Société

Élèves policiers face à la corruption : « Si personne ne donne 1 000 F, personne ne va recevoir 1 000 F » (Flore Somda du REN-LAC)

Les Unitariens du Faso ont organisé une conférence de sensibilisation sur les dangers de la corruption au sein de la police. C’était dans l’après-midi de ce lundi 14 décembre 2020 à Ouagadougou.

Les panélistes sont des formateurs certifiés Unitar (organisme des nations unies)

« Geraldo : Sommes-nous tous corrompus ? » Tel est le titre du documentaire projeté à l’attention des élèves policiers. Ce film qui parle de la corruption au Brésil, au Burkina et dans d’autres pays a permis aux Unitariens du Faso de planter le décor de cette conférence organisée sous le thème « renouer avec l’intégrité au sein des FDS dans la mobilité des citoyens face au covid19 ».

Pour les panélistes composés de policiers, de journalistes et de membres du REN-LAC, le phénomène est bel et bien une réalité au Pays des hommes intègres. Mieux, la covid19 a augmenté le niveau de racket parce que la mobilité des citoyens se trouve encore réduit.

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A tour de rôle, les formateurs certifiés Unitar (organisme des nations unies) en lutte contre la corruption ont partagé des faits de corruption dont ils ont entendu parler, comme l’histoire de cet agent qui, lors d’un contrôle a laissé passer, en échange de quelques billets de banque, un véhicule dont le système de freinage n’était pas opérationnel. Par la suite, il a été obligé d’aller constater la mort de son cousin, tué par la même voiture.

Les participants étaient composés des élèves de l’Ecole nationale de police

L’objectif, c’est de permettre à des corps comme la police, la gendarmerie, les eaux et forêts et la douane, entre autres, qui sont de plus en plus décriés par les citoyens, de renouer avec l’intégrité.

Pour Luc Damiba, spécialiste anti-corruption pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, tous les policiers ne sont corrompus. « Mais un seul policier corrompu entache la crédibilité de tout le corps », a-t-il ajouté.

« Pourquoi les hommes forts qu’on arrête pour fait de corruption retrouvent toujours la liberté ? Est-ce que la hiérarchie aussi ne demande aux agents de ramener quelque chose ? Que faut-il faire dans ce cas pour éviter les sanctions disciplinaires ? » Pour le directeur des rédactions de la radio Oméga, Hyacinthe Sanou, les reportages faits sur le terrain ont effectivement révélé que la hiérarchie a effectivement sa part de responsabilité. Cependant, les conférenciers ont fait savoir aux apprenants qu’ils ne sont pas tenus d’obéir aux ordres qui vont à l’encontre des lois prescrites.

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Pour lutter efficacement contre ce fléau, Flore Somda, chargée de plaidoyer du Réseau national de lutte anti-corruption, a proposé la mise en place de mécanismes de dénonciation et les arrestations en cas de tentative de corruption. A son avis, la faute est imputable aux corrupteurs car « si personne ne donne 1000 F, personne ne va recevoir 1000 F ».

Lobs numérique · Luc Damiba Sur Les Solutions De Lutte Contre La Corruption 01

Pour cela, chaque citoyen doit faire l’effort d’être en règle. Pour sa part, Luc Damiba a recommandé l’amélioration des conditions de vie et de travail des agents de police, la mise à jour des dispositions légales sur la contravention, la numérisation du paiement des amendes, l’instauration de ristournes pour les policiers qui ont eu à faire des verbalisations, etc.

Zalissa Soré

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