
Ibrahim Kassamba, 1er classe
Clément Méda, 1er classe
Abdoul Wahab Diasso,1er classe
Souleymane Koanda, 2e classe
Dimi Evrard Mossé, 2e classe
Donation Compaoré, 2e classe
Abdoul Zaidi Ouédraogo, 2e classe

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