Société

Annulation hadj 2020 : C’est dur mais compréhensible selon les agences de voyage

La nouvelle est tombée le lundi 22 juin 2020 : cette année, le pèlerinage à la Mecque, prévu pour fin juillet, ne sera ouvert qu’à un nombre limité de Saoudiens et de résidents du royaume. C’est la résolution prise par l’émirat pétrolier pour faciliter l’application des mesures barrières et des protocoles de distanciation sociale édictés dans le cadre de la lutte contre la covid19. Une décision qui n’a pas surpris les agences de voyage impliquées dans l’organisation du hadj que nous avons rencontrées le mercredi 24 juin 2020 à Ouagadougou.

Aucune demande de remboursement de la part des clients qui avaient déjà réservé leur place n’est à noter, selon  Mustafa Ouédraogo de l’agence Al Bayane

Certains avaient reçu, depuis le mois de mars 2020, des échos faisant cas de la possible annulation du hadj, le 5e pilier de l’islam. C’est le cas de Mustafa Ouédraogo, directeur général de l’agence de voyage Al Bayane. « La maladie à coronavirus touche le monde entier. Alors il était vraiment difficile de faire autrement », a estimé celui qui intervient dans l’organisation du hadj et de la Oumrah depuis 2018. Et il en était persuadé d’autant plus que jusqu’à la fête de ramadan, seules les grandes mosquées de la Mecque et de Médine étaient restées ouvertes. C’est acté, les autorités saoudiennes l’ont décidé, il n’y aura pas de hadj cette année pour les musulmans étrangers.

Mais qu’en est-il des pertes que cela pourrait représenter pour leurs activités ? Eh bien aucune en dehors des charges du personnel, selon l’imam Ouédraogo. « Nous avons obligation de payer nos employés jusqu’à la fin de l’année », a-t-il expliqué.

Si le voyage vers la ville la plus sainte de l’islam avait eu lieu, l’agence aurait certainement enregistré plus d’une centaine de personnes. En effet, si l’on se réfère aux chiffres qui nous ont été communiqués, 71 Burkinabè ont fait confiance à cette structure en 2018 pour l’organisation de leur voyage pour la Mecque et 85 en 2019. Et si l’entreprise ne parle pas de pertes, c’est simplement parce que l’annulation du voyage n’a entraîné aucune demande de remboursement de la part des clients qui avaient déjà réservé leur place en procédant au paiement d’une partie de la somme. « Beaucoup ont reconduit leur inscription pour 2021 », a-t-il déclaré.

L’iman Ali Zoungrana a indiqué que son agence, Sahelia travel, avait déjà reçu 15 inscriptions

Le constat est pratiquement le même chez Sahelia travel, une agence de voyage créée en 2016. Là également, il n’y a aucune demande de remboursement parmi les quinze personnes déjà enregistrées et qui avaient déjà versé un million pour certains, 500 000 ou 600 000 francs CFA pour d’autres. « Elles ont toutes décidé de maintenir leur réservation jusqu’au prochain pèlerinage. On ne le souhaite pas mais en cas de décès, la famille peut récupérer l’argent ou proposer un remplaçant », a expliqué l’imam Ali Zoungrana, gérant de cette agence également spécialisée dans la billetterie, la location de véhicules, l’organisation des voyages d’affaires, de tourisme, etc.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la décision prise par l’Arabie saoudite a été très bien accueillie par les fidèles musulmans du Burkina Faso. « Même si les autorités de ce pays nous avait donné l’autorisation de faire le voyage, ç’a aurait été difficile. Par exemple, on ne peut pas quitter le jour d’Arafat et venir à Mina sans avoir des maux de tête ou le rhume qui font partie des symptômes de la covid19. Pourtant ces symptômes signifient que le croyant est en train d’expulser ses péchés. Donc, pratiquement tout le monde aurait été affecté par ces petits bobos. Comment pourrait-on, dans de telles circonstances, faire la différence entre les personnes infectées par la maladie à coronavirus et celles qui ne le sont pas », s’est-il interrogé, précisant que même en islam, prévenir vaut mieux que guérir.

Contrairement à l’agence Al Bayane, Sahelia travel n’a pas occulté les conséquences que la pandémie a pu avoir sur son activité. En effet, alors qu’ils n’ont pas travaillé pendant 03 mois  les huit employés ont néanmoins régulièrement perçu leur salaire. Il n’y a eu aucune opération en matière de billetterie et aucun client venant de la Côte d’Ivoire ne s’est non plus  enregistré pour le hadj. Et quand on sait que l’entreprise a eu 45 clients l’année dernière à raison de 2 120 000 FCFA par pèlerin, on peut facilement se faire une idée des pertes.

Zalissa Soré

Boris Anicet Zonou

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