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Mali : Les pompiers de la CEDEAO parviendront-ils à circonscrire l’incendie ?

Ibrahim Boubacar Kéïta, le président malien a du pain sur la planche

Les Maliens ont-ils désormais leur Hirak, du nom de ce mouvement insurrectionnel algérien né le 16 février 2019 et qui a fini par emporter Abdelaziz Bouteflika quelque deux mois plus tard ?  Après le coup d’essai  du 5 juin dernier qui fut un coup de maître au regard de la mobilisation monstre ce jour-là, le Rassemblement des forces patriotiques remet le couvert  aujourd’hui. Un vendredi comme ce  fut le cas la première fois. Un vendredi, jour de grande prière dans ce pays musulman à 95%  comme c’était aussi le cas en Algérie. Mais la comparaison s’arrête là. Pour le moment car si le pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keita vacille depuis quelques semaines sous les coups de boutoir de ses opposants cornaqués par l’imam Mahmoud Dicko, il  tient encore debout.  

Mais plus les manifestations vont se multiplier plus vont devenir grands les risques que les croquants qui exigent son départ  débordent ou que les forces de l’ordre perdent leur sang-froid. Déjà il y a deux semaines, certains ont voulu marché sur la résidence présidentielle de Sébénicoro avant d’être dispersés à coup de gaz lacrymogènes. Or si le sang devait finir par couler, ça rendrait la situation encore plus tendue qu’elle ne l’est déjà.

Le rendez-vous de cet après-midi intervient après une semaine de tractations tous azimuts qui n’ont, hélas, pas permis de rapprocher les positions des différents protagonistes. Même pas la médiation tentée par l’ancien président Moussa Traoré qui a reçu nuitamment à son domicile le locataire du palais de Koulouba et le chef religieux devenu de fait le chef de l’opposition malienne d’autant plus qu’on est toujours sans nouvelle du  titulaire du poste, Soumaila Cissé,  enlevé il y a presque trois mois dans la région de Tombouctou alors qu’il battait campagne pour les législatives.

A ses contempteurs qui demandent sans cesse sa démission pour l’ensemble de son œuvre (mal gouvernance, corruption, insécurité endémique), IBK a proposé lundi dans un Centre des congrès de Bamako boudé par ses adversaires un gouvernement d’union nationale, une proposition qui n’a manifestement pas rencontré l’assentiment de ses vis-à-vis puisqu’ils ont maintenu leur mot d’ordre.

On en est donc là, chaque camp restant sur sa chaise de fer, tant et si bien que ça commence à inquiéter la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui craint sans  doute, à juste titre,  que cette crise  fragilise davantage un de ses membres qui n’en menait déjà pas large et fasse perdre le sens des priorités.  

A la vielle de ce grand rassemblement dont on se demande sur quoi il va déboucher, une délégation  de la CEDEAO, composée des ministres des Affaires étrangères du Nigeria, du Niger et de la Côte d’Ivoire ainsi que du président de la Commission de l’organisation sous-régionale a ainsi débarqué hier sur les rives du Djoliba, pour essayer de désamorcer la crise et faire baisser la tension.

Y parviendra-t-elle seulement quand on voit la détermination du  Mouvement du 5-Juin à bouter hors de la Colline du pouvoir celui qui y est perché depuis maintenant sept ans et dont le dernier bail n’expire qu’en 2023 ? Il faut en tout cas espérer que les pompiers de la CEDEAO parviendront à circonscrire l’incendie politique qui vient de se déclarer car c’est tout ce dont le Mali n’a pas besoin en ce moment.

Lobspaalga.com

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