Politique

Crise au sein du CDP:« C’est de bataille judiciaire en bataille judiciaire qu’Eddie a géré le parti »

C’est la guerre au sein du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) où Eddie Komboïgo et Achille Tapsoba, avec leurs partisans, se battent pour le contrôle du parti. Après avoir réuni les différentes factions les 24 et 25 mai 2022 à Abidjan, Blaise Compaoré, le président d’honneur du CDP, avait promis de faire, par courrier, une proposition de sortie de crise. Le fameux courrier a été rendu public le vendredi dernier par Achille Tapsoba. Dans sa lettre, Blaise annule le 8e congrès tenu en décembre par Eddie Komboïgo et convoque ce congrès à nouveau. Joie dans le camp d’Achille Tapsoba et grise mine chez Eddie et ses partisans. Ces derniers ont immédiatement répliqué en diffusant un courrier adressé au président d’honneur pour d’abord douter de l’authenticité de sa lettre du 21 juin et surtout pour lui rappeler que le 8e congrès a déjà eu lieu et qu’en vertu des résolutions de ce congrès, le président d’honneur ne peut convoquer les instances du parti (lire encadré). Vendredi dernier, dans la soirée, nous avons eu un bref entretien avec Achille Tapsoba et nous vous proposons le contenu dans les lignes qui suivent. Vous lirez également la réaction d’Eddie Komboïgo.

« C’est de bataille judiciaire en bataille judiciaire qu’Eddie a géré le parti » Achille Tapsoba

A l’issue de la rencontre d’Abidjan les 24 et 25 mai 2022, le président d’honneur, Blaise Compaoré, avait promis de vous revenir par un courrier, ce courrier est arrivé quand et que contient-il ?

Je dois effectivement rappeler au bon souvenir de l’opinion que le président d’honneur, fondateur du CDP, Blaise Compaoré, a organisé des rencontres de concertation les 24 et 25 mai derniers à Abidjan. Elles avaient pour objet d’utiliser les ressorts internes pour résoudre la crise qui secoue notre parti depuis la fameuse convocation du 8e congrès. Après les concertations, nous avons reçu du président d’honneur, l’assurance qu’après réflexion, concertations et consultations d’autres personnalités, il nous reviendra par correspondance pour nous signifier sa décision sur la sortie de crise.

Alors nous avons reçu le jeudi 23 juin, une lettre, datée du 21 juin 2022. L’objet de la lettre porte sur la mesure de sortie de crise. Après avoir rappelé les concertations, il a constaté « des manquements graves au niveau de nos dispositions statutaires » qui ont été à l’origine de la crise qui a secoué le parti et des divergences qui sont nées et qui ont entaché  la vie du parti. Donc, cette crise qui concernait la convocation du 8e congrès a mis, dans une certaine mesure, le fonctionnement du parti en mal.

Blaise Compaoré, président d’honneur du CDP convoquera le 8e congrès

Par conséquent, le président d’honneur a décidé de convoquer le 8e congrès du parti selon les prérogatives statutaires qui lui ont été attribuées par le 7e congrès du parti organisé en mai 2018. Au nom de ces prérogatives, il convoque donc le 8e congrès et il nous notifiera les modalités pratiques de son organisation. Ce pouvoir lui est conféré par la résolution issue du 7e congrès, laquelle résolution précise en même temps que les attributions du fondateur, que celui-ci peut convoquer tout organe ou toute instance qu’il souhaite réunir lorsque la situation l’exige. Une fois qu’il convoque l’instance, il en détermine l’ordre du jour et les modalités de son organisation. C’est dans ce sens que dans sa lettre, il nous a notifié qu’il nous enverra très prochainement les modalités d’organisation de ce 8e congrès.

Est-ce que les dates de ce congrès sont déjà connues ?

Non ! Il a seulement indiqué qu’il va convoquer le 8e congrès. Ça fait partie de ses prérogatives et en temps opportun, il va indiquer les modalités d’organisation ainsi que l’ordre du jour. C’est donc pour amorcer la sortie de crise. Il nous demande de rester tous mobilisés pour que le congrès puisse sonner l’unité des membres actifs du parti mais aussi le retour de ceux qui étaient partis du CDP, de ceux qui étaient rentrés dans l’inactivité à cause de nos divergences. Il veut que tous ces camarades se retrouvent pour que le parti retrouve son lustre d’antan. Voilà la teneur de la correspondance que nous avons reçue.

Y a-t-il un mot concernant Eddie Komboïgo ?

Non ! La lettre a été adressée à tous ceux qui ont participé à la rencontre de concertation d’Abidjan. Il s’agit des personnes- ressources en l’occurrence Mélégué Traoré, Soungalo Ouattara. Il s’agissait également de notre responsable de la commission nationale de contrôle et de vérification, Ahmed Yago et d’Alain Bedouma Yoda, plus les deux ailes. L’aile Eddie a été représentée par Eddie lui-même et Aboubacar Sanou, son premier vice-président. De notre côté nous avions le camarade Salifou Sawadogo, mon premier vice-président, et moi-même président par intérim. Nous avions à ce niveau reçu chacun la lettre en question intuitu personae et en tant que représentant de nos différentes entités.

Cette décision du président d’honneur suppose donc que le 8e congrès tenu en décembre 2021 n’a jamais eu lieu et donc les décisions qui en découlent n’ont pas d’effets ?

Il y a deux types de réalités. Le premier type de réalité est que le 8e congrès tenu par Eddie et son aile est déclaré  non valide. Le président d’honneur l’a dit dans sa lettre, il y a eu  des manquements graves aux dispositions statutaires. C’est ce que nous avons notifié à Eddie en son temps. Nous lui avons dit qu’il était en train de fouler au pied, les dispositions statutaires qui l’obligent à un certain nombre de comportements pour -organiser le congrès.

Lire aussi: Convocation 8e congrès CDP : Eddie Komboïgo répond à Blaise Compaoré

Deuxièmement la sanction prise contre le président Eddie, était justement liée à ces manquements graves de la part de notre président, à nos textes fondamentaux. Nous avons estimé qu’un président, c’est le premier militant qui doit respecter les textes et les faire respecter. Dans la mesure où il ne les a pas respectés et ne les a pas fait respecter, alors il était passible de sanctions. C’est pourquoi nous l’avons sanctionné le 17 décembre 2021 en le suspendant pour une période de 6 mois.

Lire aussi: CDP : « Achille Tapsoba sera sanctionné selon la décision du bureau exécutif »

La deuxième considération est que le congrès convoqué par Eddie Komboïgo est invalidé par le président d’honneur. Par conséquent on considère que le 8e congrès n’a pas eu lieu et c’est pour cela que le président Compaoré convoque le 8e congrès. Dans ce sens, cela veut dire qu’il le fera dans le respect des dispositions statutaires pour que nous puissions avoir un congrès qui soit adossé aux textes, qui ait non seulement une validité statutaire, mais également politique et légale. Quant aux sanctions qu’Eddie a prises contre nous lors de son congrès, dans la mesure où son congrès est invalidé, cela veut dire que les délibérations issues de son congrès sont nulles et de nuls effets. Par contre, nous avons renouvelé la sanction de monsieur Eddie en date du 14 juin dernier. Ce renouvellement est de 6 mois, parce que nous avons constaté que le président Eddie, non seulement n’a pas reconnu la sanction, mais n’a pas obtempéré au terme de la sanction et même a aggravé son cas en voulant agir comme président du parti, alors qu’il ne l’était plus. La sanction de 6 mois a été prononcée de nouveau contre le président Eddie. Nous avons envoyé ce dossier au président d’honneur et nous attendons sa validation. Nous attendons de voir si c’est validé ou pas. Nous aviserons à partir de ce moment.

Mais franchement avec cette décision du président d’honneur, ne court-on pas droit dans une interminable bataille judiciaire ?

La bataille judiciaire, nous la connaissons déjà puisque c’est de bataille judiciaire en bataille judiciaire qu’Eddie a géré le CDP. Vous vous rappelez que le CDP a vécu 26 ans, sans aucune difficulté. C’est quand Eddie a pris la présidence du parti que les batailles judiciaires ont commencé. C’est quand Eddie va laisser le parti que les batailles judiciaires vont s’arrêter certainement. Ici, nous ne présageons de rien, cela dépend de lui, s’il nous convoque quelque part nous irons parce que nous sommes sûrs de nos arguments. Nous sommes sûrs que nous avons raison, que nous avons la légalité et la régularité avec nous.

Interview réalisée par

Camille Baki

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page