Société

Extrémisme violent : le dialogue interreligieux comme moyen de prévention

Alors que la crise sécuritaire sévit au Sahel, l’Eglise catholique multiplie ses efforts de promotion de la paix. C’est dans ce sens qu’une étude a été menée dans les 13 régions du Burkina courant septembre 2021 par la Conférence épiscopale Burkina-Niger en collaboration avec le Catholic relief services (CRS) à travers l’Initiative paix au Sahel (SPI). Ce mercredi 29 septembre 2021, l’heure était à la validation du rapport de cette étude qui montre que l’extrémisme violent est une réalité au Burkina. Entre autres recommandations, chaque région doit être dotée d’un cadre de dialogue interreligieux.

Pour la postérité, les participants à l’atelier ont posé

A l’origine, l’Initiative paix au Sahel (SPI) est une volonté des évêques du Mali, du Niger, du Ghana, de la Côte d’Ivoire, du Burkina ainsi que du Catholic relief services (CRS) de contribuer à la résolution de la crise sécuritaire qui sévit au Sahel depuis plusieurs années. L’Initiative a été lancée en novembre 2019 après une étude d’évaluation des conflits dans la zone du Liptako-Gourma (Burkina, Mali, Niger). Pour le cas du Burkina, seules deux régions ont été couvertes par cette étude : le Nord et le Centre-nord, notamment les villes de Kaya, Kongoussi et Ouahigouya.

Outre la faible couverture géographique du pays, « l’étude de 2019 n’avait pas le recul nécessaire pour bien apprécier l’impact de la crise sur les communautés », fait savoir le président de la Commission épiscopale justice et paix du Burkina, Mgr Alexandre Yikyi Bazié.

Le président de la Commission épiscopale justice et paix du Burkina, Mgr Alexandre Yikyi Bazié

C’est tout l’intérêt de la présente enquête qui a été menée dans les 13 régions du Burkina et qui a consisté à un diagnostic des causes et l’impact de la crise sécuritaire sur les populations ainsi qu’une identification des facteurs de leur résilience. Au total, 2409 personnes ont été interrogées par des enquêteurs.

Objectifs : comprendre les causes profondes des conflits, de l’extrémisme violent et de la radicalisation ; cerner l’impact de la crise sur les communautés ; identifier ces facteurs de résilience pouvant servir de leviers pour la construction de la paix, de la cohésion sociale et de la gouvernance dans les programmes humanitaires et d’aide au développement ; dégager des pistes d’action pour l’Eglise catholique et le CRS, commanditaires de l’étude.

Plus de jeunes au cœur de l’extrémisme violent

A la lumière du rapport de la présente, la  crise sécuritaire a eu un grand impact sur la vie des communautés, notamment sur le plan économique. Abandon d’activités du fait du déplacement des populations, cherté de la vie due au faible ravitaillement de certaines localités en produits de première nécessité, etc.

Au plan social, révèle toujours le rapport, des communautés sont menacées du fait de l’exercice de leur culte. A cela s’ajoute une fracture intercommunautaire et le repli identitaire, comme témoigne un chef forgeron dans la Boucle du Mouhoun, soutenant que cette crise sécuritaire « a créé un sentiment de peur et de méfiance entre les populations ».

En ce qui concerne l’extrémisme violent et la radicalisation, le rapport révèle qu’ils sont une réalité au Pays des hommes intègres et touchent principalement cinq régions à savoir : le Centre-nord où environ 33% des enquêtés confirment l’existence de ces maux, le Plateau-central (31%), l’Est (17%), le Sud-Ouest (15%) et le Sahel (12%).

Comment se manifeste l’extrémisme violent ? Le rapport révèle que les formes de manifestations les plus visibles du mal vont du refus de participer aux activités collectives de la communauté au refus de sympathiser avec des personnes d’autres confessions religieuses en passant par des attaques verbales et physiques. L’enquête indique par ailleurs que les jeunes représentent la catégorie sociale la plus concernée par la radicalisation et l’extrémisme violent. Les causes, elles, sont d’ordre politique, religieux et social. Le manque d’emploi, le sentiment d’être des laissés pour compte par l’Etat, les nouveaux discours et pratiques religieuses, la concurrence interconfessionnelle, les amalgames et stigmatisations des communautés, l’enrôlement dans les groupes armées, etc., sont ainsi autant de facteurs qui conduiraient  nombre de personnes à se radicaliser.

Au titre des recommandations, l’étude suggère la création, dans chaque région, d’un cadre de dialogue interreligieux à l’image de l’Union fraternelle des croyants de Dori. A cela, il faudrait ajouter l’instauration de fora multi-acteurs dans les régions et les communes pour des dialogues, la mise en place d’un système d’accompagnement de la rescolarisation des élèves déscolarisés et le développement de projet de soutien aux jeunes pour contrer leur enrôlement dans des groupes armés.

Bernard Kaboré

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