Culture

 »Les anonymes » de Mutiganda Wa Nkunda : quand la pauvreté dans le couple tourne au drame

En 85 minutes, Mutiganda Wa Nkunda raconte  »Les anonymes », une histoire basée sur des faits réels. Celle-ci se déroule à Kigali, la capitale Rwandaise où un jeune couple peine à joindre les deux bouts. Leur vie difficile fait grandir la tension et le désespoir entre eux jusqu’à une fin tragique, l’épouse battue à mort par son conjoint. En compétition dans le cadre de la 27e édition du Fespaco, ce long métrage a été projeté dans l’après-midi du 20 octobre 2021 au Ciné Burkina de Ouagadougou et a séduit plus d’un spectateur.

En début de projection, la plupart des cinéphiles semblaient peu captivés par l’œuvre de Mutiganda Wa Nkunda. Mais à mesure que les minutes s’égrenaient, permettant probablement aux uns et aux autres de saisir le fil conducteur, une attention soutenue se lisait sur les visages.

Basée sur du vrai, l’histoire se déroule à Kigali, dans la capitale du Rwanda. Kathy, une jeune fille a été contrainte d’abandonner les études suite à une grossesse. Après l’accouchement, elle perd son bébé puis se retrouve dans un restaurant où elle travaille pour subvenir à ses besoins. Mais elle doit y faire le choix entre l’acceptation du harcèlement de certains clients et la démission. Cette dernière option a prévalu.

Le réalisateur, Mutiganda Wa Nkunda

Par le fait du hasard, Kathy retrouve Philbert, un ancien client au resto qui est en quête d’emploi. Les deux jeunes tombent amoureux l’un de l’autre, scellent par la suite une union informelle devant des amis. Leur union porte fruit avec la naissance d’un garçonnet.

Philbert a désormais une famille à entretenir mais ses revenus font défaut. Ses recherches d’emploi restent infructueuses jusqu’au jour où il est embauché par une société de gardiennage. Mais cet emploi ne lui permet pas de joindre les deux bouts d’autant plus qu’il cumule des arriérés de salaire. Il s’embourbe dans des prêts, n’arrive pas à honorer le loyer, peine à satisfaire à la demande en lait de son fils, Gandja.

De son côté, Kathy affiche une volonté de prêter main forte à son homme. La journée, elle se promène en ville pour vendre des vêtements de friperie. Mais cette vente à la criée interdite dans certains milieux, la marchandise est souvent saisie par la police. Kathy se résout finalement à abandonner son commerce et à s’occuper de son enfant.

Exaspéré par les difficultés financières et frappé par le désespoir, le couple sombre dans la violence.  Le déjeuner ou le dîner deviennent des séances de disputes sur fond d’injures. Le drame s’est produit le matin où, revenu du boulot, Philbert  est informé qu’une somme d’argent qu’il avait remis à son épouse pour le loyer à été utilisé pour acheter le lait de Gandjah. Le ton est monté entre les deux conjoints,  Philbert s’est saisi de sa matraque et à commis l’irréparable, devant le regard impuissant du nourrisson.

En portant cette histoire sur les écrans, le réalisateur rwandais met en lumière le quotidien d’une partie de la population d’un pays présenté comme l’une des meilleures croissances économiques du continent. Un quotidien fait de discriminations et violences qui conduisent souvent au drame.

Pour nombre de spectateurs, l’oeuvre est de belle facture pour un réalisateur autodidacte qu’est Mutiganda Wa Nkunda. En effet, ce dernier, avent d’être dévoré par la passion du 7e art, est au départ un agriculteur. En-dehors d’Anonymes, plusieurs autres oeuvres dont  »Le secret du bonheur » et  » L’enfant abandonné  » portent sa signature.

Bernard Kaboré

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